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Les villes à travers les documents anciens

Page de garde de La Bretagne de JJ Potel - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur

Le château d'Elven dans le Morbihan, vers 1840

 

Château d'Elven - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Les ruines du château d'Elven, gravure vers 1840 de Jérôme Jean Potel

 

Texte et gravure
extraits de l'ouvrage "La Bretagne de Jérôme Jean Potel - édition 1844

Après le château de Josselin, celui d’ELVEN est, sans contredit, la ruine féodale la plus intéressante du département du Morbihan. M. Keratry l’a choisi pour en faire le lieu de la scène d’un roman semi-historique; mais, par malheur, l’écrivain breton ne le connaissait pas bien, peut-être même ne l’avait-il jamais vu.

Les ruines du château d’Elven ne présentent rien de curieux dans leur ensemble. Ce sont des fortifications anciennes que chaque jour efface davantage, et que des tours flanquaient de distance en distance. Leur date est assez difficile à retrouver, car leur maçonne est sans caractère, et l’histoire du temps n’a consacré que quelques lignes à cette demeure, de laquelle Jean II écrivit, le 14 octobre 1409 , au roi d’Angleterre, pour l’assurer qu’il lui ferait hommage en qualité de Comte de Richemont.
Le donjon, plus curieux à lui seul que tout le reste du château, servait, disent les traditions du Moyen-âge, de prison d’état ; il est de forme octogone et non carrée, comme l'a écrit M. Keratry dans son Dernier des Beaumanoirs ; ses murs ont une épaisseur, à leur base, de 5 à 6 mètres, leur élévation est d’environ 35 à 40 mètres. Il renfermait une citerne, un four, une chapelle. Il était surmonté, dit-on, d’un moulin à vent, et pouvait ainsi fournir à toutes les exigences du confortable, réclamé par les grands, à l’époque de sa construction. La duchesse Anne le fit découvrir en 1490, époque à laquelle furent ruinées les autres fortifications de cette demeure princière, qui appartenait au maréchal de Rieux, qu’elle voulait ainsi punir de l’indigne conduite qu’il avait tenue à son égard.

Le donjon d’Elven renferme deux escaliers en pierre de taille, dont l’un est magnifique et généralement cité pour ses marches d’une seule pierre. Chaque escalier semblait correspondre à une partie spéciale de la tour, que divisait un mur de refend. Les fenêtres sont très-profondes par suite de l’épaisseur des murailles, et formeraient de petites chambres.
L’aspect de ce donjon ou grande tour d’Elven est d’un bel effet : ses assises en pierre de taille ne le cèdent à aucun de nos travaux modernes : elles sont liées entre elles par un mortier dans lequel on voit un bon nombre de petits coquillages. Le tout semble ne former qu’une seule masse et serait bien plus imposant, si le château d’Elven n’était situé dans un bas-fond.

La date de cet édifice n’est pas connue : il est de beaucoup postérieur au reste du château. L’on y remarque une confusion, un mélange peu gracieux du plein-cintre et de l’ogive, qui indique naturellement l’époque de transition, la prochaine apparition de ce que l’on est convenu d’appeler la Renaissance ; on y voit aussi très peu d’ornementations ; une seule cheminée que distingue un écusson chargé de six besants, disposés sur trois lignes, présente quelque grandeur dans la construction : les autres ne sont point des cheminées gothiques.

M. de Fréminville paraît disposé à croire que le château tout entier fut construit tel qu’il existe vers 1256, par Eudon de Malestroit ; il accepte, sans conteste, la tradition qui rapporte qu’Elven n’est que la copie d’un autre château fort emporté d’assaut en Palestine, par cet illustre seigneur, qui se trouvait alors à la suite de Saint-Louis. Il est certain, ajoute-t-il encore, que c’est des Orientaux que nous avons emprunté les tours à pans coupés et les parapets à mâchicoulis. Nous ne saurions cependant accepter, comme conséquence de cette dernière assertion, la haute antiquité accordée par quelques antiquaires au donjon d’Elven. L’observation de M. de Fréminville prouve seulement que le château d’Elven est postérieur aux Croisades.

On peut encore monter jusqu’au sommet de la tour, par le grand escalier qui recevrait quatre personnes de front ; arrivé au parapet, on peut en faire le tour et considérer de plus près les restes du moulin à vent qui le surmontait. C’est de ce point élevé que les Royalistes, en 93, faisaient des signaux, qui servaient avec ceux de Grand-Champ et de Sainte-Anne, à diriger la marche de leurs colonnes et à les éclairer sur les positions des Républicains.

Notre dessin représente le donjon dont nous venons de parler ; vue au moment du crépuscule et seule éclairée à peine, cette ruine revêt un caractère de grandeur que l’artiste s’est efforcé de traduire dans son œuvre.

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