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Les villes à travers les documents anciens

Page de garde de La Bretagne de JJ Potel - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur

Saint Jean du Doigt dans le Finistère vers 1840

 

Chapelle Saint Jean du Doigt - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Chapelle Saint Jean du Doigt, gravure vers 1840 de Jérôme Jean Potel

 

Texte et gravure
extraits de l'ouvrage "La Bretagne de Jérôme Jean Potel - édition 1844

Saint-Jean-du-Doigt est l'un des lieux de pèlerinage les plus fréquentés, On y vient de toute la Bretagne et même des départements voisins de cette province. La chapelle, objet de ces nombreuses visites, est située sur une plage délicieuse qui porte dans le pays le nom de Traoun Meriadec, au fond d’une petite anse, où la mer se trouve resserrée entre deux montagnes.

Cette chapelle, d’architecture gothique, a été bâtie sur l’emplacement d’une autre église dont il ne reste que le souvenir. C’est réellement un chef-d’œuvre de délicatesse et de bon goût. Sa voûte aérienne est supportée par des faisceaux de colonnes d’une grande légèreté; ses ogives sont très élancées. Le clocher ne dépare point l’église : sa flèche est couverte en plomb ; au-dessous, plusieurs rangées de galeries percées à jour et surmontées d’une balustrade dont les découpures forment un feston de dentelle, permettent à cette partie de l’édifice de s’élever avec grâce et sans pesanteur. On y reconnaît cet art avec lequel les architectes bretons ont toujours su dissimuler les masses.

Le duc Jean V en posa la première pierre, en 1440, avec une grande pompe, au milieu de courtisans et de prélats ; mais les travaux furent longtemps interrompus, faute d’argent ; en 1506, la reine Anne les fit reprendre et conduire à bonne fin, dans l’espace de sept années. La même princesse fit de très riches cadeaux à l’église, après un pèlerinage qu’elle accomplit à Saint-Jean-du-Doigt. On y voit encore le calice en vermeil dont elle fit présent. Ce calice a treize pouces de haut, sa coupe a cinq pouces six lignes de diamètre ; sur cette base sont exécutés, dit Cambry, des rameaux réunis par un ange ; la pomme est ornée de huit médaillons des apôtres en émail ; sur la patène, est un enfant Jésus près duquel la Vierge et Saint Joseph sont en adoration ; doux bergers attentifs, sous une arcade, contemplent cette scène. Ce joli morceau est exécuté en émail, sur un fond couleur lie de vin. On remarque un portrait en relief sur la patène, c’est probablement celui de l’un des maris de la reine.

On montre à Lann-Feslour le piédestal d’une croix sur lequel est imprimé le pied de la reine Anne ; c’est l’endroit où elle descendit de sa litière en venant à l’église. — Elle avait voulu d’abord se faire apporter le doigt de Saint Jean ; mais les brancards, disent les traditions, s’étaient brisés, et le doigt miraculeux était retourné de lui-même à sa place.

Fontaine de Saint Jean du Doigt - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Fontaine du cimetière de Saint Jean du Doigt,
gravure vers 1840 de Jérôme Jean Potel

La fontaine que l’on voit dans le cimetière, n’est pas moins intéressante que l’église : elle se compose d’une pyramide élancée, formée par trois bassins superposés, qu’une petite colonne soutient, au milieu d’un vaste réservoir, de la forme d’une coupe placée sur un socle. Ce monument est en pierre de Kersanton, ses figures sont en plomb, chaque bassin est décoré d’une rosace formée de têtes d’anges et de quelques autres ornements du meilleur goût, la statuette qui couronne le monument est celle du Père éternel. Les figures inférieures représentent le baptême de Jésus-Christ.
Cette fontaine est embellie par un jet d’eau qui produit un excellent effet, son style est celui de la Renaissance. La reine Anne, que le doigt de Saint Jean avait guérie d’une grave ophtalmie, l’avait fait construire à ses frais par un artiste italien, dont le nom n’est pas venu jusqu’à nous ; mais on sait que l’architecte de l’église se nommait M.-P. Chevalier.

La chapelle et la fontaine de Saint-Jean-du-Doigt sont dans la commune de Plougaznou : les archéologues et les artistes qui vont les visiter, étudieront avec intérêt, dans ce même voyage, l’église de Saint-Melair-de-Lanmeur ; elle est très-ancienne et appartient aux premiers jours du christianisme. Son église souterraine possède une fontaine, probablement c’était l’ancienne fontaine sacrée du pays ; la tradition rapporte, en effet, que Lanmeur se nommait autrefois Kerfuntun, ou Ville de la Fontaine. L’architecture du porche est du Xe siècle; celle de la crypte est antérieure ; cependant, nous ne croyons pas qu’elle soit celtique. A quelques centaines de pas, se trouve l’église de Kemitron, c’est-à-dire du village de Madame ta Vierge, qui appartient à l’architecture romane, et que nous considérons comme postérieure au Xe siècle; le chœur est gothique.

Cette partie du Finistère est l’une de celles où l’on a le plus cultivé la poésie : Cambry, Souvestre, Hersart-de-la-Villemarquet, ont publié, dans leurs ouvrages, des traductions intéressantes des chants populaires de cette localité.


« On brûlait le corps de Saint-Jean, à Samarie, par ordre de Julien l’Apostat: une pluie miraculeuse permet aux Chrétiens d’en dérober quelques reliques ; un de ses doigts fut envoyé par eux à Philippe-le-Juste, patriarche de Jérusalem. Tècle, vierge normande, le transporte dans sa patrie, fait bâtir une église dans laquelle elle le consacre à la vénération publique.
» Un jeune Breton, natif de Plougasnou, se passionne pour cette pièce merveilleuse, et forme le projet de l'enlever. Le doigt n’attend pas cette violence, et se place, entre cuir et chair, sous le poignet de son adorateur, sans qu’il se doutât de celte bonne fortune. Ce fut en 1437 que, miraculeusement entraîné vers sa patrie, il se met en marche. Dès la première journée, passant dans une petite ville, les cloches sonnent d'elles-mêmes, des arbres s'inclinent, toute la nature s’émeut et de respect et de plaisir. Il passe pour sorcier ; on le saisit, on l’enferme. Le lendemain, qui le croirait ? il s’éveille dans son pays, dans la commune de Plougasnou, près d’une fontaine qu’on nomme encore Feunteun ar Bis (fontaine du Doigt), L’amant de la reine de Golconde ne fut pas plus surpris, quand il reconnut, dans l’Inde, le site, le petit pont et l’aimable laitière, premier objet de son amour. Tout s’émeut dans Plougasnou ; la chapelle de Saint-Mériadec s’ouvre; la terre tressaille d’allégresse et se couvre de leurs nouvelles.
» A peine notre Breton était-il à genoux, que le doigt du Saint se dégage et va se placer sur l'autel. Il reconnaît l’objet de son adoration ; les cierges s’allument, le peuple se prosterne. Le duc Jean, qui résidait à Vannes, accourt à celte nouvelle ; il arrête d’élever une église à son patron. Que de miracles ! les morts ressuscitent, les sourds entendent, les aveugles voient. Les offrandes des fidèles facilitent la construction du nouveau temple.
En 1489, quand Henry VII envoya des secours à la duchesse Anne, contre Charles VIII, roi de France, sous les ordres du général Richard Eggecimille, ses vaisseaux enlevèrent le doigt de Saint-Jean. Arrivés au port d’Hampton, ils firent prévenir le Clergé du riche trésor qu’ils apportaient. Quelle fut la surprise générale ! la boîte se trouva vide ; la sainte relique avait repris le chemin de son ancien domicile. »

Cambry , Voyage dans le Finistère.

 




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