Hennebon (ou Hennebont) dans le Morbihan vers 1840

Texte et gravure
extraits de l'ouvrage "La Bretagne de Jérôme Jean Potel - édition 1844

Hennebon est une petite ville située à l’embouchure du Blavet. — Elle sert de point de départ à ceux qui veulent visiter les bords de cette rivière, le chemin de hallage des canaux de Bretagne remonte aujourd’hui jusqu’à Gouarec, et facilite cette excursion intéressante dans laquelle, peintres, poètes, archéologues et naturalistes, trouvent de nombreux sujets d’étude. Il est même assez facile de remonter jusqu’à Lanrivain. C’est là que, presqu’au sortir de sa source, le Blavet arrose de ses eaux limpides le pied de roches granitiques, sous lesquelles il finit par se perdre pendant quelques instants ; il n’est point de contrée plus pittoresque et plus propre à faire oublier la fatigue par le charme du paysage.

Entre Gouarec et Hennebon, l’on trouve l’ancienne abbaye de Bon-Repos, qui offre un délicieux coup d’œil, quand on y arrive par les forges des Salles ; à côté, les grès réfractaires et la forêt de Quénécan ; puis les ardoisières de Mur et de Caurel. — l’ancien pont de Quénécan, composé d'énormes roches, on eût pu dire de dolmens posés sur des menhirs, a disparu pour faire place à un pont de notre époque plus commode et moins curieux. Jusqu’à Pontivy, la route est délicieuse sur les deux rives : Talhouet, Styval, Beauregard, Karmès, Lenneveau, le Porzo et beaucoup d’autres points méritent d’être vus.
Les cailloux roulés de Pontivy demandent aux géologues une explication : MM. Taslé ou Puillon-Boblaye nous la donneront quelque jour, en publiant une monographie géologique de la vallée du Blavet.

De simple bourgade, Hennebon, par sa position et par les circonstances, devint au moyen-âge une place de guerre assez importante.
La duchesse de Montfort s’y défendit courageusement, en 1342, contre son cousin Charles-de-Blois, auquel elle disputait le duché de Bretagne. Bertrand Duguesclin s’en emparait, en 1373, et passait au fil de l’épée toute la garnison, qui était anglaise. Le prince de Dombes, dans les guerres de la Ligue, en fit le siège en 1590, et y laissa une garnison que le duc de Mercœur força bientôt à capituler à son tour.
Les ruines des murs d’Hennebon n’offrent aucun intérêt. Celles du château ne sont curieuses que par les souvenirs historiques qui s’y rattachent : deux de ses tours subsistent encore et servent de prison. Parmi les maisons de la ville, plusieurs méritent d’être vues: leur style les reporte au XVe et au XVIe siècle pour la date de leur construction ; M. de Fréminville les croit plus anciennes, mais il faut remarquer que la Bretagne a toujours adopté difficilement, et quitté ensuite avec peine, les usages suivis dans les autres parties de la France.
L’église n’a de remarquable que l’extérieur, qui est d’une belle architecture, et son clocher, que surmonte une flèche en pierre à la fois élégante et hardie. Rien ne précise la date de ce monument dont les ogives indiquent cependant le XVIe siècle. Il n’a pas été terminé, et réclame aujourd’hui des réparations.
Hennebon possédait, avant la Révolution, la riche et fameuse abbaye de Notre-Dame-de-la-Joie ; mais elle a fait place à une forge, et les curieux qui veulent la visiter, n’y trouvent d’autre souvenir qu’un portrait d’Abbesse et un parloir décoré dans le goût du siècle dernier.

La ville d’Hennebon est voisine de Lorient, port de guerre de création presque récente, dont les habitants se distinguent par leur amour de l’étude et des beaux-arts.

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