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Les villes à travers les documents anciens

Arles au 19ème siècle

L'amphithéâtre d'Arles en 1666 - gravure reproduite par la © BNF et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
L'amphitéhéâtre d'Arles en 1666, estampe du fonds de la BNF et reprise numériquement par mes soiins,
gravure de Jacques Peytret (~1620 - ~1679.)
(L'amphithéâtre au 17ème est alors utilisé comme une enceinte fortifiée !


Voir aussi la département des Bouches du Rhône en 1883

Texte extrait du Dictionnaire de toutes les communes de France - éd. 1851 - Augustin Girault de Saint Fargeau
(collection personnelle).

ARLES, Arelale, Arelatum, grande et très ancienne ville, Bouches--du-Rhône, chef-lieu de sous-préfecture, dont le tribunal de Ve instance est à Tarascon ; chef-lieu de deux cantons. Tribunal de commerce. Chambre consulaire des manufactures. 3 cures. Société d’agriculture. Collège communal. Ecole d’hydrographie de 4e classe. Gîte d’étape. Bureau de Poste. Population. 20,460 habitants. — Terrain d’alluvions modernes.

Autrefois archevêché, parlement et intendance d’Aix, gouvernement particulier, chapitre, séminaire, collège, académie, 17 couvents. L’archevêché d’Arles fut fondé au IVe siècle ; il avait pour suffragants les évêques de Marseille, St-Paul-Trois-Châteaux, Toulon et Orange. Revenu, 30,000 livres.

Arles, qui devint dans les derniers temps la capitale de toute la Gaule, se trouve cependant mentionnée pour la première fois dans les Mémoires de Jules César sur la guerre civile. Pline, Suétone et Ptolémée reconnaissent Arelate, Arles, pour colonie ; Strabon en parle comme d’un entrepôt de commerce très considérable de son temps ; Mêla nomme Arles au nombre des villes principales de la Narbonnaise, et lui donne, ainsi que Pline, le titre de Sextanorum, d’après une milice romaine qui s’y trouvait fixée : ce qui est confirmé par une inscription. Une autre inscription, rapportée par Honoré Bouche, donne à la colonie d’Arles le prénom de Julia Materna. Constantin voulut que la ville d’Arles portât son nom, et elle est appelée Conslantina dans un règlement émané de l’empereur Honorius.

L’épithète de Duplex, qu'Ausone donne à celle ville, prouve qu elle s’étendait des deux côtés du Rhône ; la partie à l'ouest est connue sous le nom de Trintella (aujourd’hui Trinquetaille) dans les litres du XIIIe siècle. Indépendamment des monuments historiques, des arènes, du théâtre et de tous les monuments antiques qu’on y trouve encore, la position d'Arelate à Arles moderne est démontrée par les mesures que l’Itinéraire donne pour les quatre roules qui y aboutissent de Massiha, Marseille, Aquœ Sextiae, Aix, Apta Julia, Apt, et Avenio, Avignon. Walckenaer. Géographie des Gaules, part, II, chap. 2, p. 277.

Quelques auteurs modernes ont fait remonter l'origine d’Arles à la plus haute antiquité : il paraît toutefois que cette ville existait longtemps avant Jules César, et qu’elle avait déjà de son temps une nombreuse population, puisque ce conquérant y fit construire douze galères pour bloquer le port de Marseille ; et après la reddition de cette ville, il envoya à Arles le questeur Tiberius pour y établir une colonie tirée de la dixième légion. Celte colonie, favorisée par la culture et le commerce, grandit et prospéra promptement. Toutefois elle ne s’éleva à un haut degré de prospérité que sous Constantin, qui l’affectionnait beaucoup, lui donna son nom, l’embellit d’un grand nombre d’édifices et y établit sa résidence. Constant, troisième fils de cet empereur, fit de cette ville la capitale de ses Etats. Théodose et Honoras y firent quelque séjour. Enfin, depuis Constantin jusqu’à l’invasion des Visigoths, Arles fut considérée comme la capitale des Gaules. Après avoir été pendant six siècles sous la domination des Romains, Arles tomba au pouvoir des Goths et des Mérovingiens, sous lesquels elle soutint plusieurs sièges et éprouva divers désastres. Ses monuments romains furent mutilés et abattus, et sur leurs ruines s’élevèrent des temples chrétiens.

En 879, Bozon, duc de Provence, circonvint les prélats du midi et de l’orient de la Gaule, et les engagea à fonder pour lui un nouveau royaume, qui détacha du sceptre des Carlovingiens une grande partie de la France. Dans le XIIe siècle, la ville d’Arles se constitua en république sous la protection des empereurs d’Allemagne, dont les archevêques étaient les procureurs fondés. La république d’Arles commença en 1131 par l’institution du consulat ; en 1220, la forme du gouvernement se rapprocha de celle des républiques d’Italie par la création des podestats, qui subsistèrent jusqu’en 1251, que là ville se soumit à Charles d’Anjou, comte de Provence. La république d’Arles était parvenue à un haut degré de prospérité, elle allait de pair avec celle de Gènes et de Pise ; sa navigation s’étendait au loin ; son commerce était florissant. Après plusieurs révolutions, Arles se soumit aux comtes de Provence ; elle fut réunie à la couronne sous le règne de Louis XIII.

Il s’est tenu à Arles, à différentes époques, vingt conciles. Le premier et le plus important fut assemblé en 314 ; on y condamna les donatistes. Les autres furent tenus en 352, 443, 453 ou 454, 455, 463, 473, 477, 524, 553, 813, 1059, 1205, 1210 sur les propositions inutilement faites à Raymond, comte de Toulouse, pour son absolution, en 1234, 1236, 1246, 1260 et 1275.

Les armes d’Arles sont : d’argent au lion d’or accroupi, la patte droite levée, la queue entre les jambes, et pour devise : AD IRA LVONIS  HOSTIBUS HOSTIS ET ENSIS. - En 1816, on y avait ajouté un franc quartier à dextre d'azur, chargé d’une fleur de lis d’or.

 

Arles à vol d'oiseau vers 1850 - dessin conservé par la  ©  BNF,  restauré numériquement par © Norbert Pousseur
Arles à vol d'oiseau, dessin du fonds de la BNF et reprise numériquement par mes soiins,
Monvader, dessinateur

La ville d’Arles est située un peu au-dessous de l’angle du delta que le Rhône forme par sa division en deux branches ; elle est assise sur un banc de rochers de calcaire-coquillier, qui domine la rive gauche du Rhône, en penchant doucement vers les bords. Son enceinte, tracée par de vieux remparts sans usage aujourd’hui, embrasse une surface de 78 hectares. Les rues, sans être parfaitement alignées, ont, en général, une certaine régularité et sont assez spacieuses ; elles sont pavées en cailloux de la Cran, déformé ovale, ce qui les rend incommodes et fatigantes. Les quais sont pavés en dalles, fort spacieux, très fréquentés, et servent d’entrepôt à toutes les marchandises qui circulent par la voie du commerce entre Lyon et Marseille. Le port d’Arles occupe le cinquième rang parmi les ports de France, sous le rapport des expéditions ; il vient immédiatement entre Rouen et Nantes. Les places sont en petit nombre et peu spacieuses ; on n’en compte guère que trois : la place Royale, autour de laquelle sont : l’hôtel de ville, le musée et la façade de l’église St-Trophime, l'ancien palais des archevêques d’Arles, et ayant pour principal ornement un obélisque antique dont nous parlerons ci-après ; la place du Plan-de-la-Cour, et la place des Hommes. Ces trois places sont parfaitement régulières ; la la seconde, exposée au nord et presque toujours à l’ombre, est fréquentée dans l’été ; la troisième, entourée des principaux hôtels et des plus beaux cafés, sert de point de réunion en toute saison aux étrangers, aux habitants de la ville, et le dimanche aux agriculteurs et aux fermiers. La place royale sert de marché, de promenade d’hiver et de cirque pour les combats de taureaux.

 

Arles  vue des bords du Rhône vers 1870 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Arles vue du Rhône
gravure extraite de la Géographie illustrée de la France - Jules Verne - Hetzel - 1876
(collection personnelle).

La jeunesse d’Arles se plaît beaucoup à cet exercice, qui est une sorte d’apprentissage pour soumettre au joug des animaux si difficiles à dompter. Dans les occasions solennelles, on trace sur la place une enceinte circulaire, en dehors de laquelle sont des gradins pour les spectateurs. On lâche un taureau qui bondit dans l’arène. Des hommes armés de bâtons l’excitent. Le taureau court sur celui qui le provoque ; au moment où il baisse la tête pour donner des cornes, l’homme saute lestement par côté et lui assène un coup de bâton sur le museau. L’animal s’irrite, entre en fureur ; mais c’est en vain qu’il consume ses forces. D’autres le remplacent, et ne sont pas plus heureux. Enfin, le plus sauvage et le plus fort est réservé pour terminer le combat ; il se présente dans l’arène avec une énorme cocarde de rubans attachée à ses cornes : le prix est destiné à celui qui pourra l’enlever. Après des essais longtemps infructueux, un vigoureux athlète se présente. Loin de. fuir le terrible animal, il court au-devant de lui, et, saisissant les cornes de ses mains musculeuses, il le renverse sur le dos, ce qui lui donne le temps d’enlever la cocarde. Cet exercice est très fréquent à Arles.

Les alentours d’Arles sont extrêmement riants. Toute la partie méridionale forme une longue et belle promenade appelée la Lice, plantée de trois allées d’arbres, et bordée dans toute sa longueur par le canal de Craponne, au delà duquel sont des jardins et des prairies. Dans la partie septentrionale, sur le chemin de Tarascon et sur le bord du Rhône, est une autre promenade plantée de superbes ormeaux. Les Eliscamps (autrefois les Champs-Elysées) peuvent être considérés aussi comme une promenade agréable, par la variété des sites et des paysages.
A 2 km de la ville, sur le chemin de Marseille, le canal de Craponne est reçu dans un aqueduc de 662 m de longueur, soutenu par quatre-vingt-quatorze arcades à plein cintre, supporté lui-même par le pont de Crau, qui consiste en cinquante- sept arcades plus grandes que celles de l’aqueduc et séparées par des massifs de maçonnerie. Cet aqueduc, haut de 6 m, franchit la vallée qui sépare le coteau de la Crau du rocher sur lequel la ville est bâtie.

La ville d’Arles est on ne peut plus intéressante par les monuments antiques qui la décorent et attestent la splendeur dont elle jouissait du temps des Romains, ainsi que par ses édifices publics.

 

L'Amphithéâtre d'Arles  vers 1820 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
L'amphithéâtre d'Arles vers 1820, gravure de Bence
extraite du Nouveau voyage pittoresque de la France - Osterwald - 1827
(collection personnelle).

Amphithéâtre. Ce monument de la magnificence romaine domine la ville et étonne par son immensité : la longueur hors d’œuvre du grand axe est de 140 m, la largeur ou l’étendue de son petit axe est de 103 m ; il a dû avoir quarante-trois rangs de gradins et contenir vingt-quatre mille spectateurs. Comme l’amphithéâtre de Nîmes, il a trois ordres d’architecture, et comme lui aussi il est percé de soixante arcades à chaque étage ; mais ses dimensions sont un peu plus fortes, et son étendue plus considérable : son architecture est aussi élégante et plus magnifique ; le premier étage est en pilastres d’ordre dorique, le second était en colonnes d’ordre corinthien. Aux extrémités des axes étaient pratiquées quatre portes : la principale est celle du nord ; elle est belle quoique sans ornements, d’une grandeur imposante et d’une forme majestueuse ; le corridor par lequel elle introduisait dans l’arène est d’une construction ingénieuse et magnifique. Sous la porte du nord est l’entrée d’un étage souterrain, qui est la partie la plus singulière et la plus curieuse de l’amphithéâtre. Cette substruction se compose de deux galeries qui donnent accès dans l’arène par huit petites portes, placées aux points cardinaux et collatéraux. Rien n’indique l’époque de la construction de ce monument ; mais, par le style de son architecture, on peut hardiment le classer parmi ceux qui furent élevés dans le second siècle. L’inscription, gravée sur les dalles du podium, indique qu’elle était destinée à conserver le souvenir des fonctionaires publics qui avaient fait célébrer les jeux à leurs frais.

 

Porte de l'amphithéâtre d'Arles vers 1830 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Porte de l'amphithéâtre d'Arles vers 1830, gravure de Rauch
extraite du Guide pratique du voyageur en France - 1838
(collection personnelle).

Dans le VIIIe siècle, l’amphithéâtre d’Arles fut changé en forteresse, et l’on éleva des tours sur ses quatre portes ; deux de ces tours existent encore, Plus tard, on bâtit dans l’intérieur une multitude de petites maisons qui le masquaient presque entièrement, et dont il a été débarrassé récemment, par M. Laugier de Chertrouse, ancien maire d’Arles, qui a fait déblayer l’amphithéâtre de deux cent treize hideuses constructions modernes dont il était obstrué.

 

Porte du théâtre d'Arles vers 1820 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Porte du théâtre d'Arles vers 1820, gravure de Bence
extraite du Nouveau voyage pittoresque de la France - Osterwald - 1827
(collection personnelle).

Théâtre. Non loin de l’amphithéâtre, du côté du midi, sont les restes du théâtre. Deux portions de la décoration extérieure sont visibles ; celle du midi, engagée dans le mur de la ville, conserve les trois étages dont se composait l’édifice : c'est ce qu’on nomme la Tour Rolland ; celle du nord n’a plus que l’arcade du rez-de-chaussée, et c’est par celle-là que l’on arrive à la petite place sur laquelle était jadis l’ancienne maison de la Miséricorde, bâtie exactement sur l’emplacement de la scène, aujourd’hui démolie. Il reste de ce théâtre les fondations du mur de face de la scène, et deux admirables colonnes de brèche d’Afrique, avec soubassement, bases, chapiteaux et partie de l’entablement. La scène proprement dite, le proscenium, et une partie des gradins ont été mis en totalité à découvert pendant l’administration de M. Laugier de Chertrouse, ancien maire d’Arles.. Cet adininistrateur a fondé un musée où sont recueillis et conservés avec le plus grand soin tous les vestiges de l’art exécutés à toutes les époques de l’histoire ; en regard des bas-reliefs et chapiteaux antiques, on voit des sarcophages chrétiens d’un beau travail et du plus grand intérêt. Pour avoir une idée exacte de l’amphithéâtre et du théâtre d’Arles, on doit voir au palais des Beaux-Arts, à Paris, les plans en relief de ces deux monuments faits avec la plus grande exactitude par M. Pellet.

 

Obélisque à Arles vers 1890 - aquarelle conservée par la  ©  BNF,  restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Obélisque à Arles sur la Place de la Maison Commune, vers 1790, par Antoine Meunier,
aquarelle du fonds de la BNF et reprise numériquement par mes soiins,

Obélisque. Cette superbe aiguille, en granit de l’Esterel, est le seul monolithe de granit exécuté hors de l’Egypte. Ce fut en 1389 qu’on en fit la découverte, mais il ne fut retiré de terre que sous le règne de Charles IX. En 1676, on l’érigea sur la place Royale ; un globe fleurdelisé fut placé à sa cime, et des inscriptions gravées sur son piédestal le dédièrent à Louis XIV, alors régnant. L’obélisque a 16 m 26 cm de long, l m  66 cm de largeur à sa base, et porte sur quatre lions en bronze placés en 1829, époque de la restauration du monument ; le piédestal a 4 m 54 cm de hauteur ; ainsi le monument entier a 20 m 14 cm d’élévation. Il est imposant et noble, et bien en rapport avec l’étendue de la place.

Place Royale à Arles vers 1835 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Place Royale à Arles vers 1835, gravure de J.M. Véran
extraite des Fastes de la Provence - M. Fouque - 1837
(collection personnelle).
A noter qu'il s'agit ici de la même place que ci-dessus, nommée Place de la Maison Commune à la Révolution,
et renommée Place Royale par la suite et Place de la République en ce XXIème siècle

 

 

Colonnes antiques à Arles  vers 1820 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Portique et colonnes antiques à Arles vers 1820, gravure de Bence
extraite du Nouveau voyage pittoresque de la France - Osterwald - 1827
(collection personnelle).

Arles possède encore plusieurs autres débris de monuments antiques. Sur la place St Lucien se trouvent deux colonnes de granit, adossées au mur d’une maison, et soutenant l’angle d’un fronton d’ordre corinthien qu’on croit être les restes d’un temple de Minerve.
Non loin de là sont les ruines des Thermes ou du Forum, édifice encore enfoui dans plusieurs de ses parties et des plus curieux à visiter. Représentez-vous une cour rectangulaire autour de laquelle règne une double galerie à arcades surbaissées, et vous aurez une idée de l’ancien Forum d’Arles. L’intérieur de ce monument était, d’après Sidoine Apollinaire, orné de colonnes et de statues. Aujourd’hui la plupart des galeries sont encore encombrées de terre. A l’extrémité de l’une d’elles, on trouve un autel sur lequel les premiers chrétiens d’Arles paraissent avoir célébré le saint sacrifice. Vers les bords du Rhône et près l’ancienne maison du grand prieuré de l’ordre de Malte se trouvent les ruines de l’ancien palais de Constantin.

Colonnes antiques et statues à Arles  vers 1820 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Colonnes antiques à Arles vers 1820, gravure de Bence
extraite du Nouveau voyage pittoresque de la France - Osterwald - 1827
(collection personnelle).

Eglise cathédrale St-Trophime. Cette église fut bâtie par saint Virgile, au commencement du VIIe siècle, sous l’invocation de saint Etienne. Elle prit le nom de St-Trophime, en 1152, époque où les reliques de cet évêque y furent transportées. En 1421 et en 1450, elle fut agrandie. Dans son état actuel, c’est une des églises les plus remarquables du département ; l’intérieur est fort vaste et décoré d’assez bons tableaux ; la petite nef fait le tour du sanctuaire. Le portail, bâti dans le XIIIe siècle, est un chef-d’œuvre d’architecture du temps ; le dessin en est simple et grand, les détails très riches, et la sculpture aussi bonne qu’on puisse l’attendre de cette époque. La façade s’élève sur un vaste escalier de huit ou dix marches, et se termine en un fronton dont les deux côtés inclinés portent une corniche soutenue d’espace en espace par des consoles, dont la face représente des figures allégoriques, des mufles de lion, etc. La porte est profondément enfoncée, et surmontée d’un grand arc à plein cintre. Il y a de chaque côté du portail six colonnes, les unes rondes, les autres octogones, qui forment six niches. La porte, qui s’élève encore de deux marches au-dessus du premier palier, est partagée en deux par une colonne d’un beau granit violet de l’île d’Elbe, dont le chapiteau et la base sont ornés de figures humaines. Ce portail est orné d’une multitude de figures représentant la tentation de la première femme, la naissance du Christ, le jugement dernier, enfin des supplices, où l’horrible et le grotesque se tiennent par la main.

 

Cloître de St-Trophime à Arles vers 1850 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Cloître de St-Trophime à Arles vers 1850, gravure de Rouargue frères
extraite de l'Histoire des villes de France - Aristide Guilbert - 1859
(collection personnelle).


Non loin de cette église et derrière l’ancien palais archiépiscopal est le beau cloître de St-Trophime. Ce monument, dont l’architecture est gothique, est divisé en quatre galeries, renfermant ensemble cinquante arcades. Ces galeries ont été construites à des époques diverses, puisque le style est différent. Les galeries nord et est sont à plein cintre incliné ; leur construction remonte au XIe siècle. Les galeries sud et ouest sont en ogives et de la fin du XIVe siècle. Elles paraissent avoir remplacé à cette époque cette partie du cloître qui s’était peut-être écroulée ou menaçait ruine. Le préau de ce cloître a 17 m du midi au nord, et 19 m. de l’est à l’ouest.

Notre-Dame de la Major. La fondation de cette église remonte au VIe siècle ; l’on croit qu’elle a été bâtie sur les fondations d’un temple de Cybèle ; le fameux autel de la bonne déesse, conservé au musée d’Arles, y fut trouvé en 1758, en fouillant sous le seuil de la porte d’entrée

Outre ces deux paroisses, il y a deux succursales sous le titre de St-Césaire et de St-Julien.

 

Cloître de Mont-Majour à Arles vers 1830- gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Cloître de Mont-Majour à Arles vers 1830, gravure de Rauch
extraite du Guide pratique du voyageur en France - 1838
(collection personnelle).

L’église de Mont-Majour, peu éloignée de la ville, fait partie du territoire d’Arles. L’abbaye de Mont-Majour fut fondée au Xe siècle, sur un rocher autrefois entouré de marais que traverse aujourd’hui une belle route. La façade du midi est entièrement ruinée ; celle du nord, simple mais imposante par son élévation, est bien conservée et domine majestueusement la plaine : l’église, une belle tour et la chapelle Sainte-Croix sont les parties anciennes qui ont échappé à une entière destruction. L’église, autrefois fort vaste, a été raccourcie en démolissant une partie de la nef et en reportant la façade vers le chœur. Elle est surtout remarquable par une chapelle souterraine, où l’on descend par un vaste escalier, au pied duquel elle s’étend sous l’église supérieure en forme de croix, La tour est un monument magnifique, édifié en 1369. Sa hauteur est de 26 m, sa largeur de 12 m de l’est à l’ouest, et de 6 m 50 cm du nord au sud.
La chapelle Ste-Croix est un charmant petit édifice voisin de Mont-Majour, dont la construction remonte à l’an 1019. Son plan est une croix grecque formée par quatre cercles rentrant l’un dans l’autre. Le rocher sur lequel est bâti ce petit chef-d’œuvre est creusé partout comme une ruche ; on y a pratiqué un nombre considérable de tombeaux de toutes formes et de toutes grandeurs.

Eglise St-Honoxat. Celte église fut fondée au VIe siècle par l’évêque St-Virgile. Elle a souvent changé de face depuis, et est réduite presque au seul sanctuaire, entouré de plusieurs chapelles vastes et riches autrefois ; la fameuse crypte, autrefois si révérée, est presque tout ce qui reste de la primitive construction. Le sanctuaire est du XIIe siècle et peut-être du XIe. On a découvert extérieurement en 1841, contre le flanc méridional de celte église, les plus anciennes peintures qui existent en France. Derrière un mur élevé contre le mur du nord de l’église primitive auquel on faisait des réparations, on aperçut, sur le bandeau et le tympan d’une large archivolte, des peintures à fresque analogues à celles de Pompéi, et un personnage vêtu d’une robe, d’un manteau et qui est nu-pieds. On travaille au dégagement des matériaux qui interceptent la vue du reste de ces peintures, dont il est on ne peut plus intéressant de continuer la découverte.

Hôtel de ville. Cet édifice fut construit sous Louis XIV d’après les dessins de Mansard. Il est à trois étages et est décoré d’un ordre corinthien, plus riche du côté de la place du marché, où est la façade principale, plus simple du côté opposé, mais ayant, sous l’un et l’autre aspect, une grande et magnifique apparence ; l’architecture de la voûte est regardée comme une merveille. A l’extrémité orientale s'élève une tour plus ancienne que l’édifice dans lequel elle est engagée, mais qui cependant, d’après le style de son architecture, ne saurait remonter au-delà du XVIe siècle.

Bibliothèque publique. Elle est placée au nord et au premier étage de l’hôtel de ville, et se compose d’environ 12,000 vollumes, provenant d un contingent considérable des livres acquis par la ville, de la bibliothèque de M. de St- Vincens, et de quelques livres qui faisaient autrefois partie des bibliothèques des anciens corps religieux.

Les archives d’Arles renferment entre autres curiosités une très-belle charte décorée de bonnes peintures qui représentent l’empereur Charles-Quint tout vêtu d’or, coiffé de la couronne impériale et armant un chevalier espagnol : un second sujet représente le même chevalier à cheval et portant un étendard en forme d’oriflamme. En tête de la charte est le portrait de Charles-Quint, vu de profil, avec la couronne impériale et des vêtements d’or. Tous les ornements de cette peinture sont dorés. Cette belle charte porte la signature et le sceau de Charles-Quint.

Musée. Il est placé dans l’ancienne église Ste-Anne, où l’on a réuni les divers morceaux d’antiquité dispersés dans l’enceinte d’Arles et sur son territoire. Les principaux objets que l’on y remarque sont : l’autel dédié à la bonne déesse ; le fameux Mithras, figure enveloppée d’un long serpent, entre les plis duquel sont sculptés les signes du zodiaque ; un bas-relief représentant les Muses ; le groupe de Médée prête à égorger ses enfants, ouvrage barbare mais singulier ; une borne militaire célèbre et souvent citée, qui porte les noms des empereurs Théodose et Valentinien ; de deux Silène ; de deux belles têtes en marbre blanc, dont l’une représente une divinité de l’Olympe, et l’autre un empereur romain ; enfin plusieurs sarcophages remarquables, et un grand nombre de cippes, d’autels votifs et autres fragments d’un plus ou moins grand intérêt.

Industrie. Fabrique de chapellerie, de saucissons renommés. Filatures de soie. Construction de navires. Commerce considérable de blé, vins, huiles, manne, fruits, saucissons, chevaux, mulets, bêles à cornes, moulons, porcs, sel, soude, laines. Entrepôt du sel que produisent les quatre salines de son territoire. Cabotage très actif. Bateaux à vapeur pour Marseille. Cent bâtiments, de la capacité de 30 à 180 tonneaux, sont constamment sous charge pour Marseille et Toulouse. On trouve à noliser en tout temps pour tous les ports de la Provence, du Languedoc et de la Catalogne. — Foires le 17 janv. (8 jours), 14 fév. (3 jours),, 3 mai et jeudi avant la Pentecôte.

Arles est à 89 k. N.-O. de Marseille, 718 k. S.-E. de Paris, pour la taxe des lettres. Lat. N. 43° 40' 31", long. E. 2° 17' 32".

L’arrondissement d’Arles est composé de 8 cantons : Arles E., Arles O., Château-Renard, Eyguières, Sles-Maries, Orgon, St-Remi et Tarascon.

Biographie. La ville d’Arles est la patrie de

  • L’empereur Constantin le Jeune.
  • D’Hugues de St-Césairr, auteur de la Fée des Troubadours.
  • De Denis Fauchier, auteur latin.
  • De Pierre Saxé, historien d’Arles.
  • De F. Porchier, antiquaire.
  • De J.-L. Roullet et de Baléchou, graveurs.
  • Du mathématicien Lieutaud, auteur de la Connaissance des temps, depuis 1703 jusqu’en 1729, 27 vol. in-12.
  • Du marquis P.-A. Antonelle, député à rassemblée législative, auteur du Catéchisme du tiers état, in-8,1789, exilé sous l’empire à Arles, où il est mort dans un âge avancé en 1819.
  • De Piquet de Méjanes, bibliographe.
  • D’Alex. Savérien, mathématicien, mort eu 1805, auteur entre autres ouvrages de l'Histoire des progrès de l’esprit humain dans les sciences exactes et dans les arts qui en dépendent, 6 vol. in-8, 1766-71 ; Dictionnaire historique, théorique et pratique de marine, nouvelle édition, 2 vol. in-8, 1781 ; Dictionnaire universel de mathématique et de physique, 2 vol. in-4, 1752.
  • De Molinier, prédicateur, mort en 1745, auteur des Lettres servant de réponse aux Lettres philosophiques sur les Anglais, etc., in-12, 1785.
  • Du jurisconsulte Brunet.
  • Du poêle Robin.
  • De A. de Laurens, premier médecin de Henri IV, auteur d’un Traité d’anatomie.
  • Le littérateur Pascal Delacroix.
  • De J. Didier Véran, antiquaire, auteur de plusieurs mémoires insérés dans le recueil de la société royale des antiquaires de France.
  • De M. Amedée Pichot, médecin et littérateur, né eu 1796. On a de lui : Opinion des médecins d’Edimbourg sur la petite vérole et la vaccine, in-8, 1824 ; Essai sur le génie et le caractère de lord Byron, in-18, 1824 ; Living (the) poet of England, etc., 2 vol. in-8, 1827 ; Voyage historique et littéraire en Angleterre et en Ecosse, 3 vol. in-8, 1825 ; Vues pittoresques de l’Ecosse, in-4, 1826-28. Et plusieurs traductions de poésies et de romans anglais.rri-’ loire, par rapport à la contagion, depuis le 26 novembre 1720.



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Zoom sur L'Amphithéâtre d'Arles  vers 1820 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur   Zoom sur lL'amphithéâtre d'Arles en 1666 - gravure reproduite par la © BNF et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur   Zoom sur Place Royale à Arles vers 1835 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur   Zoom sur Cloître de St-Trophime à Arles vers 1850 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur

Zoom sur Porte de l'amphithéâtre d'Arles vers 1830 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur   Zoom sur Porte du théâtre d'Arles vers 1820 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur   Zoom sur Obélisque à Arles vers 1890 - aquarelle conservée par la  ©  BNF,  restaurée numériquement par © Norbert Pousseur   Zoom sur Colonnes antiques à Arles  vers 1820 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur   Zoom sur CColonnes antiques et statues à Arles  vers 1820 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur   Zoom sur Cloître de Mont-Majour à Arles vers 1830- gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur 

 

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