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La place royale de Nancy (Place Stanislas) vers 1850, gravure de Rouargues frères
in "Histoire des villes de France - Aristide Guilbert - 1859, collection personnelle
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Le département de Meurthe et Moselle
Texte extrait du Dictionnaire de toutes les communes de France - éd. 1851 - Augustin Girault de Saint Fargeau NANCY, Nanceium, Nancium, grande, riche et l’une des plus belles villes de France, chef-lieu du département de la Meurthe (Lorraine), du 2e arrondissement et de 3 cantons. Cour royale d’où ressortissent les départements de la Meurthe, de la Meuse et des Vosges. Tribunaux de 1ère instance et de commerce. Chambre consultative des manufactures. Société centrale d’agriculture. Académie universitaire. Société royale des sciences, lettres et arts. École royale forestière. Collège royal. École secondaire de médecine. Cours de dessin, d’enseignement médical, d’accouchements et de botanique. Évêché ; 3 cures. Gîte d’étape. Bureau de poste. Relais de poste Industrie. Fabriques de broderies en tout genre, de draps, étoffes de laine, bonneterie, dentelles, papiers peints, huile, liqueurs, boules d’acier, produits chimiques, etc. Nombreuses filatures de coton, teintureries, tanneries et corroieries. Autrefois cour souveraine, chambre des comptes, cour et hôtel des monnaies, intendance, gouvernement particulier, bailliage, juridiction consulaire, bureaux de recette des fermes et domaines, maîtrise particulière, recette des finances et bois, prévôté générale de maréchaussée, collège, société royale des sciences et belles-lettres, collège royal de médecine, bibliothèque publique, chambre syndicale, arsenal, citadelle, plusieurs chapitres, couvents, de cordeliers, de capucins, de tiercelins, d’augustins, de minimes, de carmes déchaussés, de prémontrés, de jacobins, de frères de la Charité, de bénédictins, de chanoines réguliers, de dominicaines, de la Visitation, de la Congrégation, de carmélites, d’annonciades, de dames du St-Sacrement, de tiercelines et du Refuge. Nancy est une ville ancienne, dont les titres historiques ne remontent pas cependant au delà du XIe siècle. En 1060 Albéric qualifie Gertrude, duchesse de Lorraine, du titre de duchesse de Nancy ; mais il est présumable que cette ville existait longtemps auparavant. Dès le XIIIe siècle Nancy était la capitale du duché de Lorraine ; ce n’était toutefois encore qu’une forteresse, au centre de laquelle se trouvait un palais assez vaste. Le duc Ferry III l’agrandit et y fit construire un magnifique palais ou château, où il faisait sa résidence. Vers 1373 le duc Jean en étendit l’enceinte, et Charles II continua les constructions commencées. Lorsque Charles le Téméraire envahit la Lorraine, Nancy était précédée de faubourgs, qui furent rasés à l’approche des Bourguignons ; sur leurs ruines on éleva des remparts, où s’immortalisa la noblesse lorraine. Ces fortifications furent considérablement augmentées de 1585 à 1621. La ville neuve fut commencée sous Charles III, mort en 1608, mais presque toutes les constructions de cette époque ont disparu pour faire place aux beaux quartiers et aux magnifiques édifices élevés sous la bienfaisante domination de Stanislas, auquel la ville actuelle doit ses plus beaux monuments ; toutefois les habitants n’oublient pas les avantages et les bienfaits qu’ils doivent aux ducs de Lorraine.
Brêve Histoire de Nancy Les Français s’emparèrent de Nancy et l’occupèrent pendant vingt-huit ans, depuis 1633 jusqu’au traité de Vincennes de 1661, qui stipulait la destruction des fortifications, ce qui fut en partie exécuté. Louis XIV, ayant fait reprendre cette ville par Tourville en 1670, fit relever les murailles de Nancy, qui furent de nouveau détruites en vertu du traité de Ryswick, à l’exception de la citadelle et des portes de la ville neuve. Les armes de Nancy sont : coupée le chef aux pleines armes de Lorraine, la pointe d’argent à un chardon de sinople.
Nancy se divise en ville vieille et en ville neuve. La ville vieille, à l’exception de la place Carrière, de la place de Grève et du cours d’Orléans, qui est le prolongement de cette dernière place, est bâtie irrégulièrement. Ses rues ne sont point tirées au cordeau, et quelques-unes sont fort étroites ; elle renferme cependant de très beaux hôtels. C’est dans la ville vieille que se trouvent les restes de l’ancien palais des ducs de Lorraine, édifice qui sert aujourd'hui de caserne à la gendarmerie. La principale porte d’entrée de ce palais est d’une construction que les connaisseurs admirent. On remarque encore dans cette partie de la ville : La place St-Etore. Cette place irrégulière, jadis garnie d’arcades dans tout son pourtour, fut construite pour des halles et un marché. Elle avait déjà cette destination en 1495, lorsque René II remplaça une île entière de maisons par une fontaine placée au centre, et environnée alors d’un large bord hexagone de pierre de taille avec un grillage : elle était surmontée de la statue ducale. Stanislas fit réparer la fontaine et respecta l’effigie de René II ; renversée par les Marseillais à la révolution de 1789, elle fut reposée sous la restauration. C’est une petite statue équestre en plomb d’un dessin fort naïf. Le piédestal, de belle rocaille, a la forme d’une pyramide tronquée. Les têtes en bronze, d’où l’eau s’échappe, sont anciennes et sortent de la main d’un artiste habile. La place des Dames, qui forme un rectangle orné de vastes hôtels. L’hôtel de Custine, élevé en 1713 par le célèbre Boffrand, occupe l’un des côtés de la place ; vis-à-vis sont les hôtels de Croimar ou Saffre de Haussonville, et l’hôtel des Salles ; à l’occident l’hôtel de Bassompierre ; à l’orient la maison du Change, devenue depuis l’hôtel de Phalsbourg.
La place de Grève forme un carré d’une grande étendue. Sur deux de ses côtés les maisons sont bâties sur un plan régulier et uniforme ; le troisième côté, quoique fort avancé, n’est point encore entièrement bâti. Au milieu de cette place s’élève un château d’eau, dont la gerbe, sortant d’un tuyau de 24 à 25 cm de diamètre, s’élève, dans la saison des pluies, à près de 3 m de hauteur. Les eaux de ce monument se distribuent, par des tuyaux de conduite, dans les différents quartiers de la ville. Le cours d’Orléans fait suite à la place de Grève, dont il est le prolongement. C’est un paallélogramme rectangle beaucoup plus grand que la place de Grève, et formé de maisons construites avec goût. Le cours d’Orléans, qui est planté d’arbres, est une promenade délicieuse et très fréquentée, tant à cause de sa situation dans la partie la plus élevée de la ville que parce qu’on y jouit d’une vue agréable sur la campagne. Cette promenade est terminée par un bel arc de triomphe appelé la Porte-Neuve, et qui sert d’entrée à la ville en venant de Metz. Cette porte, d’ordre ionique, fut construite en 1785 pour célébrer la naissance du dauphin, les victoires de la France et son alliance avec les Etats-Unis. Elle est ornée de bas-reliefs parfaitement exécutés : l’un représente l’hommage des Français à Louis XVI, en reconnaissance de la liberté des mers qu’il leur a procurée ; l’autre l’alliance de la France avec les Etats-Unis.
La place Carrière est également un parallélogramme rectangle. Les deux côtés de cette place sont bâtis régulièrement et sur un plan uniforme ; les maisons sont toutes à la même hauteur. Elles sont terminées de chaque côté, aux deux angles septentrionaux, par deux pavillons uniformes bâtis en pierre de taille, avec des pilastres, colonnes, statues et autres ornements. Ils ont chacun un portique surmonté d’un balcon. Aux deux angles méridionaux sont deux palais affectés, l’un à la cour royale, l’autre au tribunal de commerce. Au nord la place Carrière est fermée par l’ancien hôtel du gouvernement, aujourd’hui hôtel de la préfecture. C’est un édifice d’un goût moderne, un véritable palais de la plus grande beauté. Il est réuni de part et d’autre aux deux pavillons dont il a été parlé précédemment par un vaste fer à cheval construit en pierre de taille, élevé de 8 à 10 mètres et surmonté d’une galerie. Il est orné de pilastres, colonnes, statues, bustes, termes et vases. Un portique en colonnes surmonté d’un large balcon forme l’entrée de cet hôtel. — En face, à l’autre extrémité de la place Carrière, est un magnifique arc de triomphe qui sépare cette place de la place Royale ou Stanislas.
La ville neuve se distingue par la beauté de ses rues, qui sont toutes fort larges, coupées à angles droits et tirées au cordeau ; par la beauté et l’élégante construction des maisons des simples particuliers ; par la grandeur et la régularité de ses places et des édifices publics qui la décorent. On peut dire que la ville neuve de Nancy est, sinon la plus belle, du moins une des plus belles villes de l’Europe. En la voyant pour la première fois, les étrangers sont saisis d’admiration. La place Royale ou Stanislas est magnifique. C’est un carré formé, 1° d’un édifice de 74 m de longueur et d’une noble architecture, servant d’hôtel de ville. Il occupe tout un côté de la place. 2° Deux des autres côtés sont formés par quatre palais réguliers, de même hauteur, et construits sur le même dessin, le même plan que l’hôtel de ville. L’un de ces palais est la demeure de l’évêque, le second renferme la salle de la comédie, les deux autres appartiennent à des particuliers. Le quatrième côté est formé d’un corps de bâtiment à un étage, construit également d’une manière uniforme et sur les mêmes plans et dessins que les autres édifices de la place. Ces bâtiments font retour sur une rue par laquelle on communique de la place Royale à la place Carrière, en passant sous l’arc de triomphe qui fait face à l’hôtel de ville. La jonction de la place Royale à la place Carrière, au moyen du bel arc de triomphe dont nous avons parlé précédemment, forme un des plus beaux coups d’œil qu’on puisse voir. Ce qui augmente encore la beauté de la place Royale, ce sont les grilles en fer ou portiques placées à deux de ses angles, celles qui se trouvent entre les quatre beaux palais qui forment deux côtés de cette place, et les belles fontaines ornées de statues en plomb bronzé qui se voient aux deux autres angles. De la place Royale, en passant près de l’une des fontaines, on entre immédiatement sur une promenade magnifique, appelée la Pépinière. Son étendue est de cent arpents clos de murs. Elle forme un carré immense couvert de plantations coupées par de grandes et larges allées tirées au cordeau. La place d’Alliance, qui doit son nom au traité passé le 1er mai 1756 entre Louis XV et Marie-Thérèse, sans avoir la même richesse et autant d’étendue que la place Royale, est néanmoins très belle ; ses faces à deux étages présentent seize à dix-sept croisées uniformes. Un double rang de tilleuls y forme une promenade solitaire des plus agréables. Dans le milieu est un vaste bassin hexagone de pierre de taille revêtue de plomb, du fond duquel s’élève un rocher portant trois fleuves sous la figure de vieillards qui s’appuient sur des urnes d’où l’eau s’échappe en abondance. Ils supportent un grand plateau triangulaire, servant de base à un obélisque en marbre de mème forme, orné de trophées d’armes sur les trois faces, et, à son point de départ, de trois cornes d’abondance qui aboutissent chacune au bord du plateau, sur une des faces de l’obélisque. Ces faces présentent, l’une deux mains unies, dont les manches sont décorées des écus de France et d’Autriche, avec cette légende en bas : Publicam spondent salutem ; la seconde, deux mains liant un faisceau de flèches, et pour devise : Optato vincta discordia nexu ; la troisième, un écu semé de fleurs de lis et de croix de Lorraine, avec ces mots : Prisca recensque fides votum conspirât in unum. C’est à la ville vieille que se trouve l’ancienne citadelle de Nancy. Du côté de la campagne elle, est encore entourée de fossés et de quelques restes de fortifications non entre tenues.
Porte Stanislas. La porte Stanislas est d’ordre dorique ; du côté de la ville quatre colonnes supportent une corniche sur laquelle s’élèvent quatre statues assises, ayant à la main divers attributs artistiques. Au-dessus des petites portes latérales sont des bas-reliefs qui représentent Apollon et Minerve. En dehors deux trophées d’armes en relief décorent le dessus des petites portes ; deux autres, sur la corniche, représentent un chevalier assis et un gladiateur. Des bustes de guerriers font saillie en avant. Le faubourg qu’elle précède, bâti au cordeau sur une colline, présente le plus riche aspect ; il est environné de campagnes charmantes ; mais à mesure qu’on s’éloigne de Nancy pour aller à Toul la route devient triste, uniforme, bordée de ravins immenses.
Porte Notre-Dame. La porte Notre-Dame est formée de deux tours qui auraient un caractère plus imposant si une plate-forme gothique était substituée aux clochers qui les surmontent. La base des tours est en briques. Réparées en 1747, comme l’indique une date placée sous le cadran, on construisit entre elles deux pilastres doriques, avec fronton triangulaire, d^une simplicité lourde et d’une mauvaise exécution. Ce fronton est surmonté d’une dentelure gothique semblable à celle qu’on voit à Metz à la porte des Allemands. A l’entrée de la voûte se trouvent un cintre surbaissé et deux arcs ogivaux, traces de deux portes d’un âge différent. La voûte, construite en briques, est très large et resserrée, du côté de la citadelle, par deux ouvertures cintrées, entre lesquelles on trouve à gauche un escalier qui conduit aux deux tours, devenues prison militaire. Cette porte, la plus ancienne de la ville, était anciennement appelée porte de Caraffa. Porte Ste-Catherine. Cette porte forme un arc de triomphe de trois portiques, composés de colonnes d’ordre dorique, avec leurs chapiteaux et entablements, surmontés d’un attique orné de trophées d’armes et de bas-reliefs.
On remarque encore à Nancy : La ville possède aussi un très beau jardin botanique fondé par Stanislas en 1758. A l’extrémité du faubourg St-Pierre est l’église dite de Bon-Secours, qui a été construite à l’occasion de la victoire remportée par le duc René II sur Charles le Hardi, dernier duc de Bourgogne, le 5 janvier 1476. La maison mère des sœurs hospitalières de St-Charles est à Nancy. C’est là où est le noviciat. Les sœurs de St-Charles se consacrent au soulagement des pauvres malades. Elles ont des maisons hospitalières dans plus de vingt départements. Elles en ont même en Allemagne, et, malgré le grand nombre de jeunes personnes qui se vouent à cette œuvre de charité, elles ne peuvent suffire à toutes les demandes de sujets qui leur sont faites de toutes parts. Enfin il existe à Nancy, pour les départements de la Meurthe, de la Moselle, de la Meuse, des Ardennes et des Vosges, un institut pour les sourds-muets. Les conseils généraux de ces départements y ont fondé des bourses pour les indigents. Nancy possède une source d’eau minérale ferrugineuse acidulé froide, qui jaillit auprès de l’angle d’un cavalier du bastion de St-Thibaut, dont elle a emprunté le nom. L’eau s’écoule depuis sa source par un canal en pierre de taille voûté, de la hauteur de 1 m 50 cm qui vient aboutir en partie à la fontaine placée au bas de l’hôtel de la gendarmerie, et en partie au bas du ruisseau du moulin. M. Matthieu de Dombasle, qui en a fait l’analyse, a trouvé que cette eau contenait du carbonate et du sulfate de chaux, du muriate de soude et du carbonate de fer. Cette eau est claire, limpide, fraîche et légère ; sa saveur est aigrelette, astringente et ferrugineuse. Quelques médecins du pays la recommandent dans les hydropisies de poitrine et dans plusieurs autres maladies ; néanmoins elle est peu employée comme médicament ; les habitants s’en servent pour tous les usages domestiques.
Les édifices religieux de Nancy La cathédrale est un édifice de construction moderne. Le portail de cette église est formé d’un avant-corps, de deux arrière-corps et de deux tours formant une façade large de 50 m Deux ordres la décorent : le corinthien dans le soubassement, le composite au-dessus. L’avant-corps, où se trouve la porte principale qui est cintrée, a l’archivolte et les impostes ornés de moulures. Surmonté de deux anges prosternés devant une croix placée au milieu, il se compose de colonnes accouplées et de pilastres en arrière, avec un entablement qui règne le long de la façade. Son pourtour et les arrière-corps sont également décorés de pilastres du même ordre. Une porte, surmontée d’un cadre rempli de trophées, occupe la partie médiane des arrière-corps. L’ordre composite, placé sur ce soubassement, règne dans toute l’étendue de la façade, et présente, en avant, des colonnes accouplées de chaque côté d’un vitrail orné d’une balustrade. Les arrière-corps, à pilastres, contiennent une niche cintrée avec imposte. Les tours, décorées de pilastres, ont un vitrail en plein cintre, balustrade au pied et agrafe sur la clef. Au-dessus de ces deux ordres et au centre, on a placé un attique renfermant, entre des colonnes accouplées d’ordre composite et entablement, un vitrail coupé dans le milieu, supportant un fronton où étaient les armes pleines de Lorraine, avec la couronne royale, les deux aigles pour supports, la croix de Lorraine pendant à leur cou. Le cintre de l’attique est orné d’une croix ; des vases surmontent les colonnes, et un cadran occupe le centre du vitrail. Les tours, décorées, comme l’attique, d’un second ordre composite avec pilastres, ayant des quatre côtes un vitrail en plein cintre, sont surmontées d’un troisième ordre composite en pilastres, formant une tour ronde ouverte de toutes parts, au-dessus de laquelle s'élève un dôme couvert en pierre de taille avec une galerie à balustrade en pierre. L’entablement est orné de pots à feu au-dessus de tous les pilastres ; le dôme se termine par une lanterne en pierre de taille, ouverte de toutes parts, décorée de pilastres et d’un balcon en fer surmonté d’une flèche à girouette. L’ensemble a 78 m d’élévation. L’église St-Epore. L’église actuelle de St-Epore n’est pas la première qui ait porté ce nom, car elle n’a pas été achevée avant 1541, comme on peut s’en convaincre par une inscription gravée en lettres gothiques sous la croisée de la chapelle St-Joseph. L’église des Cordeliers. Cet édifice, commencé en 1477 par Henri II, duc de Lorraine, fut achevé vers l'an 1484, et forme un angle droit avec l’ancien palais ducal. Il n’offre qu’une seule nef voûtée d’environ 79 m de longueur, y compris le chœur, sur 10 m de large. Elle est terminée par seize fenêtres de grandeur inégale en ogive. Des vitraux armoriés au blason de René II ornaient autrefois ces fenêtres, ainsi que la rose du portail. Le tombeau le plus remarquable qu’offrait et que renferme encore la nef des Cordeliers est placé à droite de l’avant-chœur, et a été élevé à René par sa veuve vers l’an 1515. C’est un monument très curieux de la renaissance, et qui mérite d’être étudié dans ses détails. Au-dessus de la voûte le Père éternel semble planer sur les saints personnages rangés immédiatement au-dessous sur une corniche, et enfoncés dans de petites niches très élégantes. Sous la figure de Dieu on lit la devise : Fecit potentiam in brachio suo. Ces statues coloriées représentent la Vierge, l’archange Gabriel, saint Georges, saint Nicolas, saint Jérôme et saint François, patron des cordeliers. Plus bas des anges soutiennent les nombreux écussons qui composent les diverses parties du blason des ducs de Lorraine. Leurs armes pleines sont réunies ensuite sur un bouclier surmonté d’un cimier de bronze, au haut duquel est un aigle aux ailes déployées. Les pilastres, les corniches et le reste du tombeau sont peints en azur et en vermillon, d’où se détachent des arabesques d’or en demi-relief. Leur variété, leur dessin, leur fini sont extrêmement précieux ; mais, par un reste de mauvais goût, ces ornements renferment le profil de René assez peu ressemblant. Chapelle Ducale. En face du tombeau du cardinal de Vaudémont, et à gauche de l’église des Cordeliers, s’ouvre un portique formé de deux superbes colonnes de marbre noir (données jadis par Marie-Thérèse, et de deux pilastres d’ordre ionique, couronnés d’un fronton dont le tympan est décoré d’un écusson aux armes pleines de Lorraine, supporté par des aigles, et qu’environnent les attributs de la souveraineté. Les piédestaux, les bases, les chapiteaux et tout l’entablement sont blancs, à l’exception de la frise qui est en marbre noir, décorée de croix rayonnantes, d’alérions blancs et d’une inscription en lettres d’or. Un espace très étroit sépare la nef des Cordeliers de la chapelle Ducale, et renferme un sarcophage en forme de coffre, dont le couvercle est décoré de fleurs et d’écailles, au-dessus duquel se trouvent placées debout, dans le mur, la statue de Gérard Ier d’Alsace, comte de Vaudémont, et celle de la princesse Hedwige de Habsbourg, son épouse. Ce tombeau, dont l’expression de tendresse naïve est délicieuse, est un des ouvrages du XIIe siècle les plus dignes d’être vus. Une large porte grillée, en fer doré, surmontée des armes pleines d’Autriche et de Lorraine, avec des étendards, des haches d’armes et des épées, formant un trophée orné de la couronne impériale, donne entrée dans la chapelle Ducale, aussi nommée chapelle Ronde ou Rotonde.
Biographie.
Bibliographie.
Article extrait du Dictionnaire universel géographique et historique - Thomas Corneille - 1708 NANCY. Ville capitale de Lorraine et l’ancien Siège des Ducs de ce nom. La rivière de Meurthe qui, passe au pied des murailles, remplit ses fossés qui sont très profonds, et sa situation dans une plaine est fort agréable. Les Auteurs Latins l’appellent Nancium et Nanceium. Le Palais des Ducs est dans la vieille, fort grand et d’une architecture remarquable. Il est enrichi au dedans de plusieurs belles peintures, et on s'attache particulièrement à y voir une figure humaine, de grandeur naturelle, à laquelle on peut faire faire toutes sortes de mouvements, comme à un homme véritable, quoiqu'elle ne soit que de bois. Elle est composée de petites pièces rapportées et cousues ensemble avec un art et une justesse merveilleuse. L'entrée de ce Palais est magnifique. On aperçoit d’abord une belle cour fermée de quatre grandes ailes soutenues de portiques, avec quelques tours basses ornées de figures et de bas-reliefs, l’une sert d’arsenal, l’autre de montée. Le jardin qui est très propre occupe le dessus d’un bastion où étaient autrefois les murailles de la villes II en reste encore quelques grosses tours rondes que l’on voit du côté de la carrière, qui est la place du manège. La ville neuve n’était anciennement qu’un faubourg, qui fut fortifié l’an 1587, du temps des guerres d’Allemagne. Le Roi Louis XIII prit Nancy en 1633. Louis le Grand en fit raser les fortifications en 1661. Celles de la vieille ville furent rebâties l’an 1673. et ensuite celles de la neuve. L’église de saint George mérite d’y être vue, à cause des superbes tombeaux des Ducs qui y sont ensevelis. On a ôté de Nancy deux pièces de fonte que l’on avait crû ne se pouvoir charrier jusqu’à ce qu’un Ingénieur entreprît il y a dix ou douze années de les transporter et y réussit. L’une est la fameuse coulevrine qui faisait aller le boulet jusques à saint Nicolas, village à deux grandes lieues de Nancy, elle a été portée à Dunkerque. L’autre est un cheval de bronze sur lequel était la statue d’un Duc de Lorraine. Nancy, dont les fortifications furent de nouveau rafées l’art 1698 en suite du Traité de Paix, est à cinq lieues de Toul, à huit de Marsal, à dix de Metz, à quatorze de Bar-le-Duc, à dix-huit de Luxembourg et à vingt-huit de Brissac et de Strasbourg.
Cette ville a été la Patrie du fameux Jacques Callot, qui naquit l’an 1594. Ses parents qui étaient nobles, le destinaient à toute autre chose qu’à la gravure, mais il se sentit une inclination si forte à dessiner tout ce qu’il voyait, qu’il se déroba d’eux dès son plus bas âge, et alla à Rome pour se perfectionner sur les plus grands Maîtres. Il y réussit admirablement, et les ouvrages par lesquels son rare talent fut connu, lui donnèrent une si grande réputation, qu’il trouva partout des admirateurs.
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