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Les villes à travers les documents anciens

Page de garde de L'Univers de Jules Janin

Nantes vers 1840

 

Nantes vers 1840 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Nantes, gravure non signée

 

Texte et gravure
extraits de l'ouvrage "L'Univers - collection des vues les plus pittoresques du globe" de Jules Janin - édition ~1840

La ville de Nantes est admirablement située au confluent des rivières de Loire, de Sèvre, d’Indre, de Chezine et de Saïl, le long desquelles la ville se prolonge.
Malgré l’ensablement de la Haute et Basse-Loire qui rend chaque jour son commerce plus difficile, Nantes est à la fois la ville la plus considérable et le plus grand marché de l’ouest, l’entrepôt naturel de toutes les denrées qui viennent, du sein des terres, s’échanger à l’embouchure de la Loire contre les denrées exotiques ; mais aussi la nature semble avoir créé tout exprès sa brillante situation : au milieu du fleuve, des îles admirablement placées pour la construction d’un dock ou entrepôt éclusé ; à l’ouest, la Basse-Loire qui, par le petit cabotage et la navigation de la Vilaine et du Blavet, permet d’approvisionner les côtes de la Vendée, celles de la Bretagne et l’intérieur même de la presque-île armoricaine ; à l’est, la Haute-Loire, dont l’immense bassin s’agrandit encore des bassins secondaires de la Mayenne, de la Sarthe, du Loir, de la Vienne, du Cher, de l’Indre, de la Nièvre, de l’Ailier et de plusieurs autres, moins considérables. Au sud, la Sèvre et des routes nombreuses ; au nord, un développement symétrique de routes, et le canal de Bretagne. Ajoutez que les bassins de la Chezine et du Saïl serviront un jour d’emplacement aux grandes usines qui n’auraient pu se poser sur la Loire même, et que la hauteur de la Hautière est parfaitement située pour recevoir un télégraphe commercial destiné aux arrivages et aux départs. Ajoutez aussi qu’un projet de canal, dressé par l’ingénieur Lemierre, aura pour résultat nécessaire de prolonger les quais fort au loin dans la prairie de Mauves, et de transformer le vieux château en un entrepôt du haut de la Loire, véritable place d’armes industrielle ; tenez compte encore et du chemin de fer de Nantes à Paris, qui devra être entrepris avant de longues années, et des chemins de fer de Nantes à Bordeaux, de Nantes à Poitiers, de Nantes à Brest, qui viendront ensuite, et enfin, de l'amélioration du fleuve ; et vous comprendrez alors tout l’avenir de cette florissante et intelligente cité.
La ville est remplie de monuments du plus haut intérêt. L’Hôtel-de-Ville date de l’an 1575 ; c’est un bel édifice situé au milieu d’un jardin dessiné par Gabriel, l’architecte du roi. La préfecture occupe l’ancien palais de le Cour des comptes bâti en 1663. L’escalier de ce palais passe pour un chef-d’œuvre. — Nantes, dans les temps féodaux, s’abritait derrière un vieux château où se passèrent les hauts faits de son histoire, forteresse assiégée et prise tour à tour par les Romains, par les Goths, par les Huns, par les Francs. — Maintenant le château est ruiné en partie. — Ce massif en ruine était autrefois la tour des Espagnols ; la tour à droite s’appelait la tour des Anglais ; le bastion fut construit par le duc de Mercœur; dans la chapelle qui maintenant est en poussière, fut mariée à Louis XII la duchesse Anne. Dans ce château fut signé l’édit de Nantes par Henri IV. Entre autres prisonniers contenus dans la forteresse, on a conservé le souvenir du cardinal de Retz, et vous savez comment s’enfuit le cardinal en trompant une brave sentinelle par sa cimarre rouge attachée entre deux vitraux, comme si monseigneur le cardinal eût été en oraison.
La Bourse est un grand bâtiment qui renferme aussi le tribunal de commerce et la banque et les bureaux des compagnies d’assurances ; le bâtiment est à deux façades que décorent d’assez bonnes statues. La ville se fait remarquer par plusieurs belles places. — La place du Buffay dominée par les tours du même nom, et même, pour bien voir la ville, montez, s’il vous plaît, sur la tour du Buffay. Vous jouirez véritablement d’un admirable panorama. Au loin se déroule la Haute-Loire chargée de bateaux. La vieille église de Saint-Pierre semble protéger de son ombre séculaire la ville entière ; plus au loin s’étendent les verdoyantes prairies que la Loire arrose ; à droite, le coteau de Saint-Sébastien dont l’église rappelle Rabelais, sans compter cette longue suite de ponts et de chaumières qui conduit aux routes du midi. A l’ouest, la Basse-Loire coule tranquillement entre des îles verdoyantes ; et enfin, quand vous avez arrêté un instant vos regards éblouis sur la Bourse, vous les pouvez reposer sur la ville nouvelle et sur cette masse confuse de maisons turbulentes et occupées, palais, chaumières, ruines, antiquités, mines, jardins, toute la misère et toute la fortune de la ville.

Sur cette place du Buffay fut mis à mort le comte de Chalais par ordre du cardinal de Richelieu. Tout au rebours, les sires de Beaumanoir et de Tournemine s’y étaient battus en duel avec l’autorisation de Jean IV, duc de Bretagne. La cathédrale, commencée par les Druides pour le culte de leur Dieu, n’est point encore achevée. Entre autres choses remarquables, cette église renferme le tombeau de François II, duc de Bretagne, et de Marguerite de Foix, sa femme. Sur cette terre, dans cette ville aujourd’hui si calme et tout occupée des heureuses et paisibles conquêtes de l’industrie, bien des peuples ont passé ; les Pietés, les Albains de Rennes, les peuplades de la Cornouaille bretonne, les Romains conduits par ce Maxime, chef des légions de la Bretagne, qui médita la conquête de Rome. « Après que Maxime eût été fait roi de Bretagne, comme celuy royaume ne lui suffisait pas, il désira submettre à lui le pays de Gaule, pour laquelle chose faire il assembla très-grand navire et cuillit toute la chevalerie armée de l'ille, puis passa la mer et appliqua premièrement en Armorique qui maintenant est appelée Petite Bretagne, où il commença à guerroyer le peuple gaulois qui y habitait.
Conan, qui était cousin de la reine de Bretagne et associé à Maxime par nœud d’amour indissoluble, le suivit avec la juvente des Bretons : entre ces choses Maxime, aidé par le vent d’aquillon avec grande et superbe congrégation de navires, s’adressa à l’entrée du pays de Létanie, où il appliqua à un havre appelé le port Chauveux, lequel était plausible situé à l’accouchement du soleil. Maxime, duc d’Albion, s’efforçant acquérir le royaume Armorican et par son cruel glaive destrancher les rebelles, prent villes et chasteaux, et ne cessa de perdre le pays en ravissant les richesses et dégastant la terre, jusques à ce que la gent Gallique, par hardement mortel et merveilleux, vint en champ resister contre les Bretons. Si fut là fait aigre conflit entr’eux, grand son de trompes et de cors, grand bruit aussi et froissement d’armes pourtant qu’ils combattirent d’une part et d’autre par si grande haine que là fut faite dommageante occision, car Bellone, c’est la déesse de la bataille, augmentait de tous les côtés la fureur, et y cheoit le peuple comme pluie; en la parfin les Bretons bataillant constantement dévorèrent par vorage de fer quinze mille Gaulois qui cheurent là tout ensemble avec leur duc Imbalfretet s’enfuirent, les autres délaissant femmes et enfants, qui pour leur trop grande jeunesse ne se pouvaient mourir ne departir.
Après la dite bataille, Maxime s’ajouit de grande liesse, parce qu’il pensa que par l’occision de si grande multitude d’hommes, le pays d’Armorique lui serait après légèrement submis
. »

Vinrent ensuite les uns après les autres et tous à la fois dans la Petite-Bretagne, les Normands, les Francs, l’armée de Charles-le-Chauve. La Bretagne servit de champ de bataille dans les luttes terribles entre la France et l’Angleterre, jusqu’à ce qu’enfin la duchesse Anne, en épousant le roi de France, eût fait de la Bretagne une partie de la France.

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