| Texte extrait du Dictionnaire de toutes les communes de France  - éd. 1851 - Augustin Girault de Saint Fargeau (collection personnelle).
  Hyères dominant la mer vers 1845, gravure de Ricois
 publiée dans  le Dictionnaire de toutes les communes de France  - éd. 1851 - Augustin Girault de Saint Fargeau
 collection personnelle
   HYÈRES, Olbia, Areœ, Castrum Arœarum, ville ancienne,  Var (Provence), arrondissement et à 19 km de Toulon-sur-Mer, chef-ieu de canton.  Cure. Gîte d’étape. Bureau de poste. Relais de poste. 855 km de Paris pour la  taxe des lettres. Pop. 9,966 habitants — Terrain tertiaire moyen.          Hyères est une ville d’origine grecque, qui porta  primitivement le nom d'Arcœ ; les Romains la nommèrent Hieros  et l’embellirent de plusieurs monuments qui ont entièrement disparu par  l’effet désastreux des différentes incursions des barbares africains.Il a été découvert près d’Hyères une ancienne cité romaine.  On a procédé aux fouilles qui ont été dirigées par l’honorable M. Denis, alors  député du Var. Les travaux, établis sur une ligne de plus de 80 à 100 m à  partir du bord de la mer, ont mis à nu un hypocauste (système de chauffage par le sol) de très grande dimension, des  réservoirs, des piscines ; plusieurs salles, dont les murailles étaient  enduites d’un glacis recouvert de peintures curieuses, ont été déblayées ;  l’une d’elles présente une forme semi-circulaire fort élégante. Les peintures,  enfouies depuis tant de siècles, ont conservé une fraîcheur extraordinaire,  mais qui semble subir une assez prompte altération par suite de l’action de la  lumière ; des arabesques, des figures d’hommes et d’animaux, des fleurs,  des fleurons bizarres semblables à ce qu’on trouve de plus élégant à  Herculanum et à Pompéia, se rencontrent çà et là dans ces décombres. On a suivi  une triple conduite souterraine pour les eaux qui devaient alors être fort  abondantes sur ce point, où aujourd’hui l’on ne trouve que quelques puits fort  rares.
 A 130 m du bord de la mer, parallèlement à l’un de ces murs d’origine  phénicienne qu’on a signalés quelquefois sur les côtes méridionales de la  France, mur qui se trouve surmonté d’une muraille de construction romaine, on  a trouvé une suite de voûtes renversées, déchirées, qui semble indiquer que cet  établissement a considérablement souffert, aux temps passés, des violentes  secousses du sol. M. Denis pense, avec quelque raison, que les ruines romaines  d’Almanare ne sont autres que celles de Pomponiana, indiquées dans l’Itinéraire  maritime d’Antonin comme lieu de station pour les galères romaines.
  La ville d’Hyères fut reconstruite après l’expulsion des  Sarrasins du Fraxinet ; elle était défendue par un château bâti sur une  grande partie de la montagne qui domine Hyères. Ce château fut assiégé sans  succès par les comtes de Provence, par Raymond de Turenne, par les Carcistes,  par les troupes de Henri IV, et par le baron de Vins ; le duc de Guise  s’en empara de vive force et le fit détruire de fond en comble, à l’exception  d’une porte antique assez bien conservée.  Les armes d’Hyères sont : d’azur à un château de  trois tours crénelées d'argent, deux aux cotés et une au milieu, avec trois  lésants d’or de rang posés en pointe.
  Hyères depuis le pont Roubaud, vers 1845, gravure d'Alphonse Denis
 gravure extraite du Magasin pittoresque - 1847
 Collection personnelle
  La ville d’Hyères est bâtie en amphithéâtre sur le penchant  méridional qui regarde la Méditerranée, et jouit d’une perspective délicieuse  sur une plaine magnifique, sur la mer et sur les riantes îles auxquelles elle  donne son nom. Le printemps y est continuel, et l’hiver qui, dans les autres  contrées de la France, attriste et engourdit la nature, respecte ce canton favorisé  et y laisse presque toujours régner une température douce, qui y entretient la  verdure et la végétation.Le bassin d’Hyères, le plus célèbre et le plus digne de  l’être parmi les abris privilégiés de la Provence, ce bassin, où tant de  personnes, dont la vie a été compromise par la rigueur de nos hivers  septentrionaux, vont chercher la santé et la retrouvent quelquefois, est  préservé des vents du nord-est par tout le massif des montagnes des Maures, et  de l’influence trop directe de la mer par la montagne des Oiseaux, située au  sud-ouest. C’est une espèce de serre naturelle. Ses beaux jardins d’orangers  rappellent les environs de Syracuse, ou les rivages de Majorque.
 Ce site  privilégié n’a que peu d’étendue, et l’on commet une grande erreur lorsqu’on  répète que c’est aux îles d’Hyères qu’on trouve le doux climat qui répare les  injures du Nord. Quoique situées à plusieurs kilomètres plus au sud, les îles  d’Hyères ne sont pas abritées comme Hyères même ; le vent du nord-est et  l’influence de la mer y reprennent leur empire.
 
  Place des Palmiers à Hyères vers 1880
 gravure extraite de La France illustrée - V.A. Malte-Brun - 1880
 (collection personnelle).
  L’intérieur de la ville n’a rien de séduisant. La plupart  des rues sont étroites, escarpées, tortueuses et fort mal pavées. La partie la  plus élevée est couronnée de rochers et de vastes débris de l’ancienne  forteresse ; de là descend une chaîne de murs énormes qui jadis entouraient  la ville. Dans cette partie s’élève un roc escarpé qui porte une des églises  paroissiales, grand édifice assez curieux, classé récemment au nombre des  monuments historiques. Au- dessous, on voit un château isolé, occupé par  l’hôtel de ville, dont la façade donne sur la place du marché. Plus bas est la  place Royale, vaste et symétrique, mais triste et mal entretenue, décorée  d’une colonne qui supporte le buste en marbre blanc de Massillon, monument  d’un beau travail, entouré d’une grille dorée. Le faubourg est le quartier le  plus propre et celui que préfèrent les étrangers ; on y voit des hôtels  et des maisons de toute beauté, d’où l’on jouit d’une perspective admirable sur  une plaine couverte d’orangers, de citronniers, de vignes et d’oliviers, au  milieu desquels se balancent les hautes cimes de quelques palmiers, dont le  brillant feuillage, nuancé par l’éclat des fleurs et des fruits, ressemble à un  jardin continuel que termine l’azur des eaux confondu avec celui du ciel.    Hyères : une rue de la vieille ville et le Quartier St paul vers 1885
 gravures extraites de Du Cap Cerbère à Menton - Les côtes de la France - de Lalaing - 1890
 Collection personnelle
  Le territoire d’Hyères est principalement consacré à la  culture de l’oranger, qui n’est pas ici un faible arbuste, mais un arbre de  haute futaie, cultivé en pleine terre dans deux jardins principaux, ceux dé  MM. Fille et Beauregard. Voici la description du jardin de M. Fille, qui, avant  l’hiver de 1820, rapportait annuellement plus de 40,000 francs. Les arbres y  sont si serrés les uns contre les autres, qu’il serait impossible de passer à  travers les massifs. Divers sentiers y permettent la circulation. On y compte  dix-huit mille orangers qui, chargés de fleurs et de fruits, offrent l’abri de  leur feuillage à un nombre infini d’oiseaux, parmi lesquels se trouve une  multitude de rossignols. Les orangers attirent aussi un grand nombre  d’abeilles, dont le bourdonnement se mêle au chant des oiseaux et donne de la  vie à cette solitude.
 Il faut aux orangers de la chaleur et de l’humidité. La  chaleur, c’est le soleil de Provence qui la leur donne. L’humidité èst entretenue  par d’abondantes irrigations. L’eau qui tombe de la montagne est recueillie  dans des réservoirs et distribuée journellement dans chaque bosquet, à l’aide  de rigoles ou de tuyaux de bois.
 Il suffit en outre, pour que les arbres  prospèrent, de bêcher la terre au pied trois fois l’année : on a soin  aussi de ne pas laisser prendre aux branches trop d’accroissement ; ils  donneraient moins de fruits. Le même arbre présente à la fois des fleurs, des  fruits naissants et des fruits parvenus à leur maturité. Le vert gai et luisant  des feuilles, qui paraissent couvertes d’un vernis, le blanc éclatant des  fleurs, les nuances diverses des fruits dorés, forment un agréable mélange. On  voit aussi dans ce jardin plusieurs variétés de citronniers, de bigaradiers,  de cédrats, de bergamotiers et de grenadiers ; un nombre considérable  d’arbres fruitiers, pêchers, poiriers, etc., de toute espèce.
 L’orange  n’acquiert sa parfaite maturité que plusieurs mois après là chute de sa fleur :  si elle reste sur l’arbre à l’époque de la floraison, elle perd son suc ;  mais elle le reprend quand les nouveaux fruits sont noués.
 Les fruits  cueillis sur l’arbre ont toujours un goût âpre, quelque mûrs qu’ils soient ;  ils sont meilleurs quelques jours après avoir été cueillis. A Hyères, on  récolte les oranges destinées aux pays lointains dès qu’un petit point jaune a  marqué leur écorce ; on les expédie dans cet état, et elles achèvent de mûrir  en moins de quarante jours.
  La plaine qui se trouve au midi de la ville est d’une vaste  étendue ; mais plus elle approché de la mer, plus elle devient infertile,  à cause des sables et de l’aridité du sol. Au fond de cette plaine se trouve la  presqu’île de Giens, qui contient l’étang de Pesquier et forme deux belles  rades : celle d’Hyères, où débarqua saint Louis à son retour d’Égypte, et  celle de Giens. C’est dans ces deux rades que se réunit, en 1830, la flotte de  cinq à six cents voiles destinée à l’expédition d’Alger.  Au quartier St-Laurent, sur le bord de la mer, est le vaste  établissement des salines, où l’on arrive par un chemin agréable et bien entretenu,  à travers une plaine embellie par une verte prairie qu’arrose la rivière de  Gapeau. On ne doit pas manquer de visiter la jolie chapelle de Notre-Dame,  décorée d’un tableau du Pujet représentant les douze apôtres allant visiter le  saint sépulcre, et, près de là, la grotte des Fées, qui renferme une multitude  de belles stalactites.
  Biographie. Hyères est la patrie du célèbre prédicateur Massillon
 Du P. Guibaud, auteur de quelques ouvrages religieux,
 
 IndustrieFabriques d’huile d’olives. Distilleries  d’eau-de-vie, de rafle d’eau et de fleur d’oranger. Filatures de soie. Culture  du mûrier. —
 
 Commerce de vins, huile d’olives., sel, grenades, oranges,  citrons et autres fruits. —
 
 Foires les 1er et 2 mai et 24 août.
 Bibliographie. Gensollex. Essai historique, topographique  et médical sur la ville dHyères, in-8, 1820.
   
  L'ancien château d'Hyères  vers 1835,  par Rauch
 gravure extraite du Guide pittoresque du voyageur en France - 1838
 Collection personnelle
 Article extrait du Dictionnaire universel géographique et historique - Thomas Corneille - 1708 (collection personnelle)
 HIERES. Ville de la Provence Maritime que les anciens ont appelée  Otbia, Elle est située sur une colline, ce qui est cause qu'il faut  toujours monter ou descendre dans ses rues, qui d’ailleurs sont fort étroites.  Les maisons sont mal bâties, mais on y peut remarquer quatre choses, son  Château, sa Place, une belle église & surtout ses grands jardins qui sont sur  le penchant de cette colline, arrosé de leurs fontaines où l’on voit à perte de  vue, des allées d’orangers, de citronniers, de figuiers, d’oliviers et de  quelques palmiers. Cette quantité d'arbres différents qui charment la vue, a  donné sujet d'appeler Hyères le jardin principal de la Provence.           On y a  des fleurs et des fraises toute l’année. Il y a un petit ruisseau le long  des faubourgs de la Ville qui sert à faire venir des cannes de sucre, et  même par une invention merveilleuse la terre produit du coton, et en même  temps sur un même arbre on voit des fruits mûrs, d’autres moins avancés,  quelques-uns boutonnés, et d’autres aussi en fleurs.  Hyères n'a point de  Port, quoique la mer en soit fort peu éloignée ; mais il y a grand nombre  de marais où l’on fait beaucoup de sel, et très bon, que les étrangers  viennent acheter.  Cette ville a eu autrefois des Seigneurs particuliers, dont  le dernier fut privé des droits qu’il y avait, et du titre de Seigneur, pour  avoir refusé d’en faire hommage à Charles I, Comte de Provence.  Entre plusieurs  îles qu’on trouve sur la côte de cette Province, il y en a trois que l’on  appelle les îles d’Hieres, qui forment une grande rade avec la terre  ferme, d’environ dix milles de long, et de six de large. L’une s'appelle l’ile  de Levant. Elle est située Nord-Est-Sud-Ouest, à huit milles de la terre  ferme, et on la nommait anciennement Hypara ou Hypata. Sa  longueur est de quatre milles, et sa largeur d'un mille et demi. Elle est  inhabitée, et presqu’inaccessible, sans aucun mouillage. Les deux autres  sont Portero et Porqueroles. Les vaisseaux peuvent mouiller sûrement en  toute saison dans cette rade.
 
 
  Porte des Salins d'Hyères vers 1825, gravure de Bourgeois
 gravure extraite du Nouveau voyage pittoresque de la France - 1827 - Ostervald
 Collection personnelle
 Article extrait du Dictionnaire universel de la France - Robert de Hesseln - 1771 (collection personnelle)
 HIÊRES, petite ville de la belle Provence ; diocèse de  Toulon, parlement et intendance d’Aix ; chef-lieu d’une sénéchaussée,  d’une recette et d’une viguerie, située à cinq lieues au-levant de Toulon. On y  compte 1200 à 1300 habitants. Son église paroissiale a été érigée en collégiale  en l’an 1572. Son chapitre est composé d’Un prévôt, de six chanoines, de quatre  bénéficiers et de deux curés ; Il y a encore deux autres paroisses,  deux couvents de religieux, Cordeliers et Récollets,  des filles Clarisses, et deux monastères de filles Bernardines, qui y ont  été transférées de S. Pierre d’Almanar.
 
 Cette ville était autrefois considérable parce  qu’elle avait un port de mer, fort fréquenté par les pèlerins de la Terre Sainte.  Ce port est aujourd’hui comblé, et la mer s’est retirée à plus de 2000 pas  de la côte. Un grand étang qui est dans son territoire, en rendait l’air fort  malsain, par l’infection de ses eaux croupissantes ; mais s’étant fait une  issue dans la mer, l’air s’est beaucoup purifié.
 Cette ville a été longtemps l’apanage des puis-nés des  vicomtes de Marseille, de la maison de Fosc ; mais ces seigneurs furent  enfin forcés de céder la ville, le château et les îles d’Hyères à Charles  d’Anjou, comte de Provence, frère de S. Louis ; et ils obtinrent en  échange plusieurs terres considérables. Cette ville, comme chef-lieu de viguerie,  à droit de députer aux assemblées de la province.  Le terroir de cette seigneurie est connu pour un des plus délicieux  de la province, par la beauté et l’excellence de tout ce qu’il produit. On  fait aussi d’assez bon sel aux environs de cette ville.
   HYÈRES (les îles d’), sont situées près des côtes de la  Provence, avec titre de marquisat ; diocèse de Toulon, parlement et  intendance d’Aix, recette d’Hyères. On y compte environ 850 habitants. Il y en  a trois. Elles ont été habitées en premier par les Marseillais,  qui les appelaient Stoechades. Leurs noms modernes sont : Porquerolles,  Porto-cros ou Torte-cros, Titan ou île du levant.
 Ce qui est  de plus remarquable, c’est que ces îles produisent toutes les  plantes médicinales les plus recherchées de l’Italie, de la Grèce, et même  de l’Égypte. Au reste le séjour y est désagréable, et la vie y est fort  chère. D’ailleurs le climat d’Hyères est aussi beau que celui de Marseille,  et le pays est des plus féconds. La rade d’Hyères est une des plus grandes et des  plus sûres de la Méditerranée. Elle a plus de 15 000 de largeur sur 25 000 de  longueur.         A noter que les dictionnaires anciens nomment Hyères, Hières ou Hieres - Par contre, dans la même page Robert de Hesseln parle de Hières, puis des îles d'Hyères.... 
  Hyères et la mer vers 1865
 gravure extraite de la Géographie illustrée de la France - Jules Verne - 1870
 collection personnelle
   Hyères, ce sont aussi ses îles - en voici une description depuis la mer. Article extrait du Portulan de la mer Méditerrannée ou Guide des pilotes côtiers - Henry Michelot - 1805(collection personnelle)
 Île Ribaudas.De  la pointe d’Escampe-Bariou à la pointe des Badines, il y a environ six milles ; et presque à ’moitié  chemin, il y a une petite île  presque ronde, qu’on appelle  Ribaudas, où Ribadeaux ; et entre  cette île et la côte  d’Escampe-Bariou, il y en a une  autre plus petite, éloignée d’environ deux cent toises.
 On peut passer entre ces iles avec des galères, en observant de passer par le  milieu, où il y a trois ou quatre brasses d'eau : on en voit le fond aisément  en passant ; mais on  ne saurait passer entre cette autre petite île  et la terre, qu’avec des bateaux ;  on peut ranger à discrétion l'île  Ribaudas d’un côté et d’autre,  excepté la pointe du sud ouest, à cause de quelques roches qui en sont proche.
 
 Île Porquerolles.Le golfe ou la baie d’Hyères est formée par deux longues  pointes, dont celle de  l’ouest s’appelle pointe des Badines,  et celle de l’est, le cap de  Benat. Il y a entre les deux un grand enfoncement bordé de plages ; et au dehors de ces  pointes, il y a quatre îles qui  renferment cet espace et cette baie, ce qui fait en même temps, qu’il y à  plusieurs bons mouillages.
 L’île de Porquerolles, qui est la  première du côté de l'ouest, est la plus considérable, soit par ses  fortifications, ou pour être plus habitable que les autres ; elle couvre  aussi davantage des mers du large, les rades dont on va parler ci-après.
 
 Le Langoustier.La  pointe de l’ouest de cette île, qu’on appelle  ordinairement le Langoustier, n’est distante de l’île de Ribaudas, dont nous  avons parlé ci-devant, que d’environ un quart de lieue : on  passe ordinairement entre ces deux îles, avec des  vaisseaux et des galères, y ayant huit, dix à douze brasses d’eau ; ce qu’on  appelle communément, à l’égard des galères, la grande passe ; et à l’égard  des vaisseaux, la petite, vu qu'il y en a une autre,  qui sera expliquée ci-après.
 Cette  pointe, qui est basse, est une presqu’île, comme elle  le parait effectivement de loin, sur laquelle il y a quelques petites  fortifications dessus, et un peu plus haut une tour ronde, avec deux ou  trois maisons auprès.
 Proche  cette pointe, il y a de part et d’autre quelques rochers, sur lesquels il y a  fort peu d'eau ; cependant à mi-canal, on y peut  passer avec les vaisseaux de la République sans nulle crainte.
 Cette  île est longue d’environ deux lieues, et  haute par certains endroits, principalement vers l'extrémité de l’est : il y a  un petit fort vers le milieu du côté du nord, avec une tour dans le milieu.
 Du côté de l’est, il y en a un autre sur une pointe, et  entre les deux un enfoncement et quelques plages de sable, où l'on peut  mouiller avec des vaisseaux  et des galères, par six à sept brasses d’eau,  fond d’herbe et de sable. On y est à couvert de tous les vents du large ; mais pour les vents de  terre, il ne faut pas s’y laisser surprendre : il y a aussi à la pointe du  nord-est de l’île, deux gros  écueils hors de l’eau, et deux autres à celle du sud.
 
 Île Bagueaux.Environ  cinq à six milles vers l’est de l’île  de Porquerolles y il y a une petite île de moyenne hauteur, qu’on  appelle île Bagueaux, qui est inhabitée : elle est la  plus basse de toutes les îles  d’Hyères ; on la peut ranger de  toutes parts, excepté à la pointe du nord-est, où tout proche il y a une sèche  à une longueur de câble.
 La  grande passe, où tous les vaisseaux de la République et autres passent  d’ordinaire, c’est entre  ces deux dernières îles, où il n’y  a rien à craindre.
 
 Île Port-CrosTout proche l’île  Bagueaux y est celle de Port-Cros, qui  est la plus haute de toutes : elle a du côté de l’île Bagueaux, un petit enfoncement qu’on  appelle Port-Cros, où  l’on peut mouiller six à huit galères, mais fort pressées ; il y a trois à quatre  brasses d’eau, suivant les endroits.
 Le traversier de ce mouillage est le vent du  nord-ouest ; il faut  s’approcher du côté de la droite en entrant, où est le plus profond, ayant la  poupe dans le fond de l’anse,  une bonne ancre vers le nord-ouest, et des amarres à terre.
 L’île de Port-Cros est fort haute et  remplie de bruscages : il y a sur la pointe du nord-ouest de l’entrée du port  une petite forteresse, et au-dessus  un fort à étoile avec une tour au milieu : dans le fond de l’anse il y a un  jardin, dans lequel  on peut faire  de l’eau ; à la pointe d'où est le château, il y a  quelques sequans qu'il faut éviter, quoiqu’ils ne soient pas loin.
 On peut aussi mouiller dans une nécessité entre ces deux îles proche  celle de Bagueaux, par quinze à seize brasses d'eau, fond d’herbe  vaseux, ayant une amarre à terre pour être à couvert des  vents d’ouest et nord-ouest, qui sont les traversiers de Porte-Cros : on peut  passer librement avec toutes sortes de bâtiments entre ces  deux îles, où il y a plus de vingt brasses  d’eau.
 De l’autre  côté du château, vers le nord-est, il y a un gros rocher, derrière lequel il y  a un peu d’enfoncement et une petite plage de sable, où dans un besoin on  pourrait mouiller avec deux galères, à quatre à cinq brasses d’eau, fond d’herbe vaseux ; il ny a que  le vent de nord-nord ouest qui y donne ; il y a une  source d’assez bonne eau.
 
 PormayeDu côté de l’est de Port-Cros, il y a un grand  enfoncement, qu’on appelle Pormaye, dans lequel on peut mouiller avec des  galères, principalement du côté du nord, proche de terre, où il y a trois à  quatre brasses d’eau, fond d’herbe vaseux, et à dix à douze par le milieu, même fond ; il ny a rien à craindre que  le vent de nord-est qui y donne à plein.
 On y voit sur la pointe de la  gauche en entrant, une vieille tour qui en donne la connaissance ; dans le fond de la plage, il y a une petite source d’eau.
 Entre l’ile de Port-Cros et celle de  Levant, qui en est proche, il y a une roche sous l’eau, presque  dans le milieu du passage ; ainsi il  serait imprudent d’y passer, à moins que d’en avoir une grande pratique. II y a aussi  directement par le milieu de cette île,  du côté du sud, un petit ilot,  qui est à deux longueurs de câble  de l’île, où il y a six brasses d’eau  entre deux.
 
 Île de Levant.Environ un quart de lieue vers l’est de l’île Port-Cros, est celle de Levant,  qui est la dernière et la plus grande des îles  d'Hyères ; elle n’est point habitée, et n’a point  de mouillage aux environs,  excepté quelques petits abris du côté du sud, pour quelques brigantins qui s’y  réfugient quelquefois.
 À la pointe de  l'est de l’île, il y a  quelques écueils hors l’eau et sous l’eau, dont un, entr’autres, est fort au large,  paraissant comme un  bateau qu’on appelle l’Esquinade ; il est éloigné de l’île environ un mille ; il y a en-dehors de lui,  vers l’est, quelques roches, où la mer brise lorsqu’elle est agitée.
 
 Pointe des  Badines.La pointe des Badines est  environ trois milles Vers le nord-est de l’île  Ribaudas, comme il a été dit  ci-devant ; cette  pointe fait le commencement de la baie d’Hyères ;  elle est de moyenne hauteur, et il y a au bout de cette pointe, tout proche de  terre, un écueil : on peut mouiller cependant du côté du nord, à demi portée  de canon, vis-à-vis  d’une plage, par cinq à six brasses d’eau, fond de sable : ce mouillage est  propre pour les vents de sud-sud-ouest et ouest ;  mais il ne faut pas s’y laisser surprendre des vents d’est, auquel cas  il faut aller mouiller à Capeau.
 
 Capeau (Gapeau).Environ dix milles au  nord-est de La pointe des Badines, est un grand magasin qui paraît  de loin comme un château, qu’on appelle Capeau, situé sur le bord de la mer,  proche lequel passé une petite rivière où l’on fait de l'eau ; on mouille ordinairement  avec les galères devant le magasin, à la petite portée du canon de terre, par quatre à cinq brasses d’eau, fond d’herbe vaseux, où les  ancres tiennent bien.
 Du côté de l’est de ce magasin, il y a de grandes  salines et plusieurs monceaux de sel, qu'on appelle  taches : le vrai mouillage est entre le magasin et ces vaches de sel.
 Les vaisseaux de la République et autres, mouillent  vis-à-vis du magasin, à une lieue de terre, pour être plus en état  d'appareiller : on voit la ville d’Hyères  qui est sur une éminence, environ quatre  milles loin de Capeau.
 Depuis la pointe  des Badines jusqu’à celle  d’Argentier, la côte est  basse, bordée de sables et marécages : les vents qui incommodent le plus dans  cette rade de Capeau, sont le sud-est,  sud et Sud-ouest, qui y causent une  grosse mer ; lè vent  de nord-ouest y est fort rude  quelquefois.
 
 
  Hyères les bords du Gapeau - dessin de de Bar et Cordouan
 gravure extraite du Nouveau voyage pittoresque de la France - 1827 - Ostervald
 Collection personnelle
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