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Les villes à travers les documents anciens

Laon au 19ème siècle

Laon depuis sa campagne, vers 1830 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Laon vers 1830, extrait de La France pittoresque d'Abel Hugo, édition de 1835

Voir aussi la département de l'Aisne en 1883

Texte extrait du Guide pittoresque du voyageur en France - 1838 (collection personnelle).

Panorama de Laon vers1875,  - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Panorama de Laon vers1875,
gravure extraite de la Géographie illustrée de la France - Jules Verne - Hetzel - 1876

 

LAON. Très ancienne ville. Chef-lieu du département. Tribunal de première instance. Collège communal, bureau de Poste, Population 8,400 habitants.

La porte d'Ardon à Laon vers1880 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
La porte d'Ardon à Laon vers1880,
gravure extraite des 'Voyages en France' d'Alfred d'Aunay - 1882

Son histoire : L’origine de Laon remonte à une époque très reculée ; ce n’était dans le principe qu’un château très fort par sa situation, qui reçut des. Gaulois le nom de Laudanum. Vers 407. Une nuée de barbares qui avait brûlé Saint-Quentin, tentèrent sans succès de s’en emparer. Attila l’attaqua et ne put s’en rendre maître. Sous Clotaire, Laon, qui avait fait partie du royaume de Soissons, passa dans celui d’Austrasie. La reine Brunehaut y fixa son séjour après la fin tragique de Sigebert Gélimer, maire du palais de Neustrie, assiégea cette ville, la prit et la saccagea en 682. Pépin et Carloman s’en emparèrent en 742. Les Normands l’assiégèrent sans succès en 882. Après la déposition du lâche Charles-Gros, Eudes, comte de Paris, mit le siège devant Laon, et s’en empara sans coup férir en 892 ; mais Charles-le-Simple la reprit vers 895. Sous le règne de ce roi, Laon s’éleva au plus haut point de gloire qu’une ville puisse ambitionner : elle était la résidence des souverains, le chef-lieu de leur domaine, la capitale de leur empire. En 920, Charles-le-Simple ayant été déclaré incapable de régner, Robert de France s’empara de Laon, qu’il garda jusqu’en 923, époque de sa mort. Louis d’Outremer fut sacré dans cette ville en 936 et y fixa sa cour. En 940, le comte de Vermandois assiégea inutilement cette place, qui tut cédée à Hugues, duc de France, pour la rançon de Louis d’Outremer, fait prisonnier par les Normands, en 944. Ce monarque tenta sans succès de la reprendre en 947, et ne parvint à y rentrer qu’en 949. A la mort de Louis V, Charles, duc de Lorraine, s’empara de Laon où il fut bientôt assiégé par Hugues-Capet, qui entra dans la ville nuitamment, et le fit prisonnier. Après la domination de la race carlovingienne, Laon cessa d’être la résidence des rois, et perdit une partie de sa prééminence. Robert II s'y fit couronner en 996.

Laon et sa cathédrale vers 1880 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Laon, gravure extraite de la carte du département de l'Aisne par Vuillemin - 1885, collection personnelle

 La ville de Laon fut érigée en commune au commencement du XIIe siècle ; mais en 1112 les ecclésiastiques et les nobles obtinrent, à prix d’argent, la suppression de la commune, ce qui provoqua une sédition qui éclata le 25 avril de la même année, dans laquelle l'évêque et plusieurs seigneurs perdirent la vie ; à la suite de cette sédition, la ville fut en partie détruite par un incendie.

En 1411, le duc de Bourgogne se rendit maître de Laon, après quelques jours de siège. Trois ans après, les troupes royales reprirent cette ville, dont les habitants chassèrent la garnison bourguignonne. En 1418, elle retomba au pouvoir du duc de Bourgogne. En 1419, Philippe-le-Bon, fils de Jean-sans-Peur, la livra aux Anglais, qui en furent chassés par les habitants en 1429. Les calvinistes tentèrent inutilement de s'emparer de cette ville, en 1567. — L’autorité de la ligue s’établit à Laon le 17 février 1589 : le cardinal de Bourbon y fut reconnu roi sous le nom de Charles X, et les ligueurs firent frapper dans cette ville, des monnaies à son effigie. C’est aussi à cette époque que commencèrent à Laon les processions dont les mémoires du temps font des tableaux si grotesques, et qui, par cela même qu’elles étaient des farces indécentes, n’en étaient que plus propres à enflammer l'imagination du peuple. Henri IV entreprit le siège de cette ville en 1594, et s’en empara le 2 août. Les conquêtes et les traités de Louis XIV ayant de beaucoup reculé les frontières, les fortifications de Laon devinrent inutiles et cessèrent d’être réparées. Le 9 et 10 mars 1814, Napoléon livra sous les murs de cette ville un combat mémorable, à la suite duquel Laon fut occupé par l’ennemi. En 1815, Laon, quoique presque démantelé, soutint un siégé de quatorze jours contre les armées étrangères.

Laon sur son plateau, vers 1835 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Laon vers 1835, gravure de Rauch, du 'Voyageur en France' 1838

Sa situation : Laon est une ville située sur le sommet d’une montagne isolée, au milieu d’une plaine vaste et fertile. Le vent y souffle souvent avec force. Les brouillards y sont fréquents, l’air y est vif, mais sain, et l’expérience dément le préjugé qu’il est contraire aux poitrines faibles : car nulle part on ne meurt moins de la pneumonie. Il est peu de de lieux où le nombre des vieillards soit dans une proportion plus considérable avec le reste de la population. On y a compté souvent un octogénaire sur cinquante personnes. La salubrité de Laon confirme ce que dit Hippocrate, que la position la plus favorable est celle qui est battue par tous les vents.

L’enceinte actuelle de la ville a 7,750 pas de circuit. Sa longueur est de près d’une demi-lieue ; sa largeur, qui varie selon celle de la montagne, est fort resserrée au centre, et s’élargit aux extrémités. Laon est mal bâtie, comme toutes les villes qui ont l'honneur d’être antiques et n'ont pas le bonheur d’être opulentes. Quelques édifices, cependant, sont dignes d’être remarqués. Les dehors sont charmants : une promenade agréable circule autour des murs, et de tous ses points, l’œil se repose avec plaisir sur le tapis de verdure des vignes qui couvrent le penchant de la montagne, ou parcourt avec délices les scènes variées de la plaine.

Les caves de Laon présentent un phénomène remarquable pour la physique, la minéralogie et l’histoire naturelle. Elles ont, même dans les chaleurs de l’été, une température beaucoup plus basse non-seulement que l’air extérieur, mais que celle que conservent les caves de l’Observatoire de Paris. Elles sont à deux étages : les premières, appelées Celliers, ont environ quatre mètres de profondeur : elles sont taillées dans le banc de pierre calcaire ; les autres sont à 6 ou 7 mètres plus bas, et dans la partie inférieure du même banc, qu’on soutient par des massifs laissés en les creusant, ou par des piliers construits de distance en distance.

 

Les principaux édifices et établissements publics de Laon sont :

 

Laon sur son plateau, vers 1835 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
La tour (de Louis d'Outremer ?) à Laon vers 1825, gravure de Goblain
extraite du 'Nouveau voyage pittoresque de la France' - Ostervald -1827

La Tour de Louis d’Outremer, bâtie par le prince dont elle porte le nom, et destinée à fortifier la ville du côté de la citadelle qui appartenait alors au comte de Vermandois. Philippe-Auguste, qui la fit réparer en 1207, l’entoura de fossés, de parapets et de tourelles. On entreprit, en 1794, de la détruire ; mais quand le couronnement a été démoli, les moyens ont manqué pour continuer l’ouvrage.

 

Laon sur son plateau, vers 1835 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
La tour penchée de Laon vers 1880,
gravure extraite des 'Voyages en France' d'Alfred d'Aunay - 1882

La Tour Penchée. Près de l’emplacement occupé autrefois par l’ancienne citadelle, les regards tombent avec surprise sur une tour penchée, dont l’inclinaison est d’environ dix degrés, à partir de la verticale, et qui est terrassée dans toute sa hauteur. Elle forme la pointe de l’angle d’une espèce de bastion, et offre un monument d’autant plus curieux qu’il est unique en France.

 

La cathédrale de Laon dans la ville vers 1880 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
La cathédrale de Laon vers 1890, dominant la ville
gravure extraite de 'La France pittoresque' A.M.G.. - 1893

L’église cathédrale. On ignore l’époque précise de la fondation de cette superbe basilique. On sait seulement qu’elle fut presqu’entièrement détruite, ou au moins fortement endommagée par un incendie, en 1112. Les revenus du chapitre étant insuffisants pour réparer ce dégât, il fut arrêté que les reliques qui avaient été sauvées du feu, seraient promenées religieusement dans le royaume, ce qui produisit d’abondantes aumônes, au moyen desquelles les travaux furent achevés dans le milieu de l’année 1114.

La cathédrale de Laon vers 1830 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
La cathédrale de Laon vers 1830
extraite du 'Magasin pittoresque' - 1836

L’église cathédrale de Laon a 320 pieds de long, 75 de large, et 170, de hauteur. Elle est remarquable par ce mélange de hardiesse et d’élégance, de grandeur et de délicatesse, qui forme le caractère distinctif de la grande architecture gothique. Il y a dans l’église de Laon des choses qui excitent particulièrement l’attention des connaisseurs : les trois ordres de son architecture (les autres basiliques n’en ont ordinairement que deux) ; la lanterne, admirée pour sa hardiesse et la légèreté de sa galerie ; la belle perspective que forment ses deux lignes d’entrecolonnements, dont le nombre, plus grand peut-être que dans aucune autre église, est de vingt-trois : douze dans la nef et onze dans le chœur ; la forme ingénieuse des piliers qui en déguisent l’épaisseur ; les ornements des bases et des chapiteaux des colonnes, qui sont toutes d’une sculpture différente ; la fermeture des chapelles, qui n’est pas de la même construction que l’édifice ; leurs décorations, qui appartiennent au bel âge de la sculpture française, ce qui porterait à penser qu'elles sont dues à la munificence du cardinal de Bourbon ; la magnificence des rosaces ; le buffet d’orgues, dont le travail est magnifique ; le portail, construit en avant-corps et après coup, peut-être lors des réparations que l’incendie de 1112 a nécessitées ; les portes, dont la sculpture est digne de remarque.
On peut égaler, préférer même d’autres vaisseaux à celui de Laon : on ne trouvera nulle part un ornement comparable aux quatre tours qui couronnent les trois principales entrées. La légèreté, et, si on peut le dire, la transparence du travail est digne des plus grands éloges, non pas seulement parce qu’elle produit l’effet le plus agréable, mais aussi parce que l’action des vents, à laquelle elle donne peu de prise, n’aurait point tardé à détruire une masse plus solide. Ainsi le génie de l’architecte a su convertir en beauté réelle, le tour de force par lequel il a vaincu une grande difficulté. On ne peut douter, au reste, que les tours n’existassent avant l’incendie.

 

L'église des Templiers à Laon vers1880 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
L'église des Templiers à Laon vers1880, gravure extraite des 'Voyages en France' d'Alfred d'Aunay - 1882

L’église Saint-Martin. élevée en 1124 sur l’emplacement d’une petite église fort ancienne, elle est grande et d’une architecture imposante, quoique lourde. Les deux tours carrées de derrière étaient autrefois surmontées de hautes flèches, qui existaient encore sous Louis XIII.

 

Le Palais de Justice de Laon vers1880 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Le Palais de Justice de Laon vers1880, gravure extraite des 'Voyages en France' d'Alfred d'Aunay - 1882

L’hôtel de la préfecture. Il occupe les bâtiments d’une vaste abbaye fondée vers 645, sous le nom de Notre-Dame, et qui, par la suite, prit celui de Saint-Jean. Elle renfermait sept églises dans son enceinte. Sa règle prescrivait l’oraison perpétuelle. Les trois cents religieuses qu’elle comptait déjà du temps de Salaberge, étaient partagées en sept chœurs ; et le service était célébré dans toutes les églises alternativement, jour et nuit. Cette maison éclipsa, dès sa naissance, les plus illustres communautés de femmes.

Les archives de la bibliothèque publique de la ville de Laon occupent aussi une partie des bâtiments de cette ancienne abbaye.

Hôtel-Dieu. Il est établi dans les superbes bâtiments de l’abbaye Saint-Martin, qui offraient, sous tous les rapports, les avantages que doit réunir un hospice bien distribué. Des salles vastes et bien aérées ont été construites en assez grand nombre pour que les maladies n’y fussent pas confondues ; et on a pris sur les jardins très étendus, des terrains suffisants pour procurer aux malades de belles promenades ; la cour d’entrée est très spacieuse, et en grande partie plantée d’arbres disposés en allées. On y voit un bon tableau de Barthélemy, qui orne la chapelle, et un magnifique escalier, moins fameux cependant que celui de Prémontré.

Hôpital général. On peut regarder le cardinal d’Estrées comme le véritable fondateur de cet hôpital, où sont entretenus 90 vieillards des deux sexes, qui y occupent des bâtiments particuliers.

La Bibliothèque publique. Elle occupe une partie des bâtiments de l’ancienne abbaye de Saint-Jean, où est aujourd’hui établie la préfecture. Cette bibliothèque renferme 16 à 17,000 volumes, provenant en grande partie des abbayes de Saint-Jean, de Saint-Vincent, de Saint-Martin, etc.. Parmi les ouvrages modernes, on remarque celui de la description de l’égypte, donné par le gouvernement en 1821, au département, à la sollicitation de M. le baron de Talleyrand, alors préfet.

Dépôt de mendicité. Ce dépôt, situé à Laneuville-sous-Laon, occupe les bâtiments d’une ancienne abbaye de religieuses Bernardines. Il a été créé par décret du 16 mars 1809, et ouvert le 1er mai 1810, pour 500 mendiants des deux sexes ; depuis, on y a admis des infirmes et des aliénés.
La population actuelle du dépôt est de 3 â 400 personnes, dont les enfants forment à peu près le cinquième.

On remarque encore à Laon l’hôtel-de-ville, le collège, une jolie salle de spectacle et les casernes.

Laon est la patrie de Lothaire, de saint Rémi, du publiciste Bodin, du célèbre astronome Méchain, du maréchal Serrurier, etc.

Plan global de Laon vers1880 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Plan global de Laon vers1880, gravure extraite des 'Voyages en France' d'Alfred d'Aunay - 1882

Fabriques de clous et de chapellerie. Le dépôt de mendicité fabrique aussi des couvertures de laine, des draps communs, des bas et des chaussons de laine tricotés, des bas de fil et quelques autres articles. — Commerce de blé, vin et légumes d’excellente qualité. Les artichauts sont renommés comme les meilleurs de France.

Laon est 11 lieues 1/2 de Reims, 10 lieues 1/2 de Saint-Quentin, 34 lieues de Paris. — Hôtels de l’écu, de la Hure.



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