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Paris en couleur à travers les documents anciens

Le marché des Innocents en 1837


Paris - Le marché des Innocents en 1837 par William Wild - estmape couleur reproduite puis restaurée par © Norbert PousseurLe marché des Innocents en 1837, illustration de William Wild, Lithographie par Engelmann
Estampe couleur - Collection personnelle


Paris en gravures couleur complètées par d'autres en n&b

Texte extrait du Dictionnaire de toutes les communes de France - éd. 1851
Augustin Girault de Saint Fargeau - (collection personnelle).

Le marché des Innocents occupe l’emplacement du cimetière et de l’ancienne église des Innocents, construite par Philippe Auguste avec une partie des sommes confisquées sur les juifs lors de leur expulsion du royaume, sur l’emplacement d’une chapelle attenante au cimetière. Cette église fut reconstruite eu 1445 et démolie en 1784 ; elle était située rue St-Denis, à l’angle que formait cette rue avec la rue aux Fers, dont il n’existe plus qu’un côté. À côté de l’église était une chambre étroite où des femmes et des filles dévotes s’emprisonnaient volontairement pour le reste de leur vie ; on les nommait recluses ; elles en faisaient murer la porte, et ne recevaient l’air et les aliments que par une petite fenêtre qui donnait dans l’église. On connaît les noms de trois dévotes qui se sont ainsi séquestrées du monde dans ce triste réduit : la plus ancienne est Jeanne la Vodrière, qui s’y enferma le 11 octobre 1442 ; la seconde est Alix la Bourgotte, qui y mourut le 29 juin 1466.
Il s’y trouvait aussi des recluses forcées : telle était Renée de Vendômois, femme noble, adultère, voleuse, qui fit assassiner son mari nommé Marguerite de St-Barthélemy, seigneur de Souldai. Le roi, en 1485, lui fit grâce de la vie, et le parlement la condamna à demeurer perpétuellement recluse au cimetière des Innocents.
On connaît encore une autre recluse des Innocents postérieure à celle-ci, Jeanne Pannoncelle, pour laquelle l’official de Paris força les marguilliers de l’église des Innocents à bâtir une logette ; sur leur refus, ils encoururent l’excommunication, qui ne fut levée qu’après qu’ils eurent obéi.
A l’un des piliers de la chapelle de la Vierge était adossée une statue de bronze d’Alix la Bourgotte.
Une autre célèbre recluse était celle de l’église Ste-Opportune.

Le cimetière des Innocents, longtemps ouvert aux passants, fut clos de murs sous Philippe Auguste en 1186. Dans la suite on construisit tout autour de la clôture une galerie solidement voûtée, en forme de cloître, appelée les charniers ; c’est là qu’on enterrait ceux qui pouvaient payer pour être séparés du commun des morts. Parmi les morts les plus distingués enterrés dans le cimetière ou dans les charniers on doit citer : Boulanger, premier président au parlement de Paris ; Nicolas Lefebvre, habile critique ; Mézeray, historiographe de France.
Le cimetière des Innocents servait à plus de vingt paroisses de Paris ; depuis près de mille ans les générations venaient successivement s’y engloutir ; M. Héricart de Thury a calculé que, pendant près de sept siècles seulement, ce cimetière a dû dévorer, un million deux cent mille cadavres ; le voisinage était infecté des exhalaisons méphitiques qu’il répandait. Les habitants de ce quartier portèrent plainte à différentes époques, et demandèrent la suppression de ce cimetière, qui fut enfin arrêtée en conseil en 1780. L’étranger aura peine à croira qu’on ait attendu jusque vers la fin du XVIIIe siècle pour combler ce vaste tombeau, et qu’il ait fallu des sollicitations pressantes et une foule d’écrits, que l’on traitait jadis de hardis, pour prouver que ce cimetière, au milieu d’une grande ville, dans un quartier où les habitations sont pressées et malsaines, était un attentat permanent à la santé et à la vie des citoyens.

La principale porte d’entrée du cimetière des Innocents était au coin de la rue aux Fers, la seconde se trouvait au coin de la rue de la Ferronnerie et la troisième, place aux Chats, quartier des Halles. Au centre du cimetière était une tour octogone fort élevée et fort ancienne nommée la tour des Bois. Vers l’extrémité du cimetière on voyait un petit édifice carré en pierre de taille, terminé en façon de pyramide, nommé le Prêchoir, parce que les fougueux prédicateurs de la Ligue s’y rendaient pour animer le peuple contre Henri III.
Nicolas Flamel, qui exerça la profession d’écrivain sous les charniers des Innocents, et qui devint riche sans qu’on ait pu découvrir l’origine de sa fortune, avait fait construira une chapelle sous les charniers mêmes des Innocents, où il avait, ainsi que Pernelle, sa femme, un mausolée et leur statue en marbre.
Dans la partie des charniers qui se trouvait du côté de la rue St-Denis, on voyait une armoire fermée, renfermant un beau morceau de sculpture, attribué à Germain Pilon, représentant un squelette humain de un mètre de haut, dont le bras droit était couvert d’une draperie : on ne laissait voir ce squelette que depuis le jour de la Toussaint jusqu’au lendemain à midi.
L’église et le charnier des Innocents ont été démolis en 1786. On enleva ensuite assez profondément les terres et les ossements du cimetière, qui furent transportés dans les carrières du sud de Paris, notamment dans celle située au-dessous de la maison dite de la Tombe-Issoire.

C’est au charnier des Innocents, du côté de la rue de la Ferronnerie, alors de la Charronnerie, que l’on dressait le théâtre où, au commencement du XVe siècle, on donnait au peuple le spectacle de la Danse macabre ou Danse des morts. On y représentait les hommes et les femmes dans les diverses conditions de la vie, leurs vains projets, leur espérance et leur fin inattendue. La mort en forme de squelette, jouait le principal personnage. Chaque acteur déplorait à sa manière la rigueur du destin qui allait les anéantir ; mais la mort restait inflexible.
Les enfants sans-souci, que Louis XII honora d’une protection particulière, dans la société desquels Clément Marot passa une partie de sa jeunesse, et dont le chef avait pris la qualité de prince des sots, avaient établi leur théâtre aux Halles, où ils jouaient des pièces de leur composition, nommées sottises ou sotties, que le roi honora souvent de sa présence. Le mardi de l’année 1511, les enfants sans-souci jouèrent aux Halles une pièce satirique dirigée contre le pape Jules II.

Depuis la destruction du cimetière jusqu’en 1813, la place des Innocents était garnie, dans certains jours spécialement affectés à la vente de divers objets, de quatre à cinq cents parasols peints en rouge, de 4 à 5 m de diamètre, formant chacun une boutique sous laquelle on vendait de la lingerie de hasard. Dans la partie de cette place qui porte encore aujourd’hui le nom de rue aux Fers, il se tenait le matin un petit marché de fleurs.

Paris - la fontaine des innocents vers 1835- gravure  reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
La fontaine des Innocents vers 1835, gravure de Rauch
publiée dans le Guide pittoresque du voyageur en France - 1838
Collection personnelle
A remarquer que la fontaine, depuis 1860, possède 6 bassins,

 

Le marché des Innocents forme aujourd’hui une vaste place de forme parallélogramme entourée d’une galerie légère où se placent les marchands de légumes et de fruits en détail. Au centre de cette place s’élève une des plus belles fontaines de Paris et l’un des monuments précieux de cette capitale, construite en 1551, sur les dessins de Pierre Lescot ; elle est ornée de bas-reliefs et de figures d’une grande beauté, dus au ciseau du célèbre Jean Goujon. Ce monument a 13 m 65 cm de hauteur. Il se compose d’un grand bassin carré, élevé au-dessus du sol de trois gradins ; au milieu de ce bassin est un soubassement carré, qui supporte une construction quadrangulaire, percée sur chaque face d’une arcade dont les côtés sont ornés de pilastres corinthiens cannelés. Entre les pilastres on voit une figure de naïade ; l’entablement, riche en ornements, est surmonté d’un attique décoré de bas-reliefs ; au-dessus de l’attique est un fronton ; entre les quatre frontons s’élève une coupole recouverte en cuivre. Aux quatre angles du soubassement sont quatre figures de lions en plomb, et aux quatre façades quatre bassins en plomb et en saillie, destinés à recevoir les eaux supérieures.

Le quartier des Halles fut un de ceux où l’on se battit avec le plus de courage le 28 juillet 1830. La perte fut grande du côté des citoyens, dont le courage ne put résister au nombre des troupes qu’ils avaient à combattre ; mais, une colonne de patriotes étant arrivée à propos, ou se rendit maître du champ de bataille. C’est là que le jeune Sébire planta l’étendard national sur la fontaine des Innocents : malheureusement le brave eut les deux jambes fracassées par une balle tirée presque à bout portant.

Près de l’entrée du marché, du côté de la rue de la Tonnellerie, les yeux s’arrêtaient naguère sur une petite enceinte entourée de grilles, au milieu était une colonne ornée de couronnes d’immortelles fréquemment renouvelées. C’est là que sont tombés et ont été inhumés soixante-dix combattants de juillet, dont les dépouilles mortelles ont été transportées sous la colonne de juillet en 1841.

 

 

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