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Les villes à travers les documents anciens

Vignette : Page de garde de l'Album du Dauphiné - 1835 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur

Guillestre dans les Hautes-Alpes, vers 1830

 

Guillestre vers 1830 par Alexandre Debelle  - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Guillestre vers1830, gravure d'Alexandre Debelle de l'Album du Dauphiné (1835)
collection personnelle

Voir aussi, sur ce site, le département des hautes-Alpes en 1883

 

Texte extrait de l'Album du Dauphiné (1835)


Guillestre : Fondée chez les anciens Gallites dont le territoire s’étendait de la Durance au Mont-Viso, Guillestre reporte ses vieux souvenirs au temps de la domination romaine dans notre contrée. La peuplade qui l’habitait, si toutefois ce lieu existait déjà, ou qui, du moins, occupait le pays où la ville aurait depuis été bâtie, dépendait de la ligue des Alpes ; elle est citée par divers géographes. Pline en fait mention avec d’autres bourgades voisines qui, toutes réunies, consultant plutôt leur courage que leurs forces, entreprirent de s’opposer à l’entrée d’Auguste dans les Gaules ; elles furent défaites et soumises, et, pour constater à jamais leur déroute, le sénat fit élever, au sommet de la Tourbie, près de Vintimille, un fastueux trophée sur lequel on grava les noms des peuples vaincus.

Guillestre, environnée de montagnes, rappelle aussi, comme un monument de son histoire, une large pierre de la hauteur de dix pieds et en forme de cône renversé, qu’on voit isolée sur le plateau de la Chalp : on croit que cette pierre a dû servir au culte des Druides. Il serait possible également que son propre nom, celui du Guil, petite rivière qui coulait autrefois au pied de ses murs et qui en est aujourd’hui éloignée, celui d’Eygliers, village de sa banlieue, l’indication de forêt sacrée donnée dans des actes du Moyen-âge â la forêt de Combe-Chauve (voir note ci-dessous), et l’antique fête de la Frérie (voir note ci-dessous), supprimée seulement depuis 1801, fête où l’on promenait dans les rues, au son d’instruments de musique, deux bœufs et un veau couverts d’une toile blanche, et les cornes ornées de fleurs, fussent des restes transmis jusqu’à nous, des superstitions et du gui sacré des habitants primitifs de cette partie des Hautes-Alpes. Dans ce doute, que conclure ? Il suffira de dire que cette petite ville passe pour être ancienne, et qu’il y en a qui pensent que son nom pourrait lui venir plutôt de sa position au-delà du Guil (Guil extra), par rapport au Briançonnais et à la grande voie du Mont-Genèvre.

Quelle qu’en soit au surplus l’origine, chose d’ailleurs de peu d'utilité, il est certain que Guillestre formait un bourg considérable dès le XIIe siècle. Chef- lieu d’une seigneurie dépendant de l’empire, et dont l’archevêque d’Embrun prenait le titre de baron et de prince, elle faisait partie des états de ce prélat. Elle s’accrut le siècle suivant, par suite de l’évènement désastreux qui détruisit la petite ville de Rame, près de l’Argentière, et força sa population à chercher un nouvel asile. Rame, menacée depuis longtemps d’une ruine prochaine, avait déjà vu son territoire envahi par la Durance : cette rivière, dans un de ses débordements, la dévasta tout entière, ne laissant debout qu’une portion du château et de l’église, vestiges que six cents ans ont respectés. Ses habitants, privés de toutes ressources, se réfugièrent les uns à Champcella (Champ caché) d’autres à Seillac (Lac desséché - Sec lac), le plus grand nombre à Guillestre, où ils fondèrent le quartier appelé Villeneuve ou Nouvelle-Rame, nommé dans des titres latins Rama-Alba.

Malgré cet accroissement subit, les nombreuses constructions qui durent en être la suite, et l’impulsion plus active que parut recevoir un moment l’industrie du pays, Guillestre n’en retira pas d’abord un grand avantage ; elle ne fut même élevée au rang de ville qu’en 1500.
Elle avait alors un château fort dont il reste des ruines, une enceinte de murailles et d’autres ouvrages d’art qui, joints à une position favorable, la rendirent pendant nos guerres de religion un poste important. Dès les premiers troubles, les réformés de l’Embrunois, qui tenaient à s’en emparer pour en faire une de leurs principales places, mirent tout en usage dans le but de s’en rendre les maîtres. Peut-être auraient-ils, à force d’intelligences, réussi dans leurs vues, si Gordes, lieutenant-général du gouverneur du Dauphiné, n’eût déjoué de bonne heure leurs desseins : encore fallut-il qu’il se rendît sur les lieux pour calmer l’effervescence et contenir les factieux (1565).
Montbrun essaya de la surprendre après la journée de la Saint-Barthélemy ; elle fut aussi assiégée ouvertement en 1583, mais toujours sans succès. Guillestre resta aux catholiques ; plus tard, elle se déclara pour les ligueurs, et c’est sur eux que Lesdiguières la prit en 1589, après une vive attaque de deux cents coups de canon ; elle vit cette dernière fois ses remparts démolis par ordre de ce chef. Le gouvernement de la province les fit depuis relever, lorsqu’il fortifia les frontières du côté du Piémont.

Pour comble de maux, cette ville eut à souffrir de la peste pendant les années 1600 et 1601.

A une époque plus rapprochée de nous, Guillestre s’est distinguée par la courageuse résistance qu’elle opposa au duc de Savoie, qui venait de se liguer avec l’empire et l’Espagne contre Louis XIV. Ses habitants, voisins des Briançonnais, se dévouèrent comme eux, lors de l’invasion de l’armée coalisée en 1692 ; malheureusement leurs efforts devinrent inutiles. Briançon fut emporté d’assaut et brûlé. Défendue par de seuls miliciens, par des vieillards, et sans espoir de secours, Guillestre se rendit à temps pour échapper au même sort, elle ne demanda toutefois à capituler qu’à la dernière extrémité, lorsque les munitions de guerre commençaient à manquer, et après avoir arrêté l’ennemi dans sa marche pendant six jours. L’armée victorieuse attaqua ensuite Gap, Tallard et plusieurs autres lieux qui tombèrent en son pouvoir.
Ce fut durant cette guerre désastreuse, réparée bientôt par la prudence et les exploits de Catinat, qu’on sentit plus que jamais la nécessité de fortifier les Hautes-Alpes. Vauban eut la direction des nouveaux travaux, mais on préféra à Guillestre Mont-Dauphin, mieux situé et d’une défense plus facile, éloigné seulement d’une demi-lieue.

Guillestre perdit dès ce moment toute son importance militaire : ses vieux remparts furent délaissés. Néanmoins, sa population, qui s’élève de nos jours de seize à dix-sept cents âmes, ses ressources commerciales et son emplacement près du Guil, au confluent du Rioubel et de la Chagne, emplacement propice à l’industrie, continuèrent toujours à la rendre le principal lieu de la contrée. Elle est encore aujourd’hui le chef-lieu d’un canton dépendant de l’arrondissement d'Embrun, et composé de onze communes, au nombre desquelles se trouve Mont-Dauphin. Son commerce actuel consiste en laines, en bestiaux et en peaux non travaillées ; ses foires sont assez considérables. Mieux partagée en même temps que bien d’autres petites villes des Hautes-Alpes, elle possède, outre ces richesses et les produits agricoles de son territoire, un ancien martinet, une mégisserie et une fabrique de ratines.

 

La forêt de Combe-Chauve :
Quoique cette forêt ait cessé depuis longtemps d’être un objet de vénération publique, les habitants de Guillestre, qu’elle préserve d’un danger imminent, ne laissent pas de sentir chaque jour toute la nécessité de la conserver entière. Que de lieux seraient encore à l’abri des inondations et des avalanches, si une main profane n’y eût point renversé ces barrières que la providence avait placées non sans dessein autour d’eux !

Fête de la Frérie :
Cette fête, à laquelle présidait la religion, et ainsi nommée parce que tous les habitants, sans distinction d’âge ni de fortune, y étaient traités et regardés comme frères, se célébrait chaque année le jour de la pentecôte. Il y avait un prieur et des conseillers chargés de l’administration et de la surveillance des revenus de la fondation. L’achat des deux bœufs et du veau, le soin de les mettre à l’engrais, et celui de faire travailler à une vigne et aux autres fonds de la frérie, étaient au nombre des attributions du prieur.

Deux jours avant la Pentecôte, ces bœufs et ce veau, image des victimes du paganisme, et peut-être plus spécialement des deux taureaux blancs qu’on sacrifiait au retour de la cérémonie où se cueillait le gui sacré, et après lequel sacrifice chaque assistant recevait une part de la victime, étaient promenés dans les rues avec pompe. On les ramenait chez le prieur, où ils étaient bientôt abattus et dépecés : le curé en habits sacerdotaux allait bénir cette viande et le pain.
Le jour de la fête, tous se rendaient au festin, les serviteurs ainsi que les pauvres ; c’étaient les conseillers municipaux de la commune qui servaient eux-mêmes à table les convives. Deux repas avaient lieu, l’un le matin, l’autre le soir ; le curé y assistait chaque fois, et rendait les actions de grâces d’usage ; chaque repas était terminé par un office religieux. Ce jour, se distribuaient aussi à chaque famille, à domicile, de la soupe et du pain, à raison de deux livres pour chaque membre de la famille, y compris les enfants à la mamelle.
Le lendemain lundi ; se faisait une autre distribution de vivres aux pauvres en particulier. Après ce repas, on priait pour les défunts.
Le mardi, se célébrait à l’église un office des morts pour les prieurs décédés. L’on choisissait ensuite un nouveau prieur parmi les gens les plus recommandables par leur probité : à cet effet, l’on se rendait chez le nouvel élu, on lui présentait un flambeau garni de fleurs, et on le conduisait à l’église où était chanté un Te Deum solennel.
Cette fête, suspendue plusieurs fois, mais toujours renouvelée, a cessé entièrement depuis la vente des biens qui formaient sa dotation, et qui ont été vendus comme biens nationaux.

 


Texte extrait (sans la partie historique) du Guide pittoresque du voyageur en France - éd. 1838

GUILLESTRE :Texte extrait du Dictionnaire de toutes les communes de France - éd. 1851
Augustin Girault de Saint Fargeau - (collection personnelle).

Bourg des Hautes-Alpes (Dauphiné), arrondissement et à 19 km d’Embrun, chef-Lieu de canton. Cure. Bureau de poste. À 708 km de Paris pour la taxe des lettres. Population 1,759 habitants. Terrain jurassique.
Ce bourg, situé dans la vallée du Guil, était autrefois une ville forte qui fut assiégée par les religionnaires.
Le duc de Savoie la prit en 1692, après six jours de siège.
Patrie du lieutenant général Albert.
Foires les 1er septembre, 1er novembre, 2e lundi de mai, 1er lundi de juillet, 3es lundi et mardi d’octobre.

 

GUILLESTRE : Article extrait du Dictionnaire universel de la France - Robert de Hesseln - 1771
(collection personnelle
)

Petite ville de l’Embrunois, dans le haut Dauphiné, située au pied des montagnes , sur un ruisseau de même nom, au-dessus de son confluent avec la Durance, à une lieue au levant d’hiver de Mont-Dauphin, et à environ trois au levant d’été d’Embrun ; diocèse de cette ville, parlement et intendance de Grenoble, élection de Gap.
On y compte environ 900 habitants.
C’est une baronnie qui conserve encore le titre de baronnie de l’Empire. Son terroir est couvert de neige pendant la plus grande partie de l’année.

 

Voir l'article de Wikipedia sur Guillestre





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