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Les villes à travers les documents anciens

 

Le Guatemala au début du 19ème siècle

(ou Guatimala, dans les anciens dictionnaires)

 

La ville de Guatemala vers 1830 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Grande place de l'ancienne Guatimala in 'l'Univers pittoresque' de 1837 Cette illustration peut être transférée, sur demande, en haute définition - pour voir les détails Vers la vue agrandissable par zoom


 

Début de l'article signé Larenaudière extrait l'ouvrage "L'Univers pittoresque" - édition de 1837.
L'ouvrage est orné de nombreuses gravures sur les temples du 'Guatimala',
dont toutes, sauf celle ci-dessus, concerne le Mexique ou le Honduras.

 

Le Guatemala est resserré entre deux océans, au centre des deux Amériques, pays de plaines, de lacs, de forêts, de volcans et de ruines d’une civilisation dont l’origine est une énigme.

Les historiens ne sont point d’accord sur l'étymologie du nom de Guatemala. Les uns, comme Domingo Juarros, la trouvent dans le mot quauhtemali, qui en langue mexicaine signifie un tronc d’arbre abattu, et ils expliquent le choix de cette dénomination en disant que les Indiens qui accompagnaient Alvarado, le conquérant du pays, aperçurent, près du palais du roi des Kachiquels, un vieux tronc d’arbre dévoré par les fourmis.
D’autres font dériver ce nom du mot uhatezmalha, qui désigne, dans le dialecte tzendale, une montagne d’où jaillissent des sources, allusion évidente à la montagne au pied de laquelle est bâtie Guatemala l’antigua. Cette dernière origine nous paraît la plus vraisemblable. Quant à la première, elle est inadmissible, d’abord parce que le nom du royaume est certainement plus ancien que la conquête, ensuite parce que Alvarado n’aurait pas laissé aux Mexicains qui l’accompagnaient le soin de baptiser la contrée dont il venait de prendre possession.
Nous avons encore le choix entre eux étymologies : l’historien Francisco de Fuentes se décide pour le mot coctecmalan, qui signifie bois laiteux, et qui s’applique à une espèce d’arbre qu’on ne trouve que sur l'emplacement supposé de la première capitale, c’est-à-dire, à l’endroit où l’on voit aujourd’hui le village de Tzacualpa. Enfin, Juarros, déjà cité, avance que Guatemala pourrait bien être une corruption du nom de Juitemal, premier roi de ce pays, de même que le royaume de Quiche prit le nom de son premier maître, Nimaquiché ; mais d’abord, l'existence du roi Juitemal n’est pas suffisamment prouvée ; en second lieu, il est fort possible que les noms du pays aient été, au contraire, donnés aux souverains. Nous nous en tenons donc au mot Uhatezmalha, qui, de toute façon, nous paraît le plus admissible.

La situation de cette grande contrée est admirable. Baignée à l’est et au couchant par l’Atlantique et le grand Océan, elle doit un jour servir de passage à l’Europe pour arriver promptement au milieu des archipels de l’Océanie et sur les côtés orientales de l’Asie, et c’est alors que le mouvement commercial dont elle sera le centre, commencera pour elle une ère de prospérité.
D’une étendue plus vaste que le Pérou et le Chili, le Guatemala, par son heureuse position, est plus qu’aucun d’eux un pays d’avenir ; et quand viendront pour lui les jours de paix intérieure et la bonne fortune d’un gouvernement stable ; quand la toute-puissance des lois y aura remplacé le despotisme du sabre, les Européens, séduits par la fertilité de son sol, la variété de son climat et de ses produits, s’empresseront d’y fonder des colonies agricoles et de mettre en œuvre les nombreux éléments de richesse qui n’attendent, pour se développer, que les bras de l’homme intelligent et la sécurité de tous les intérêts matériels.
Les limites de la république guatémaltèque ne sont pas aussi faciles à déterminer qu’on le croirait, en jetant les yeux sur la carte de ces régions. A l’est, le pays des Mosquitos, enclavé dans le territoire de la république, est réclamé par la Colombie ; au nord et au nord-ouest, les provinces de Chiapas et de Soconuzco sont revendiquées par le gouvernement de Mexico. Toutefois, et bien que ces contestations soient loin de toucher à leur terme, nous adopterons la délimitation indiquée provisoirement par les voyageurs et les géographes : nous le bornerons au nord par l’état mexicain de Chiapas, le Yucatan et la mer des Antilles ; à l’est par cette mer et le département colombien de l’Isthme ; au sud par l’océan Pacifique ; à l’ouest par ce même océan et les provinces mexicaines d’Oaxaca et Chiapas.

Le territoire de la confédération centrale n’a pas moins de 360 lieues de longueur et 130 dans sa plus grande largeur ; ses côtes ont une étendue d’environ 500 lieues. Les nombreuses îles qui avoisinent son littoral, dans la mer des Antilles, lui appartiennent
Une chaîne de montagnes hérissée de volcans traverse le Guatemala dans toute sa longueur ; elle unit la Cordillère  de l'hémisphère austral à celle qui s’étend dans le Mexique, pour aller se joindre aux Montagnes Rocheuses. De ses flancs sortent un grand nombre de rivières qui se jettent les unes dans la mer des Antilles, les autres dans le grand Océan. Dans la première catégorie il faut compter le Sumasinta, le Rio-Grande, le Motagua, l’Ulua, le Yare, le Nueva-Segovia ou Blewfield, le San Juan, dont le cours est de plus de quarante lieues, et qui sort du lac de Nicaragua ; dans la seconde catégorie, on ne pourrait citer que des cours d’eau sans importance ; nous mentionnerons cependant le Guacalat, parce qu’il baigne les murs de Guatemala-la-Vieja, et la Tosta, parce qu’elle peut servir de base à un projet de communication entre les deux mers, ainsi qu’on le verra plus loin.

Avant de continuer cet aperçu géographique, et pour aider à l'intelligence des détails qui vont suivre, nous croyons devoir indiquer la division politique du Guatemala.
Cette division a varié suivant les circonstances qui ont changé la face de ce pays. Dans le dix-septième siècle ou comptait jusqu’à trente-deux provinces, dont quatre étaient désignées sous le nom de gouvernements, savoir, Comayagua, Nicaragua, Costa-Rica et Soconusco ; neuf étaient des alcadias mayor, savoir : San Salvador, Ciudad Real, Teguzgalpa, Zonzonate, Vera-Paz, Suchiltepec, Nicoya, Amatique et San Andres de Zaragoza ; dix-huit étaient des corregimientos, et leurs corregidors étaient nommés par l'audiencia. Vers l’an 1660, la population de Costa Rica ayant considérablement diminué, on annexa à cette province quatre corregimientos ; quatre autres furent partagées entre les gouvernements de Comayagua et de Nicaragua. Au commencement du dix-huitième siècle, les alcadias mayor d’Amatique et de San Andrés furent supprimées, et on en créa de nouvelles. Ainsi, et peu à peu, les trente-deux provinces furent réduites à quinze. A cette époque, le Guatemala formait une grande division administrative de l’Amérique espagnole, sous le titre de Capitainerie générale de Guatemala. Incorporé en 1821 au Mexique, il s'en sépara trois ans après. Aujourd’hui cette république se compose d’un district fédéral et de cinq états, subdivisés chacun en partidos ou départements. Le district fédéral se compose de Nueva-Guatemala et de ses environs immédiats ; les cinq états sont : Guatemala, San Salvador, Honduras, Nicaragua et Costa Rica.
On évalue à un peu plus de 2,000,000 d’âmes la population du Guatemala tout entier. Il est fort difficile, pour ne pas dire impossible, de déterminer la proportion des races dans ce chiffre de 2,000,000 ; en effet, le sang est tellement mêlé dans toute l’Amérique espagnole, qu’il serait téméraire de se prononcer sur une classification absolue. Un voyageur anglais cite, à ce propos, un tableau, que nous croyons devoir reproduire pour donner une idée du croisement des races en Amérique. Ce tableau est spécial au Mexique, mais, sauf quelques changements de noms, il peut s’appliquer au Guatemala. On remarquera qu’il existe jusqu’à quinze castes, indépendamment des blancs proprement dits.

  • Mestisa (métis), né d’un Espagnol et d’une Indienne.
  • Castisa, d’une femme métis et d’un Espagnol.
  • Espanola, d’un castiso et d’une Espagnole.
  • Mulâtre, d’une Espagnole et d’un nègre.
  • Morisque, d’une mulâtresse et d’un Espagnol.
  • Albina, d’un morisque et d’une Espagnole.
  • Tornatras, d’un albino et d’une Espagnole.
  • Tentinelaire, d’un tornatras et d’une Espagnole.
  • Lovo, d’une Indienne et d’un nègre.
  • Caribujo, d’une Indienne et d’un lovo.
  • Barsino, d’un Coyote et d’une mulâtresse.
  • Grifo, d’une négresse et d’un lovo.
  • Albarazadoy d’un Coyote et d’une Indienne.
  • Chanisa, d’une femme métis et d’un Indien.
  • Mechino, d’une lova et d’un Coyote.

Cette curieuse division prouve combien il est difficile de trouver dans toute cette partie de l’Amérique un type original, et à quels mécomptes on s’expose en étudiant l'homme américain, si tant est même que l'homme américain proprement dit ait jamais existé. C’est à peine si l’on peut croire à la pureté des races qui vivent dans les forêts vierges du Pérou et dans les parties les plus inaccessibles de l’Araucanie, car rien ne garantit que le sang européen ou africain ne se soit mêlé autrefois à celui de ces peuples sauvages et n’ait altéré le type primitif. Les études anthropologiques sont donc, en Amérique, purement relatives, et l'on ne doit rien conclure en cette matière, que sous toute réserve.
Toutefois, et malgré le mélange des types, certaines peuplades ont toujours vécu dans un isolement à peu près complet et conservé l’originalité de leurs mœurs. Tels sont, entre autres, dans le Guatemala, les Changuènes, nation guerrière, et qui, par sa férocité bien connue, est la terreur de l’état de Costa-Rica, dont elle occupe l’extrémité orientale ; tels sont aussi les Mosquitos, qui habitent une partie du littoral de l’Etat de Honduras. Ce nom de Mosquitos vient de la quantité innombrable de mosquites ou moustiques qui tourmentent ici les Indiens et les obligent, pour se soustraire à leurs piqûres, de passer plusieurs mois de l’année en bateau sur les rivières. Ces indigènes n’ont jamais voulu accepter la civilisation, et ils ont toujours professé pour les Espagnols une haine et un mépris que rien n’a pu affaiblir. Ils sont gouvernés par une espèce d’aristocratie ; on ne sait rien de leurs idées religieuses, mais, si l’on en croit les anciens voyageurs, ils divisaient l’année en 18 mois de 20 jours, et ils appelaient les mois ioalar, c’est-à-dire, chose mobile.
Les Anglais, profitant de l’éloignement de ce peuple pour les Espagnols, cherchèrent à fonder une colonie dans le territoire qu’il occupe. Le duc d’Albemarle, gouverneur de la Jamaïque, prit sur lui de nommer un des Indiens chef des Mosquitos, sous la protection de la Grande-Bretagne. Mais le traité de 1786 obligea les usurpateurs à abandonner le pays dans lequel ils s’étaient déjà établis, la couronne d’Espagne s’engageant, en retour, à ne point punir les Mosquitos de leur préférence pour les Anglais.

Les Zambos et les Poyais sont les voisins des Mosquitos. C’est sur le territoire de ces deux tribus que le général anglais Mac-Grégor, après s’être emparé, en 1819, de l'île de Roatan, et avoir obtenu du cacique des Poyais la cession d’un terrain assez, considérable, essaya de fonder un état dont il se proclama spontanément le chef. Il se décerna le titre de roi, et vit bientôt des aventuriers, séduits par ses brillantes promesses, accourir autour de lui pour partager sa fortune. Il fit plus : pour subvenir aux frais de l’établissement, il eut l’idée d’émettre un emprunt public sous le nom d'emprunt royal poyais. Pour comble de bizarrerie, il se trouva des spéculateurs qui confièrent leurs fonds au souverain improvisé de la Nouvelle-Neustrie, car c’est ainsi que Mac-Grégor avait baptisé son royaume. Mais aucun gouvernement européen ne consentit à reconnaître la nouvelle majesté ; ses sujets de race anglaise furent mal reçus par ses sujets indigènes ; enfin, le gouvernement colombien protesta en 1825 contre l’occupation du territoire dont il s’était sans façon arrogé la propriété. La chute fut lourde ; et on n’aurait fait qu’en rire, si des gens trop confiants n’avaient englouti leur fortune dans cette ridicule et chimérique entreprise. Aujourd’hui le royaume des Poyais ne figure plus sur les cartes que comme une curiosité historique et géographique. On le signale à l’endroit où le Tinto, ou rivière noire, se décharge dans l’Atlantique, près du cap Camaron, car c’est là que Mac-Grégor avait placé le théâtre de sa puissance.
Nous ne quitterons pas le chapitre de la population sans consigner un fait de statistique assez singulier : le Guatemala est le pays le plus peuplé, relativement, de toute l’Amérique espagnole. Cette vérité ressort du tableau suivant :

 

LIEUES
géographiques carrées.

POPULATION
absolue.

HABITANTS
par lieue carrée.

Mexique............................

75,830 6,800,000 89

Guatemala.......................

16,740

2,000,000

119

Venezuela........................

33,700

900,000

29

Nouvelle-Grenade...........

58,25o

1,800,000

Pérou...............................

I2,l5o

1,400,000

115

Chili.................................

14,240

1,100,000

77

Buenos-Aires...................

126,770

2,000,000

15

 

Ces chiffres ont été relevés il y a une dizaine d’années (+- 1830) ; mais des documents plus récents nous ont prouvé que si les populations ont augmenté, le rapport est resté le même.
La différence en faveur du Guatemala est d’autant plus remarquable, que ce pays offre de vastes espaces à peu près inhabités, que son climat est, en moyenne, moins salubre que celui des contrées voisines, et que ses nombreux volcans éloignent de certains endroits toute population sédentaire. Nous ne trouvons à ce fait qu’une seule explication : par suite de sa situation géographique, le Guatemala, comme les provinces mexicaines baignées par l’océan Atlantique, fut longtemps le point le plus fréquenté par les Espagnols qui venaient courir les aventures dans le nouveau monde. Les émigrants qui débarquaient sur la côte de Honduras s’arrêtaient de préférence dans le territoire environnant, dont les richesses minérales tentaient leur cupidité. Le Guatemala étant le chemin du Mexique et de la Colombie, on s’y fixait plutôt que d’aller chercher fortune au loin. Ainsi se forma ce noyau de population, qui devait toujours conserver sa supériorité relative sur la population des autres possessions espagnoles.

Les productions végétales du Guatemala sont remarquables par leur variété. Les fruits d’Europe se trouvent ici à côté de ceux des tropiques ; la végétation emprunte aux deux mondes toutes leurs richesses et leurs magnificences. Parmi les produits qui sont un objet de commerce, on peut citer le blé, le maïs qui rend jusqu’à 300 pour 1, l’indigo dont la qualité passe pour être supérieure, le rocou, la vigne qui, naturalisée depuis peu de temps, donne déjà d’excellent vin, la salsepareille, le cacao, plusieurs baumes et résines, la cochenille dont la culture a pris, depuis quelques années, une extension considérable, le tabac, le bois d’acajou et d’autres bois recherchés en Europe, le poivre, le julep, le sang-de-dragon, la vanille, le coton, le sucre, le safran, etc., etc.

Le règne animal n’est pas moins riche. Il offre, suivant les historiens et les voyageurs, des espèces que les naturalistes n’ont pas encore décrites. Les forêts de la Vera-Paz sont peuplées d’animaux sauvages, parmi lesquels on remarque le tapir ou danta, ont la peau sert à faire des boucliers impénétrables. On fait un commerce important en bestiaux et en peaux. Les ophidiens sont en très grand nombre, surtout dans certaines localités ; toutefois nous ne comprenons pas parmi les espèces authentiques le serpent à deux têtes dont parle le crédule Juarros, animal extraordinaire, qui, selon le naïf historien, se meut en avant ou en arrière, suivant le besoin de sa défense, et se sert avec une égale facilité des deux gueules que la nature a placées aux deux extrémités de son corps.

Quant aux productions minérales du Guatemala, elles peuvent soutenir la comparaison avec celles du pays le mieux partagé sous ce rapport. Outre l’alun, le soufre et d’autres substances qui alimentent les exportations commerciales, il y a d’abondantes mines d’or et d’argent. Il en existe, dans la province de Chiquimula, notamment celles d’Alotopèque et de Saint-Pantaléon, qui ont été autrefois exploitées avec grands profits ; la dernière est malheureusement inondée. Le même filon fournit de l’or aux mines de Santa Rosalia, de Montenita, et de San Antonio Abad, qui, débarrassées des terres qui les encombrent, donneraient encore de grandes quantités de métal. Le district de Comayagua possède aussi des terrains aurifères. Dans l’état de Costa-Rica, outre des mines d’argent et d’or, on trouve du cuivre en abondance. Enfin, le territoire de Honduras renferme des métaux qui pourraient à eux seuls, s’ils étaient soumis à une exploitation active, enrichir un grand Etat.
C’est cette profusion de minéraux précieux qui séduisit tout d’abord les Espagnols dans le Guatemala. Les magnifiques présents que leur firent les caciques vaincus, et les abondantes récoltes qui suivirent leurs premières explorations dans les terrains métallifères, leur firent croire que le pays n’était qu’une vaste mine, et que les volcans eux-mêmes vomissaient de l’or fondu. La cupidité des conquérants, ainsi éveillée, causa aux peuples soumis tous les maux qu’une tyrannie impitoyable peut infliger à des sujets sans défense.

 

VILLES PRINCIPALES DU GUATEMALA.

Nous n’avons pas encore parlé des principales villes du Guatemala ; cependant elles méritent d’autant plus d'être mentionnées dans ce travail, que la plupart ont un passé historique plein de faits curieux ou importants.

Guatemala est la quatrième ville de ce nom. La première, qui s’appelait Tecpanguatemala, était la résidence des rois kachiquels. Elle fut si complètement détruite, que les historiens espagnols n’ont pu reconnaître la place qu’elle occupait.
La seconde fut fondée en 1524, par Alvarado, entre deux volcans, dont l’un vomissait des flammes, et l’autre des torrents d’eau. Ce ne fut d’abord qu’un établissement provisoire ; mais les habitants ne trouvant pas dans le voisinage un emplacement plus convenable, résolurent de se fixer sur le terrain primitivement choisi ; seulement ils appuyèrent un peu plus à l’est, et se rapprochèrent du volcan de Agua, situation ravissante, où l’on trouvait un sol fertile, une température douce, un air salubre, et une terre arrosée par des eaux limpides. Ce fut là que, le 22 novembre 1527, Alvarado fonda définitivement la capitale, qui bientôt après fut peuplée par les dominicains, les franciscains, les frères de la Merci, les ermites mendiants, ceux de la vraie croix, et toute leur innombrable famille. Avec une telle population, la ville ne s’étendit que fort lentement. Cependant elle commençait à acquérir une certaine importance, lorsque, le 11 septembre 1541, elle fut détruite de fond en comble par une catastrophe effroyable. II avait plu continuellement pendant trois jours. Durant la nuit du 10 au 11, une trombe d’eau, accompagnée de tonnerre et de secousses de tremblement de terre, tomba sur la ville à deux heures du matin. Les habitants, réveillés par les bruits souterrains et la violence du vent, crurent que leur dernière heure était arrivée. Bientôt après, un immense torrent, échappé du sommet de la montagne voisine, se précipita avec fureur sur la ville, entraînant des arbres gigantesques et d’énormes rochers. La plupart des maisons furent renversées, et un grand nombre de malheureux trouvèrent la mort sous leurs débris, ou se noyèrent dans les flots qui les couvraient.

La Ciudad Vieja, nom de la deuxième Guatemala, n’existant plus, il fallut songer à bâtir une nouvelle capitale.
Cette troisième Guatemala (Guatemala antigua) s’éleva à environ une lieue nord-est de la première, dans une vallée agréable, entourée de bois, de prairies, de collines toujours vertes, et jouissant d’une température délicieuse. Ses premiers habitants furent des religieux de tous les ordres, qui bâtirent de belles églises et de vastes couvents. Le monastère des Jacobins passait pour le plus riche ; entre autres choses précieuses, on y voyait, au dire d’un missionnaire anglais, une monstrueuse lampe d’argent que trois hommes vigoureux pouvaient à peine soulever, et une statue de la Vierge en argent massif, de grandeur naturelle, autour de laquelle brûlaient constamment douze lampes de même métal. La ville, placée trop près des deux volcans dont nous avons parlé, eut souvent à souffrir de ce dangereux voisinage ; les années 1505, 1577, 1586, 1607, 1651, 1663, 1689, 1717, 1751 et 1773, marquent les tremblements de terre et les éruptions les plus mémorables qui menacèrent ou endommagèrent cette capitale ; la catastrophe de 1773 la détruisit en partie. Néanmoins, plusieurs milliers d’habitants s’obstinèrent à y résider. Les autres résolurent, ainsi que le gouvernement, de s’éloigner assez des volcans pour n’avoir plus à craindre leurs ravages. Ils firent choix de la vallée où, en 1776, s’éleva la Nouvelle Guatemala {Guatemala la nueva). Aujourd’hui même, Guatemala l’antique compte dix-huit mille habitants, qui, malgré les périls dont ils sont incessamment menacés, ne paraissent pas disposés à quitter ce lieu de destruction ; aussi les appelle-t-on dans le pays les incorrigibles. Parmi les édifices les plus remarquables que l’éruption de 1773 a épargnés, on cite la cathédrale qui renferme les restes mortels d’Alvarado, et qui passe pour un des temples les plus grands de toute l’Amérique.

La nouvelle Guatemala est la capitale de la république ; elle est bâtie dans une plaine de cinq lieues de diamètre, arrosée par plusieurs cours d’eau et par des lacs d’une assez grande étendue. Le ciel y est pur, et le climat si tempéré, que, pendant toute l’année, on peut, dit-on, y porter indifféremment des vêtements de laine ou de soie. Les maisons sont basses, à cause des tremblements de terre, mais jolies à l’extérieur et entourées de jardins. La population dépasse quarante mille âmes. Le palais du congrès fédéral et celui du sénat sont les établissements les plus importants de cette capitale ; ces deux édifices séparés sont construits sur l’emplacement de l’ancienne université. La ville est située à neuf lieues espagnoles de Guatemala l'antigua, à quatre-vingt-dix de l’océan Atlantique, à vingt-six de la mer du Sud, et à quatre cents de Mexico.
Dans l’état de Guatemala proprement dit, nous citerons encore Mixco, remarquable par les ruines de l’ancienne forteresse du même nom, construite par les Kachiquels, et prise, malgré sa position presque inexpugnable, pas les troupes espagnoles.

Quiché, près de laquelle sont les ruines d’Utatlan, cette magnifique capitale des rois quiches.
Quezaltenango-del-Espiritu-Santo, la première ville fondée par les conquérants, après une victoire éclatante d’Alvarado sur les indigènes.
Totonican, importante par sa population et son industrie.
Soconusco, chef-lieu de l’ancienne province guatémaltèque qui reconnut la première l’autorité des Espagnols, de tout temps célébré par son volcan et l’excellent cacao récolté dans ses environs.
Chiquimula, dans le voisinage de laquelle existent d’abondantes mines de métaux précieux, et que la tradition populaire représente comme ayant été jadis habitée par une race d’hommes gigantesque.
Goban, importante par sa population ;
Acasaguastlan, Gualan, Santa-Cruz et Itzaval, par leur commerce.

Petén ou Remedios, intéressante sous le rapport archéologique et historique. Le lac Itza, dans lequel est située l’île de Petén, était autrefois le centre de la nation itza, qui, cent ans avant l’arrivée des Espagnols, avait quitté l’antique Itzalane, située à quelques lieues de Mérida. Don Martin Ursua, qui s’empara de l’île principale en 1697, y trouva vingt temples consacrés au culte des idoles. Un de ces temples, ou cuès, était composé d’un massif de maçonnerie quadrangulaire, divisé en neuf marches ou assises. Sur la neuvième assise était placée une idole creuse, en métal et de forme humaine ; à côté, il y en avait une autre faite d’une énorme émeraude, et représentant le dieu de la guerre des Itzas. Une troisième idole, qui frappa l’attention des vainqueurs, n’était autre chose qu’un masque plat, représentant le soleil ; les rayons étaient figurés par des tablettes de nacre ; la bouche était ouverte et garnie de dents véritables, qui avaient appartenu à de malheureux Espagnols égorgés par ces barbares. Sur la plate-forme, on voyait une quantité d’idoles plus horribles les unes que les autres, et faites de matières différentes, telles que jaspe, porphyre, bois, plâtre, pierres de couleur, etc. Dans le sanctuaire de ce temple, on trouva des os renfermés dans un sac suspendu par des cordons. On demanda aux indigènes à qui avaient appartenu ces ossements, et ils répondirent que c’étaient ceux du tzimin de Cortez. En effet, quand Fernand Cortez, après avoir reçu le serment d’obéissance des Itzas de Petén, voulut retourner à Mexico, il laissa son cheval malade aux soins du canek ou chef de la nation. Le cheval mourut quelque temps après, et les Indiens, craignant que le redoutable capitaine ne les punît comme coupables de ce malheur, vouèrent un culte aux restes du pauvre animal, qui fut dès lors vénéré sous le nom de tzimin, par allusion au tapir, pour lequel les indigènes de ces contrées ont toujours eu un respect mêlé de terreur.
Un autre temple fut désigné à Don Ursua comme étant le téocali du canek et de ses ancêtres. On y trouva une grande pierre carrée qui servait aux sacrifices. Les douze sièges destinés aux sacrificateurs étaient rangés autour. Derrière, on remarquait un grand nombre d’idoles.
Sur le temple augurai du grand prêtre, il n’y avait qu’une idole de forme effrayante ; cette grossière image était consultée par le pontife dans les circonstances critiques. Il paraît, dit un voyageur, que, lorsque le dieu ne répondait pas dans le sens désiré, l’interrogateur le châtiait à coups de bâton, ce qui eut lieu le jour de la prise de l’île par les Espagnols.

Les autres cuès étaient à l’usage du public. On n’y faisait point de sacrifices ; on y brûlait seulement du copal en l’honneur de l’immense quantité d’idoles de toutes les formes et de toutes les grandeurs qui y étaient réunies. Pour donner une idée du nombre de ces hideuses figures, il suffira de dire que les officiers et soldats espagnols furent occupés depuis neuf heures du matin jusqu’à cinq de l’après-midi à les détruire.

Le mode de sacrifice usité chez les Indiens de Petén était semblable à celui des anciens Mexicains : on ouvrait l’estomac de la victime, on lui arrachait le cœur, on le présentait à l’idole, puis on dévorait le cadavre rôti ou bouilli. Il paraît, au surplus, que ces Indiens n’ont pas toujours mangé le corps des suppliciés ; à une certaine époque, ils avaient coutume de tuer les patients à coups de flèches. « Il n’est pas prouvé, dit M. de Waldeck, qu’ils aient mangé leurs prisonniers avant la conquête ; ce n’est qu’après le commencement de la lutte que le désespoir et une horrible soif de vengeance leur en inspirèrent la pensée. » Cela n’empêche pas que les Itzas ne fussent le peuple le plus cruel et le plus sanguinaire de ces contrées.

 

Courte histoire de Guatemala,
extrait des Voyages autour du Monde du capitaine Gabriel Lafond de Lurcy, éd. 1843

L’ancienne présidence de Guatemala faisait partie de la vice-royauté du Mexique ; elle fut agrégée à la confédération mexicaine en 1822 ; mais elle s’en détacha en 1823, après la déchéance d’Iturbide, et se constitua, le 22 novembre 1824, en république fédérative sous le nom de république du Centre-Amérique. Cinq états composèrent la nouvelle république : Guatemala, Honduras, San-Salvador, Nicaragua et Costa-Rica.

Guatemala, capitale de l’état le plus habile et le plus puissant, fut le siège du gouvernement central et celui du congrès chargé de discuter les intérêts généraux du pays.
La plus parfaite harmonie régna entre le gouvernement et les particuliers ; les uns et les autres luttèrent de générosité, sacrifièrent leurs intérêts privés aux intérêts communs, et la nouvelle république fut organisée sous les auspices les plus heureux. L’ambition amena bientôt le trouble et le désordre. Les nobles, et avec eux les prêtres et les moines, regrettèrent leurs privilèges perdus, et demandèrent la centralisation dans le but de les reconquérir, du moins en partie. Les plébéiens soutinrent vigoureusement le principe de la fédération, pour conserver la part qu’ils prenaient aux affaires publiques. La lutte des deux partis dégénéra, de 1826 à 1829, en une guerre civile, sanglante et souvent atroce. Les fédéralistes l’emportèrent, et le pouvoir parvint enfin à se consolider sous le commandement d’un chef unique, plein de bravoure, mais dépourvu de ce courage civique si nécessaire aux hommes qui vivent au milieu des révolutions et qui veulent les diriger. Morazan, né d’un père corse, dans l’état de Honduras, fut pendant quelque temps secrétaire de la municipalité de Tegucigalpa. Entreprenant, actif, ardent comme tous les hommes du pays de ses pères, il ne craignit pas d’aspirer au pouvoir et pensa qu’un peu de sagesse et de fermeté lui suffirait pour le conserver. Il se fit de nombreux partisans dans l’armée et dans les classes moyennes, s’entoura de quelques étrangers habiles et expérimentés, et s’attacha surtout à suivre les conseils d’un officier français, le colonel Raoul, son chef d’état-major. En 1829, après une grande victoire remportée sur les centralistes, il marcha sur Guatemala, et s’empara, sans coup férir, du commandement général de la république.
Devenu président, Morazan fut obligé, pour se maintenir au pouvoir, de s’appuyer sur le parti qui se disait libéral, et d’employer tout son temps à combattre ses ennemis ou à déjouer leurs entreprises. Absorbé par le besoin de veiller sans cesse à ses intérêts personnels, il dut négliger les intérêts les plus chers du pays, et le parti de la noblesse put lui reprocher avec raison d’avoir laissé dans l’abandon les routes et les canaux, de n’avoir pas cherché à développer l’industrie, à ouvrir de nouvelles voies au commerce, à répandre les bienfaits de l’instruction, et à doter la république des institutions civiles et sociales qui peuvent seules en assurer la prospérité.

En 1837, le choléra fit de très-grands ravages dans la population indienne du Guatemala ; le peuple exaspéré ne savait à qui attribuer les maux qu’il souffrait, et son esprit incertain, chancelant, était une proie offerte à tous les intrigants, qui ne manquèrent pas d’entretenir et même de fomenter, par leurs sourdes menées, le mécontentement général.
Un jeune métis, nommé Raphaël Carrera, issu de la plus basse extraction, tambour dans les troupes fédérales, puis gardien de pourceaux, mais homme d’action et d’énergie, avait fixé les regards de quelques prêtres. Poussé secrètement par eux, et encouragé par sa propre ambition et par la défaveur qui s’attachait au gouvernement, il parvint à former une petite bande qui infestait, par ses brigandages, les environs de Guatemala. Son courage à toute épreuve, seul moyen qu’il eût d’en inspirer au peuple, augmenta sa troupe de tous les mécontents. Les prêtres le secondèrent alors plus ostensiblement, lui donnèrent des conseils, et il prit le titre de protecteur de la religion et des droits du peuple.
Ceux qui tenaient le pouvoir avaient détruit les couvents, dispersé les moines et confisqué leurs biens ; celui qui l’ambitionnait protégea le clergé, et, grâce à son influence, acquit de nombreux adhérents dans le parti appelé servile, et composé, comme on le sait, de toute la noblesse et des plus riches propriétaires. Carrera battit plusieurs fois les troupes fédérales ; son importance grandit et se développa rapidement ; la division se mit dans les rangs de ses ennemis, chacun d’eux voulut se gouverner et même imposer ses volontés aux autres, et Morazan, abandonné de tous, fut contraint de se démettre du commandement et de le laisser dans les mains de son heureux adversaire, à peine âgé de vingt-trois ans.
Les nobles, et parmi eux MM. Aycinena, Batres Pavon, etc., craignant de se déclarer avant d’avoir la certitude du succès, n’avaient voulu se servir du jeune métis que pour l’opposer â Morazan ; mais Carrera ne se contenta pas d’être leur instrument. S’il n’a pas pris le titre de président ou de gouverneur, il s’est donné le commandement général des forces de l’état de Guatemala, et il fait plier, sous sa volonté de fer, tous ceux qui avaient prétendu gouverner sous son nom.

Si l’éducation et l’expérience des hommes et des choses avaient façonné son esprit, si elles lui avaient fait comprendre la dignité du commandement, les besoins d’un état, et si elles lui avaient fait apprécier les institutions propres à rendre un peuple puissant et heureux, ce serait un homme remarquable. Il l’est du reste par son courage intrépide et par la haute position qu’il est parvenu à se donner ; car ce n’est assurément pas un homme ordinaire celui qui, de gardien de pourceaux, est devenu le chef de ses concitoyens. Quelque bas que soit placé un peuple dans l’échelle sociale, l’homme qui s’est élevé pour le gouverner a eu souvent besoin d’une grande constance et d’une forte énergie, et il a toujours le mérite d’avoir su inspirer de la confiance à la masse qui lui a confié sa destinée.
Que son gouvernement soit tyrannique ou non, Carrera sort de la limite ordinaire. Je ne le comparerai point à ses concurrents ; cependant, si l’on me demande mon opinion sur la différence qui peut exister entre lui et Morazan, je dirai qu’il manque à Morazan le savoir-faire de Carrera, à Carrera l’expérience et l’éducation, quelque peu soignée qu’elle soit, de Morazan, et à tous deux une étude approfondie des connaissances qu’exige la vie publique et un séjour de quelques années en Europe, pendant lesquelles ils auraient beaucoup vu et beaucoup appris dans le commerce des hommes politiques de notre époque.

Après avoir employé deux années à visiter la Colombie, le Pérou et le Chili, Morazan vient de se mettre à la tète de son parti, qui s’est soulevé de nouveau dans l’état de Costa-Rica, avec l’intention avouée de s’emparer de Guatemala et de reconstituer la république fédérale. Ses partisans espèrent qu’il se servira de son expérience chèrement acquise, qu’il donnera à son pays des institutions utiles, et le tirera pour toujours de l’état anarchique où il est plongé. Les journaux allemands nous apprennent aujourd’hui que le fer d’un assassin vient de délivrer Carrera d’un rival dangereux ; mais d’après les lettres du 1er novembre, cette nouvelle est dénuée de fondement.

 

 

Extrait du Grand dictionnaire historique de Louis Moreri, édition 1725

GUATIMALA, grand gouvernement de la nouvelle Espagne, dans l’Amérique septentrionale, est ainsi nommé de la principale province, nommée Guatimala. Ce gouvernement s'étend depuis la province de Chiapas jusque à l'isthme de Panama, & contient les provinces de Vera-Paz, de Soconusco, de Guatimala proprement dite, de Honduras, de Nicaragua, de Costa-Rica, & de Veragua. La province de Guatimala, en langage indien, Quatuemallac, qui signifie arbre pourri, est située vers la cote de la mer du Sud. Le terroir est très fertile en maïs, & en blés d'Europe, & abondant en coton. Les pluies y sont rares ; mais elles tombent avec beaucoup de violence, principalement depuis le mois d'avril jusqu'en octobre, où les vents y soufflent du midi, ou du nord Copan : celui-ci ne dure qu'environ quinze jours ; mais il est froid & impétueux. Le pays est rempli de montagnes & de forêts, & traversé de plusieurs rivières : c’est pourquoi la chasse & la pêche y sont fort commodes.  Les pâturages y sont excellents, & nourrissent quantité de bétail ; mais l'air n'y est pas trop sain, & l’on n’y fait du sel qu'avec beaucoup de peine. Il y a force mouches à miel, qui font leur miel blanc, aussi-bien que leur cire. On y trouve du baume, & d’excellent pastel, nommé de Guatimala. Les originaires de ce pays sont dociles; mais après avoir embrassé la religion chrétienne, ils retournent aisément à leurs superstitions, si on n'a soin de les retenir. Il y a dans la vallée de San-Jago un volcan, qui vomit de temps en temps des flammes & des cendres, qui font de grands dégâts dans toutes les campagnes voisines. Dans un lieu que les sauvages nomment d’un nom qui lignifie l'enfer, on voit une source d'eaux bouillantes, qui sortent par plusieurs endroits, & font de diverses  couleurs, l’une claire, l’autre trouble, l’autre rouge, & une autre jaune : ce qui vient apparemment des differentes veines de métaux, ou de minéraux, par où ces eaux passent. De tous ces ruisseaux se forme une petite rivière, que l’on nomme chaude, parce qu’elle conserve  sa chaleur presque une lieue au-dessous de sa source. La ville capitale de la province de Guatimala proprement dite, est nommée San-Jago de Guatimala (ou Ciudad Vieja), & est le siège d'un évêque suffragant de l'archevêque de Mexique. C’est aussi où se tient le parlement. Elle est située au milieu d'une vallée, qui est coupée d’une belle rivière, & entre deux volcans ; dont l’une est proche de la ville, & jette rarement des flammes ; & l’autre est à deux lieues, & vomit quelquefois des feux & des cendres, avec des pierres brûlées. Le terroir est si fertile en maïs, qu'il rend jusque à cinq cens pour un, dans les campagnes arrosées, & ailleurs jamais moins de cent. Les environs sont plantés de quantité d'arbres fruitiers, ce qui forme un paysage fort agréable. Les pâturages y nourrissent  un grand nombre de bestiaux. L'air y est sain, quoiqu’il soit sujet aux tonnerres &. aux foudres. Les officiers du roi y font presque tous leur demeure ; & c’est où l’on fond tous les métaux. Les habitants de cette ville font un grand trafic avec les peuples de Veragua, qui sont vers l'isthme de Panama, ce qui les rend fort riches. En 1541. la ville de San-Jago fut presque toute renversée par une horrible tempête, qui s’éleva une nuit au-dessous du volcan, qui en est proche, & qui roulant un grand déluge d'eaux avec de grosses pierres, bouleversa la plus grande partie des maisons, dont les ruines ensevelirent un grand nombre d'habitants, entr’autres la femme du gouverneur de Guatimala. La ville a été rétablie depuis. * De Laët, histoire du nouveau monde.

 

Extrait du Dictionnaire universal du commerce de Jacques Savary de 1723.
Qui parle de Gatalima dans le texte, tout en précisant dans sa table des matières qu'il s'agit du Guatimala ou du Guatalima - Il s'agit donc bien d'un article se référant au Guatemala.

C'est à Porto-Cavallo (à présent Puerto-Barrios, si l'on se réfère à l'indication ci-dessous parlant du Rio Dolce, à présent Rio Dulce...) que se fait tout le Commerce d’Espagne, & de la mer du Nord, avec Guatalima, grande Province du Mexique située sur la mer du Sud.
Les Habitants de cette Ville font presque tous Facteurs des Marchands de Guatalima ; & ses bâtiments, presque tous des magasins pour y recevoir les marchandises.
Ce Port, peu considérable par le nombre de ses Habitants, mais le plus célèbre, par son négoce, de tous ceux qui sont dans le golfe des Honduras, est situé au fond de ce golfe, assez près de Rio-dolce, qu’on nomme aussi Rivière de Guatalima ; non pas à cause qu’elle arrose cette Province, dont elle est séparée par de hautes montagnes, mais parce qu’elle sert au Commerce qui s’y fait.
De petits bâtiments conduisent les marchandises  d’Espagne jusqu’à une petite Ville bâtie au pied de ces montagnes, d’où par un chemin taillé dans le roc, on les transporte sur des mulets à Guatalima ; & comme c’est aussi par la même voie qu’arrivent à Porto-Cavallo les marchandises du Pays, cette petite Ville d’entrepôt est nommée le Port de Golfo-dolce, ou du Golfe des Honduras, qui est la même chose.
Le navire Espagnol qui y apporte les marchandises  d’Europe, est un de ceux qu’on a dit ci-dessus qu’on appelait Navire de Registre, à cause que ceux qui les frètent, achètent de la maison des Indes, le droit de venir trafiquer dans certains Ports de l’Amérique ; & qu’on enregistre la permission qui leur en est accordée.
Celui-ci est ordinairement une Hourque de sept ou huit cens tonneaux, chargée de la plupart des marchandises dont on a donné ci-dessus la cargaison , mais particulièrement de quantité de fer, d’acier, de papier pour l’Imprimerie, & pour écrire ; de toiles, de draps fins, de soieries, de safran , d’huile, de serges, de ruban, de fil, & de quelques menues quincailleries, merceries, & verroteries ; ces dernières, pour la traite avec les Indiens, tant des Honduras, que du Yucatan : ce qui monte quelquefois à plus d’un million de livres en toutes ces marchandises.
Les marchandises qui viennent de Guatalima, sont de l’or, de l’argent, de la cochenille, de l’indigo, des cuirs, de la salsepareille, du jalap, du mecoacham, du cacao, du coton, du baume, une espèce d’huile de pétrole, & du pastel.
La cochenille, l’indigo, & l’argent, viennent ordinairement sur une patache armée, comme étant estimées les plus riches marchandises dont le navire d’Europe doit faire le retour.
Quoiqu’on ait nommé le cacao parmi les marchandises  qui viennent de Guatalima, par Porto-Cavallo, & qu’en effet il y en vienne quantité, ce n’est rien cependant en comparaison de celui qu’elle fournit à l’Espagne, par Porto-bello, en envoyant chaque année la charge de plusieurs vaisseaux à Panama, sur la mer du Sud, qui passe dans celle du Nord, par la rivière de Chiagre ; ou sur des mulets, comme on l’a déjà dit.
On ne veut pas omettre ici, que le cacao est dans la Province de Guatalima, tout ensemble marchandise  & monnaie, & que ces précieuses amandes servent non-seulement aux Indiens, mais même aux Espagnols, pour acheter plusieurs menues denrées, dont on donne 10, 20, 30, & quelquefois jufqu'à 100 de ces amandes, suivant la valeur de la chose.
Au reste, l’Amérique ne produit pas également partout du cacao, & l’on n’en trouve du côté de la mer du Sud, que sur la rivière de Quiaquil, & dans la vallée de Colimer, au Midi du Mexique ; & du côté de la mer du Nord, seulement dans la baie de Campêche, à Costa-recha, & entre Porto-bello, & Necaraque, principalement le long de la rivière du Charpentier.

 

 

Nota : les propos ci-dessus reflètent les idées de l'époque sur les peuples lointains. Il s'agit bien de notices historiques à replacer dans leur contexte. Ces textes ne correspondent en aucun cas à la position de l'auteur de ce site.


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