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Les villes à travers les documents anciens

Page de garde de La Bretagne de JJ Potel - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur

Ploërmel dans le Morbihan, et l'église St Armel, vers 1840

 

L'église St Armel de Ploërmel - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
église de St Armel de Ploërmel, gravure vers 1840 de Jérôme Jean Potel

 

Texte et gravure
extraits de l'ouvrage "La Bretagne de Jérôme Jean Potel - édition 1844

Ploërmel, chef-lieu d’arrondissement du Morbihan, doit son origine à un ancien château des ducs de Bretagne. C’était, dès le Xe siècle, une ville importante par ses fortifications.

En 1240, le duc Jean 1er y réunit les Etats de Bretagne, dont les trois ordres furent unanimes à réclamer un édit pour chasser les Juifs de la province. On lit dans cette pièce du temps : « Que nul ne pourra être ni accusé ni condamné pour avoir tué un juif.»

En 1487, Charles VIII assiégea Ploërmel, s’en empara et le livra au pillage. Le duc de Bretagne François II le reprit l’année suivante, et ordonna d’en raser les fortifications. Peut-être ne fut-il pas obéi, car en 1591 la ville et le château opposèrent une résistance opiniâtre aux troupes de Henri IV. Le duc de Mercœur, en 1594, voulut s’en emparer par surprise ; mais il échoua dans sa tentative, qui eut lieu le 21 avril. Le jour même, on fêta sa défaite par une procession, qui a toujours été renouvelée depuis, à pareille époque, jusqu’à la Révolution de 89.

L’église paroissiale est dédiée à Saint-Armel; elle est basse et lourde ; les antiquaires la font remonter au XIIe siècle, mais le style de ses ornements dément cette prétention. Quatre gros piliers supportent la tour qui a servi à la triangulation des cartes de Cassini. Le portail extérieur du côté du Nord mérite de fixer les regards. Les deux piliers de la porte d’entrée sont couverts jusqu’en bas de sujets allégoriques. L’on voit encore sur les vitraux de la fenêtre qui domine ce portail une peinture représentant Saint-Armel tuant la Guibre : cette guibre était une espèce de serpent qui désolait le pays, et qui avait établi sa retraite dans un des faubourgs de la ville, appelé aujourd’hui Guibourg.
Nous avons surtout remarqué parmi les autres vitraux de l’église de Ploërmel ceux qui représentent la descente du Saint-Esprit sur les apôtres : la disposition des personnages, l’expression de leur physionomie, la pureté du dessin, que rehausse un coloris très remarquable, donnent une grande valeur à cette peinture de la Pentecôte. Deux ou trois des apôtres sont dignes des meilleurs maîtres. Dans une autre fenêtre, des clochetons, d’un travail achevé et d’une très grande légèreté, se distinguent par leur élégance. A l’extérieur, l’on a mis des châssis pour préserver ces restes précieux.
La voûte de l’église de Ploërmel est en bois et en ogive, ce qui la rend plus légère et plus élancée que la plupart des voûtes construites à la même époque dans nos églises de Bretagne.
Les tombeaux de l’église de Saint-Armel sont ceux de Jean II et de Jean III ; ils ont été rendus à la ville par M. Robert, propriétaire actuel de l’ancien couvent des Carmes, dans la cour duquel on voit encore de beaux fragments du Moyen-âge. Un sire de Montauban, une dame de Léon, dont la figure a du caractère, et quelques autres débris, dont les mutilations n’ont pas détruit tout le mérite, des pleureurs et des pleureuses sont épars sur le sol. Le duc Jean II, comte de Richemont, mort à Lyon en 1306, et enterré à Ploërmel, dans l’église des Carmes, était représenté armé de pied en cap, avec une cotte de mailles qui descendait jusqu’aux genoux, et son écu armorial attaché sur sa cuisse gauche. Le duc Jean III, mort à Caen, en 1341, fut enterré aussi aux Carmes de Ploërmel. Le comte Jean de Montfort lui fit ériger un tombeau de marbre sur lequel se trouvait sa statue en albâtre.

Les guerres civiles de la Ligue ont encore plus contribué que la démagogie de 93 à la dispersion d’une foule de sculptures précieuses qui existaient dans le couvent des Carmes. Les Anglais qui enlevèrent la charpente de l’église, en 1592, brisèrent les vitraux, les tuyaux de l’orgue, et prirent plaisir à jeter de grosses pièces de bois sur les tombeaux des ducs.

A mille mètres environ de la ville, on trouve un petit lac que l’on nomme l'Etang au Duc. Sa circonférence est de 12 kilomètres ; on ne voit sur sa surface et sur ses rives aucune espèce d’herbe ou de limon; ses eaux limpides, alimentées par une petite rivière, forment, en s’échappant au bout de la chaussée, une cascade de 6 à 7 mètres. Plusieurs moulins sont placés à l’autre extrémité, sur une seule ligne ; un monticule planté de beaux châtaigniers les domine. On y jouit d’une vue très agréable : le château de Lambilly s’y dessine au milieu d’un paysage délicieux. On remarque aussi le petit clocher de Taupon. Ce bourg est dans une agréable situation. On lit sur un reliquaire adossé à l’église, ces vers latins:

Damna gemis rerum, sed plus geme damna dierum, Rex poterit rebus succurrere nemo diebus.
Tu pleures sur la perte de tes biens, quand tu devrais regretter surtout tes jours que tu as perdus. Un roi peut restaurer ta fortune, mais il ne peut te rendre les jours qui se sont écoulés.

Ploërmel a vu naître le prêtre Baudeville, maître d’école, qui vivait au commencement du XVIIe siècle. Ce digne homme, malgré le proverbe, est devenu célèbre dans sa patrie, par une tragédie dont le sujet était la vie de Saint-Armel. Dans celte pièce, la scène s’ouvre en Angleterre, se continue à Paris, où le roi donne audience à Saint-Armel; elle se termine à Ploërmel. L’auteur, on le voit, n’a guère respecté la loi des unités; il s’en est affranchi avec une bonhomie et un laissé-aller qui intéressent à la lecture de son œuvre. Longtemps la représentation de ce drame, dans lequel, comme dans les pièces anglaises, de grosses bouffonneries sont mêlées aux choses touchantes, a eu lieu à Ploërmel, à la fêle du saint patron. La pièce était jouée habituellement par des hommes sans éducation ; cependant, elle n’en obtenait pas moins les applaudissements et les suffrages des spectateurs.

En complément, lire, du même ouvrage, l'article Philippe de Montauban et son tombeau

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