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Les villes à travers les documents anciens

 

Besançon au 19ème siècle

Besançon et sa citadelle vers 1830 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
Besançon et sa citadelle, vue de la rive du Doubs, vers 1830
gravure de Bullura, extraite de la France pittoresque d'Abel Hugo - 1835
Collection personnelle


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Texte extrait de la France pittoresque d'Abel Hugo - 1835

Besançon, sur le Doubs, chef-lieu de département, à 99 lieues Sud-Est de Paris. Population 29,167 habitants.
Cette cité célèbre de l'ancienne Gaule, fut fondée 400 ans avant l'ère chrétienne, et acquit bientôt une grande importance. 56 ans avant J.-C, César y entra, non en conquérant, mais appelé par les chefs de la cité, pour repousser les barbares qui menaçaient la Séquanie d'un envahissement total. — Vesuntio, ainsi se nommait alors Besançon, était déjà la métropole de la province Séquanaise.

César en fit sa place d’armes. — Depuis son origine, cette ville est restée la capitale de la contrée dont elle fait partie. — Son époque de plus grande splendeur fut sous Aurélien. — Sous le règne de Julien, la ville fut saccagée par les Germains. — Les hordes d'Attila lui furent plus fatales encore ; ce dernier désastre renversa presque tous ses édifices romains. — Les Bourguignons, qui s’en emparèrent ensuite, la reconstruisirent. — L'histoire a consigné plusieurs époques glorieuses pour Besançon. — En 406, sa résistance contre les Vandales ; en 413, contre les Germains ; en 451, contre les Huns ; en 1288, contre les Allemands ; en 1385, contre les Bourguignons ;  en 1362 et 1364, contre les Anglais ;  en 1375, contre l’armée protestante, etc., etc.   En 1814, Besançon résista aux troupes alliées qui l'assiégèrent vainement. Longtemps ville libre et impériale, Besançon tomba au pouvoir de l'Espagne, mais continua de se gouverner en république. — Louis XIV s'étant emparé de la Franche-Comté en 1674, abolit cette forme de gouvernement.

Besançon sur les bords du Doubs - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
Besançon sur les bords du Doubs, vers 1835
Gravure de Rauch, extraite du 'Guide pittoresque du voyageur en France' - 1838
Collection personnelle

Les fortifications de Besançon étaient déjà considérables, elles furent alors augmentées, et l'ont été encore depuis. La situation de cette ville est forte autant que pittoresque. Le cours sinueux du Doubs enclot une presqu'île, qui présente la forme d'une fiole ; la ville couvre cet espace et s’étend au-delà de la courbe de la rivière ; cette dernière partie est le faubourg d’Arène, couvert par de gros bastions, et s’élevant sur une pente douce ; la ville proprement dite est en plaine. Le col de la presqu’ile est un roc élevé de 130 mètres au-dessus de la rivière qui baigne ses escarpements latéraux : très rapide du côté de la ville, il est séparé de la colline contiguë par un profond ravin ; ce roc porte la citadelle.
Sa position rend cette forteresse inabordable à l’ennemi : l’art a néanmoins puissamment contribué à sa défense ; elle est ceinte de murs énormes et de tranchées excavées dans le roc ; on n’y entre que par des ponts-levis ; elle renferme plusieurs cours, divers bâtiments, et des voûtes profondes qui servent de cachots. L’aspect en est plein de sévérité : il inspire une sorte de terreur.
Les travaux qu'on y fit sous Louis XIY furent si dispendieux, que ce roi demandait si les murs de la citadelle de Besançon étaient d’or. Elle est dominée par des hauteurs, mais celles-ci sont également fortifiées ; les deux plus voisines portent deux forts capables d’une longue résistance ; l’un de ces forts est considérable : il est à peine terminé et achève de rendre Besançon inexpugnable. L’enceinte bastionnée qui entoure la ville est forte ; elle est bordée par la rivière et par de profonds fossés.

Besançon entourée par le Doubs vers 1880 - gravure reproduite et retouchée numériquement numériquement par © Norbert Pousseur
Besançon; vue de la ville entourée par le Doubs, vers 1880
Gravure extraite de La France illustrée en 2 volumes de V.A. Malte-Brun - 1881
Collection personnelle

Besançon est très peuplée pour son étendue, elle offre peu de rues larges, peu de places spacieuses ; c’est moins une ville de luxe qu’une place-forte. Elle est néanmoins bien bâtie et généralement bien percée ; mais la plupart de ses rues sont tristes, et ses constructions ont une sévérité, une uniformité de style qui leur donne une grande monotonie. La ville et le quartier d’Arènes communiquent ensemble par un pont de fondation romaine, mais dont la construction primitive a été fort altérée ; il est haut, étroit, fort laid et bâti de pierres grossières. Le quartier d'Arènes est très populeux et presque entièrement habité par des vignerons.

L’église Cathédrale, dédiée à Saint-Jean, est un grand vaisseau de fondation fort ancienne, reconstruit dans le XIe siècle, par l’archevêque Hugues Ier, et de style qui participe du gothique et du sarrasin. à chaque extrémité de la nef, est un beau chœur et de riches autels. En face du siège de l’archevêque, on voit le buste en marbre blanc de Pie VI ; une belle Résurrection de Charle Vanloo se fait remarquer dans la chapelle du Saint-Suaire, parmi d’autres bons tableaux. Une chapelle voisine offre un saint Sébastien,  l’un des chefs-d’œuvre de fra Bartolomeo. La Mort d’Ananie et de Saphire, par il Piombino, orne une autre chapelle ; ces chapelles sont petites, sur un seul côté de la nef, mais fort jolies et toutes de styles différents : deux beaux anges en marbre blanc décorent le maître-autel, construit en marbres italiens rares, et que couvre un superbe baldaquin. L’église a trois nefs,divisées par des colonnes ovales, bizarres mais élégantes ; les vitraux sont peints ; les fenêtres, fort petites, ne laissent pénétrer dans l’église qu’un jour mystérieux, qui ajoute à la majesté de l’édifice.

La ville possède trois autres églises remarquables.
L’hôpital Saint-Jacques est un superbe établissement bons, sous tous les apports, Besançon peut se glorifier. Un serrurier de Besançon en a ciselé la grille d'entrée, qui est très belle. Cet hôpital est vaste, propre, sain et bien administré ; il contient 500 lits, distribués dans des salles qu'orne une multitude de vases remplis de fleurs. Un jardin d’un côté, de l’autre, un parc et un potager entourent l’hôpital.
Un Hôtel de la Préfecture occupe le bâtiment de l’ancienne intendance, édifice remarquable par ses grandes dimensions, comme par la noblesse de son style.
— Collège royal, élevé par la ville, en 1697, est un bel édifice bien approprié à son usage ; il peut recevoir 200 élèves. — Le Palais de justice, où siégeait jadis le parlement, offre une façade remarquable par son architecture.
— L’ancien Hôtel Granvelle fut construit dans le XIVe siècle, par le cardinal de ce nom : c'est un édifice spacieux et imposant, dont la façade à trois ordres d'architecture ; il est contigu à un préau semblable à ceux des cloîtres.
— Le Théâtre est un bâtiment isolé et de belle apparence, son frontispice est formé de six colonnes doriques ; l’intérieur de la salle est spacieux, bien décoré, d’une forme circulaire, mais la construction en est vicieuse, et les règles de l’acoustique y sont mal observées.
— L’Arsenal est considérable et digne d’attention.
— L’Hôtel-de-Ville, est un ancien et grand édifice, mais noir, sale et fort laid ; sa façade forme, sans la décorer, un des côtés de la place Saint-Pierre, ainsi nommée à cause d'une église qu’il fait face à l’hôtel-de-ville. Cette place est carrée, propre et jolie, mais petite.
— La grande Caserne se compose de plusieurs corps de bâtiments fort propres, formant les trois côtés d'une vaste cour.
— La Bibliothèque publique renferme 50,000 volumes et nombre de manuscrits précieux. Le bâtiment est moderne et de bon style. Il contient aussi le Musée-Pâris, ainsi appelé, du nom d’un architecte qui en a fait présent à sa ville natale. Ce musée se compose d’objets antiques, de tableaux, de livres et d’objets rares.
— Le Musée d’Histoire naturelle est encore peu nombreux ; mais il s’accroît rapidement.
— Le Musée d’antiquités offre une grande quantité d'objets romains et du moyen âge, dont la plupart proviennent de fouilles qui ont été faites dans la ville, à différentes époques.

Maison de Victor Hugo à Besançon - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
La maison de de naissance de Victor Hugo à Besançon
Gravure extraite de La France illustrée en 2 volumes de V.A. Malte-Brun - 1881
Collection personnelle

De tant de monuments romains qui ornèrent l’antique Vesuntio, il existe plus qu’un, appelé Porte-Noire, et est situé au pied de la cathédrale à laquelle il sert comme de portique. Ce fut un arc-de-triomphe de grandes dimensions et de beau  style ; ou ignore à qui il était dédié : on croit cependant que ce fut à un des bienfaiteurs de la ville, Aurélien, ou Crispus, fils de Constantin, qui affectionna Besançon, y passa une partie de sa jeunesse et n’en partit que pour triompher des Germains. Après la mort de ce héros, victime de la passion dédaignée d’une belle-mère, Besançon prit son nom, et se nomma pendant quelque temps Crispopolis. L’arc-de-triomphe, bien  qu’enclavé et très ruiné, conserve encore un air de majesté digne du peuple-roi.
— La promenade Chamars, le Champ-de-Mars romain, était fort agréable ; mais elle a été détruite en partie, depuis quelques années, pour faire place à de nouvelles fortifications.
Besançon manque de promenades intérieures, mais ses environs sont beaux et pittoresques ; les campagnes sont riantes et fécondes. La vallée du Doubs offre des points de vue enchanteurs.

Ouvriers armuriers, à Besançon  vers 1850 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert PousseurOuvriers armuriers à leur établi, à Besançon
Gravure extraite de La France illustrée en 2 volumes de V.A. Malte-Brun - 1860
Collection personnelle

 

 


La Porte noire, ou Arc de triomphe

Arc de Triomphe, à Besançon, vers 1855 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
La porte, Arc de Triomphe, à Besançon, vers 1855
Gravure de Rouargues frères, extraite du 'L'l'Histoire des villes de France' d'Aristide Guilbert - 1859
Représentation ici après sa restauration du 19ème
Collection personnelle

Texte extrait du Magasin pittoresque - 1849

LA PORTE NOIRE A BESANçON
Ce monument qui, avant d’avoir été noirci par le temps, était connu sous le nom de porte de Mars, est un arc de triomphe romain d’un style dégénéré. Sous quel empereur a-t-il été élevé ? Les savants ne sont point d’accord sur cette question : ils se sont partagés entre Aurélien, Julien, Virginius Rufus, Crispus et Marc-Aurèle. Au moyen-âge, il avait été rétréci par des constructions dans lesquelles on avait incrusté les figures des quatre évangélistes : sa partie supérieure était surmontée d’un bâtiment qui servait de grenier à blé aux chanoines de Saint-Jean, et de logement aux élèves du chapitre. C’est seulement en 1820 que l’on a débarrassé le monument antique de ces masures. A cette occasion la partie gauche en a été restaurée. Voici une description de l’are empruntée aux Recherches archéologiques sur ses monuments de Besançon, par M. Delacroix, et à la description historique de ces mêmes monuments, par M. Alexandre Guénard.

 

La porte noire de Besançon vers 1860 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
L'arc de triomphe - porte noire à Besançon
Gravure extraite de La France illustrée en 2 volumes de V.A. Malte-Brun - 1860
La vue ci-dessous est presque la même, mais l'enseigne sur la gauche est différente
Collection personnelle


L’arc de triomphe se compose d’une seule arcade de 5 m60 de longueur, haute d’environ 10 mètres, et ouverte du sud-est au nord-ouest. Les flancs sont engagés, l’’un dans une partie peu importante du palais archiépiscopal, l’autre dans une maison particulière.
Le soubassement est à moitié enseveli par suite des exhaussements du sol.
Chaque façade est ornée de huit colonnes formant deux étages. Chaque colonne est entièrement couverte, les unes de rinceaux, les autres de figures représentant des jeux et des fêtes.
L’archivolte n'est qu'un long enroulement de dieux marins. Cette partie, fort bien traitée, semble appartenir au même ciseau que les sculptures de la colonne Trajane.
Les Renommées portent d’une main des palmes, de l’autre des guirlandes suspendues à la console de l’arc, Ces figures sont élégantes. Leurs extrémités ont beaucoup de finesse.
Entre les deux colonnes de l'étage inférieur sont des images de dieux groupés avec une rare magnificence.
Une partie, récemment découverte et moins endommagée que les autres, présente un piédestal dont le dé est orné d’un bas-relief où l’on voit une Ville assise. Sur le piédestal est une Hébé avec un aigle. Les draperies de la déesse, soulevées par le vent, se développent au-dessus de sa tête, de manière à cacher et en même temps à décorer la partie inférieure d’une espèce de corne d’abondance placée debout, et qui sert de console pour porter un dieu d’un ordre plus important, peut-être un Jupiter, Cette dernière figure est encore noyée dans la maçonnerie de la maison voisine ; mais l’explication est donnée par le groupe du revers de la même pile. Celui-ci est entièrement découvert, mais il est usé. Le piédestal a été brisé. La déesse qui fait pendant à l’Hébé est entièrement drapée ; les attributs sont effacés. La console placée au-dessus de la tête porte un dieu dans une attitude pleine de mouvement, et couvert d’une large coquille disposée comme un dessus de niche.
Les groupes de l’autre pile sont ou détruits ou encore noyés dans la maçonnerie du palais archiépiscopal.
Entre les colonnes de l’étage supérieur on voit, au-dessus de chacun des groupes de dieux, un Hercule colossal appuyé d’une main sur une lance, tandis que l’autre main, posée sur la hanche, tient une massue et une étoffe froissée.

 

La porte noire de Besançon vers 1825 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
La porte noire de Besançon vers 1825, par Goblain
extraite du 'Nouveau voyage pittoresque de la France' - Ostervald 1827
L'Arc de triophe porte ici encore son bastion d'origine
Collection personnelle


Les six bas-reliefs placés sous l’arcade représentent 
:
à gauche, en regardant la ville :
Bas-relief supérieur. Un soldat bat en retraite en se défendant vigoureusement ; il porte un casque romain et un bouclier dont la forme est un hexagone allonge. Les jambes sont nues, Celles du groupe ennemi, dont tout le reste est effacé, sont vêtues de pantalons. Aux pieds du soldat, qui paraît être un légionnaire, est un blessé vêtu comme les peuples barbares da nord de l’Europe.
Bas-relief du milieu. Sous la porte d’une ville un soldat armé d’une lance se retourne comme pour défier l’ennemi. Que ses cheveux soient chassés par le vent, ou liés derrière la tête, la coiffure rappelle un peu celle des femmes.
En dedans des murs, on voit un homme enveloppé d’un manteau et dont l’altitude semble respirer une extrême confiance.
Bas-relief inférieur. Au centre un personnage entièrement drapé, à l’exception des jambes, porte sur la tête une couronne, ou les attributs d’une ville ; cet ornement, fort effacé, est d’un diamètre égal à peu près au tiers de la tête. Le personnage, vu de face, est debout, les bras pendants. à sa droite est un groupe dont on voit encore un homme également debout, nu, les mains derrière le dos.  La figure du milieu semble intercéder pour les captifs auprès d’un personnage qui devait occuper la gauche du bas-relief.
à droite en regardant la ville :
Bas-relief supérieur. Il représente un combat de fantassins. Un des groupes est plus élevé que l’autre, dont le seul personnage conservé, qui est tout à fait sur le premier plan, et vu de dos, a les jambes entièrement cachées par le cadre. Ce guerrier est nu, à l’exception des épaules, qui sont légèrement drapées. Il a un bouclier ovale.
Bas-relief du milieu. Ou y reconnaît un combat de cavalerie.
Bas-relief inférieur. Chaque angle de ce bas-relief est occupé par un captif assis les mains derrière le dos, et gardé par un légionnaire debout, vêtu d’une cotte d’armes. Le captif de droite, presque couché à terre, pourrait être une femme ; l’autre est un homme aux formes athlétiques. Le milieu du tableau manque.
Chacun de ces bas-reliefs est séparé des autres par un bandeau évidé, orné intérieurement d’armures. On y voit des boucliers hexagones, ronds et ovales assez bien conservés. Au centre d’un bandeau sont même des boucliers sacrés, des haches, des glaives, des cottes d’armes. Sur d’autres frises on voit encore des boucliers et d’autres attributs guerriers.

La porte noire de Besançon vers 1845 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
La porte noire de Besançon, vers 1845
Gravure extraite du 'Magasin pittoresque' - 1849
L'Arc de triomphe avant toute restauration
Collection personnelle

 


La Porte taillée, ou percée

La porte percée de Besançon depuis le Doubs vers 1825 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert PousseurLa porte percée de Besançon depuis le Doubs vers 1825, par B. Mavy
extraite du 'Nouveau voyage pittoresque de la France' - Ostervald 1827
Collection personnelle

Texte extrait du Magasin pittoresque - 1834

LA PORTE TAILLéE, à Besançon.
Dès longtemps avant la conquête des Gaules par les Romains, Besançon dut jouer un rôle important dans l’Histoire e ce pays ; mais les monuments historiques manquent complètement jusqu'à cette époque. Peut-être seulement le nom de Chrysopolis, ville d’or,  que lui avaient donné les Grecs de la colonie de Marseille, suffit-il pour prouver que de ce temps-là on exploitait dans celle ville la pèche des parcelles d’or que le Doubs roule dans ses eaux, et que l’on aperçoit encore, çà et là, sur ses rives, briller au soleil à travers le sable.
Quand on observe que l’or était assez commun dans les Gaules pour que le plus grand nombre des guerriers portassent des bracelets et des colliers de ce métal, on ne peut pas douter qu’il n’existât dans ce pays assez d’or pour fournir à une partie de la consommation. D’ailleurs, il existe des litres qui prouvent que l’exploitation de l’or des sables du Doubs fut affermée dans le moyen âge, et qu’elle était encore productive. Il est probable qu’elle avait été abandonnée du temps de César, comme elle l’a été depuis, après avoir été reprise et continuée avec succès pendant plusieurs siècles ; car les Commentaires, qui ; dans une description fort détaillée de cette ville, nous la montrent comme une place de guerre très importante, située dans un pays riche et fertile, ne disent rien de ses richesses sous ce rapport ; ils ne disent rien non plus du percement de rocher dont nous allons nous occuper.
Pour sentir toute l’importance des travaux qu’a nécessités cette entreprise, il faut avoir une idée des lieux où elle a clé exécutée. Voici la description qu’en fit Pélisson par ordre de Louis XIV.
« Besançon est située au fond d’un très beau vallon qui  représente presque un amphithéâtre qu’on aurait paré exprès de vignobles, de vergers et de bois, pour le seul plaisir des yeux. Jules-César l’a décrite en ses Commentaires comme l’une des plus fortes villes des Gaules, parce que le Doubs, grande rivière qui coulait sous ses remparts, l’environnait de tous côtés comme un fossé en forme de fer à cheval, ne laissant qu’un espace de six cents pas à l’ouverture, remparé d’une haute montagne dont le pied plongeait dans la rivière des deux côtés, et qui, étant en  outre fermé d’un mur, servait de citadelle à la ville au seul endroit par où l’on en pouvait approcher. Depuis, la ville s’est accrue, et  au-delà du Doubs on a vu s’élever comme une colonie et une autre ville, jointe à l’ancienne par un beau pont.
Du temps des Romains on ne pouvait pénétrer dans la ville que par le pont de bois que les Gaulois avaient établi sur la rivière, ou bien en traversant la citadelle, qui, étant le seul chemin pour communiquer avec l’Helvétie et toute la montagne, devait être exposée à un coup de main par l’affluence continuelle des marchands et des voyageurs. Il devait être bien plus à la convenance des vainqueurs de faire de la citadelle une forteresse inabordable, d’où ils pussent commander des routes passant à plus de cinq cent pieds perpendiculairement sous leurs remparts, que de la laisser ainsi ouverte à tout venant.

La Porte taillée de Besançon vers 1830 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
La porte taillée de Besançon, vers 1830
Gravure extraite du 'Magasin pittoresque' - 1834
à remarquer, par rapport à la gravure suivante plus tardive, que la porte n'est pas fermée,
ni entourée d'un porche, et qu'on apperçoit ici une statue sur la paroi rocheuse à gauche.
- Mais il se peut que nous nous trouvions ici, del'autre côté de la porte...

Collection personnelle


Tel a été, à ce qu'ou prétend, le motif qui a dû les déterminer à faire des chaussées aux pieds des rochers et à percer la roche même dans l’endroit où elle ne pouvait être que difficilement tournée ; mais cette explication n’est pas satisfaisante, car il est évident qu’avant l'élévation du niveau de l’eau par les écluses bâties pour le service des moulins à eau construis dans la ville, il restait un espace libre entre la rivière et le rocher, espace peu considérable, à la vérité, mais suffisant pour le passage des voitures, dont les ornières sont restées empreintes sur le roc, et qu’on aperçoit encore dans les eaux basses. Ainsi, l’ouverture taillée dans le roc n’a pu avoir d’autre but que de donner passage au canal ou aqueduc qui amenait les eaux d’Arcier à Besançon. D’ailleurs, elle était trop étroite et trop peu élevée dans l’origine pour qu’on puisse supposer qu’elle ait été destinée à donner passage à une grande route.
Beaucoup plus tard, lorsque l’aqueduc abandonné cessa d’amener l’eau dans la ville, il est probable qu’on déblaya la place qu’il avait occupée pour en faire un chemin, et que l’élévation du niveau de l’eau rendant l’ancienne route impraticable, on fut forcé d’élargir cette ouverture, qui ne fut longtemps qu’un passage couvert auquel le roc servait de voûte. Enfin, après la conquête par les Français, Vauban la fit mettre à ciel ouvert lorsqu'il traça les fortifications de la place. Il bâtit aussi la petite tourelle isolée qui la domine, que l’on confie à la garde d’une centaine de fusiliers lorsque la ville est assiégée.

La Porte taillée de Besançon vers 1835 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
La porte taillée de Besançon, vers 1835
Gravure de Rauch, extraite du 'Guide pittoresque du voyageur en France' - 1838
Collection personnelle


Les historiens sont unanimes sur ce point, que Besançon n’avait jamais été prise avant Louis XIV, et qu'alors même elle ne fut livrée, après vingt-huit jours de tranchée ouverte, que par la trahison et les intrigues de l’abbé de Vatteville, qui reçut en récompense des terres et des seigneuries. Mais ces faveurs profitèrent peu à la famille de l’abbé : la dernière héritière de son nom est morte à Besançon, sous l’empire, dans un état voisin de l’indigence.


Plans de Besançon

Plan de Besançon vers 1880 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
Plan de Besançon, vers 1880, Extraite de l'Atlas géographique de Malte-Brun
Collection personnelle

 

Plan de la ville et citadelle de Besançon, vers 1670 - gravure numérisée et conservée par la ©  BNF, reproduite et retouchée par © Norbert Pousseur
Plan de la ville et citadelle de Besançon vers 1670
Assiégées par le Roi le 6mai 1674, rendues à l'obéissance de sa majesté
dans le même mois, la ville le 15 et la citadelle le 22.
Gravure conservée et numérisée par la © BNF,
restaurée numériquement par Norbert Pousseur


Article extrait du Dictionnaire universel géographique et historique - Thomas Corneille - 1708
(collection personnelle
)

BESANÇON. Ville de la Franche-Comté de Bourgogne, l’une des plus anciennes de l’Europe, avec université, Parlement et Archevêché. Elle est située sur le Doux, qui la divise en deux parties inégales, dont la plus grande occupe un Isthme, que cette rivière arrose par le pied. Elle en est d’autant plus forte, que cet Isthme à son entrée est fermé d’une haute montagne, sur laquelle, on a bâti une grande Citadelle, qui défend cette partie de la ville ; laquelle depuis le pied de cette montagne s’étend dans une planure jusqu’au bord du Doux, qui en sépare l’autre partie.
Celle-ci n’est pas grande, mais les rues en sont larges, droites et belles. En venant de Dole on entre dans cette petite partie par la Porte d’Arènes, l’une des trois qui la ferment. Les deux, autres sont celles de Charmont et de Bassanes, d’où il y a une belle grande rué qui la traverse toute entière, et au milieu de laquelle se fait un carrefour avec la grande rue de Charmont, où est l’ancienne église Canoniale de la Magdeleine. Quelques autres rues qui partant de la grande rue de Bassare, vont de même rang que celle de Charmont, sont le plan de cette partie de Besançon, où les maisons sont très belles, toutes bâties de pierre de taille couvertes d’ardoise, principalement aux environs de la Place de Battane, ornée d’une Fontaine qui donne de l’eau par un Bacchus.
Il faut passer la rivière par un Pont pour entrer de cette partie de la ville de Besançon dans l’autre. Le Pilori, Place où se tient un Marché de denrées de toutes sortes, est à l’entrée de ce Pont, où sont quelques maisons et boutiques de Marchands. On trouve aussitôt après une grande Place à main gauche, ornée de fa Fontaine, qui fait le commencement de la grande rue de Besançon, laquelle traverse toute cette partie, depuis le Pont jusqu’à Saint Jean le Grand, La Place Neuve est un peu à côté de cette rue, où quand on a un peu avancé, on voit la Maison de Ville. C’est un grand bâtiment de quatre ailes, qui environnent une cour carrée. Il est tout de grosses pierres de taille, et fait l’admiration de ceux qui en examinent le dessin. On voit à sa façade du dehors la figure en bronze de Chartes-Quint, porté par un Aigle à deux têtes de même matière, qui a les ailes ouvertes, en sorte qu’il semble voler au Ciel pour y porter cet Empereur, qui tient d’une main un globe du monde, et de l’autre une épée avec ces mots au-dessus de ce Portique, Plût à Dieu. L’Aigle à deux têtes s’élève au-dessus d’un grand bassin, où il rend l’eau par l’un et par l’autre bec. Ce grand édifice regarde la Place de Saint Pierre, où est une église du même nom, dont le clocher sert de Tour d’horloge à la ville. Plus avant dans cette rue est le Convent des Carmes avec leur église, dans laquelle la Chapelle Notre-Dame, et le Tombeau d’AItenau, sont deux choses remarquables. Tout proche de là, est la Fontaine de Neptune, monté sur un Dauphin, qui verse l’eau par son museau, dans un bassin qui est au-dessous. On trouve ensuite le Palais du Gouverneur, le plus grand et le plus magnifique de la Province, quoiqu’il n y ait que deux corps de logis, dont celui qui donne sur la rue, est le plus beau. La Fontaine qu’on trouve un peu plus avant, est d’une figure de femme assise toute nue, qui rend l’eau par ses mamelles.

Après avoir passé Nôtre Dame, et la Place qu’elle regarde, on arrive à un grand Arc de triomphe, élevé en l’honneur de l’Empereur Aurélien, où l’on remarque des figures d’hommes et d’animaux, encore assez dans leur entier. Cet Arc de triomphe sert de Porte au Cloître de la grande église de Saint Jean le Grand. Depuis l’an 1668, que le Roi entra victorieux dans toutes les Places fortes de la Franche-Comté, dont il fit ruiner les fortifications. La ville de Besançon, contre le Traité de Paix conclu avec l’Espagne dans la même année, a fait bâtir une grande Citadelle sur la montagne Saint Etienne, au lieu où était l’ancienne église Archiépiscopale de ce même nom, que l’on ruina pour ce sujet, ainsi que les maisons des Chanoines, qui occupaient une partie de la Place où est à présent la Citadelle. On ôta de cette église toutes tes Reliques et le Saint Suaire, pour les transporter un peu plus bas dans la belle église de Saint Jean le Grand, lieu où Saint Lin qu’envoya Saint Pierre à Besançon pour prêcher la Foi Chrétienne, baptisa les premiers Chrétiens de cette ville du temps de l’Empereur Claude. Il y trouva Onnasius, Tribun de guerre, et lui demanda une Place pour y bâtir une petite église au nom de Dieu, de la Vierge, et de St. Etienne, proche d’une petite source où il baptisait les Chrétiens, et dont on voit encore aujourd’hui l’endroit dans l’église de St. Jean le Grand.
Au milieu du Chœur de cette église, s’élève un Autel au-dessus d’une cave, où sont les corps et autres Reliques de plusieurs Saints, dont on fait paraître quelques-unes sur cet Autel, aux jours les plus solennels, dans des Châsses d’argent, brillantes en or et en pierreries. Les Chanoines portent leur camail d’étoffe de soie bleue, doublé d’un taffetas rouge en façon d’Évêques, et au-dessus de leurs armes, ils ont la mitre et la crosse.

L’Archevêché de Besançon est si ancien, qu’on le met un peu après la mort de Jésus-Christ. Il a pour suffragant les Évêchés de Bellay, de Genève, à présent à Annecy, de Lausanne, à présent à Fribourg, de Bâle, à présent à Porentres, et de Constance, qui comprennent toute la Suisse, comme le Diocèse de Besançon comprend tout le Comté de Bourgogne. Dans la même église, est un autre Maître Autel dédié à la Vierge, dont le Tableau est une pièce très rare. Sous cet Autel est renfermé le Saint Suaire de Nôtre-Seigneur, qu’on montre au Public plusieurs fois l'année. On y voit aussi divers Tombeaux de Ducs, de Palatins, et de Comtes de Bourgogne, avec leurs tableaux, qui servent comme de tapisserie aux murailles de la même église de Saint Jean, ornée d’une haute tour, et de plusieurs choses remarquables qu'on y a apportées de l’église Saint Etienne, depuis qu'on l’a toute dépouillée pour en laisser la place à la Citadelle, qui commande sur toute la ville, ayant été élevée au bout de la partie la plus grande de Besançon, que la rivière environne en façon d’un fer à cheval ; mais elle est commandée de la montagne de Chandane, qui est de l'autre côté de la rivière, et où Ion sacrifiait autrefois à Diane, ce qui la fait appeler Chandane, comme qui dirait campus Diana.
Quand Saint Lin entra dans Besançon, on y adorait les Idoles au Panthéon, qui est ce qu'on appelle à présent les Colonnes, qui sont sur le Mont de St. Etienne. Comme il fît tomber ces Idoles par ses prières, on le chassa de la ville, ce qui l'obligea de retourner à Rome où il fut fait Pape. Après Saint Lin, Saint Ferréol et Saint Ferieux vinrent à Besançon y prêcher la Foi Chrétienne l'an 95 depuis la mort du Sauveur du monde. Ils y furent décapités, et ils portèrent leurs têtes à un petit village, à demi-lieue de la ville, qu’on appelle St. Ferieux. C’était le lieu de leur retraite ordinaire. Ils y demeurèrent enterrés jusqu’au temps d’Anian, premier Évêque, qui les fit transporter de là à la ville, dans l’église de Saint Vincent, Abbaye d’Hommes de l’Ordre de Saint Benoît. Ce fut Saint Chelidonius Évêque, qui apporta de Rome à Besançon le bras de Saint Etienne, le Saint Suaire, les Corps de Saint Épiphane, de Saint Isidore, de Saint Agapit, et autres saintes Reliques.
Les Archevêques de Besançon sont Princes de l’Empire. Il y a encore dans la même ville diverses églises Collégiales, plusieurs Paroisses, l’Abbaye de Saint Paul, un grand nombre de Maisons Ecclésiastiques et Religieuses, et un Collège de Jésuites. Les Auteurs Latins la nomment diversement, Vesuntio, Bisuntium, Vesuntium, et quelquefois chrysopolis. .

Il y a sur cette même Montagne de S. Etienne les restes d’un grand Aqueduc, et on y fait voir plusieurs endroits qui ont tiré leur nom des anciennes demeures des Romains, comme Chamars, qui veut dire Campus Martius ; Chamuse, Campus Musarum ; Chailla, campus Lunae, et autres.

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La ville de Besançon a été la Patrie d’Antoine Perrenot Cardinal de Granvelle né l'an1516. Il était fils de NîcoIas Perrenot, qui quoique d’une fort belle naissance eut l’avantage de s’élever par son esprit à la dignité de Chancelier de l’Empereur Charles-Quint. Antoine son fils alla encore plus loin, et après avoir été Archidiacre de Besançon et Évêque d’Arras, il se mit si bien dans l’esprit de l’Empereur qu’il fut envoyé Ambassadeur en France, en Angleterre, et ailleurs. Charles-Quint qui avait pour lui une estime singulière le recommanda à Philippe II son fils en se dépouillant de l'Empire et de la Couronne d’Espagne. Le Pape Pie V le fit Cardinal en 1561, et Philippe qui l’avait nommé premier Conseiller de Marguerite de Parme Gouvernante du Pays-Bas le rappela auprès de lui, et se conduisit par ses avis dans les affaires les plus importantes. Il l’envoya Vice-roi à Naples, et lorsqu’il alla prendre possession de la Couronne de Portugal, il le rappela une seconde fois en Espagne pour y prendre le soin des affaires de l’État pendant son absence. Le Cardinal de Granvelle mourut à Madrid le 21 de Septembre 1586 fort regretté de son Roi, et son corps fut porté à Besançon où il avait été nommé Archevêque. Il avait l’esprit si vif, qu’on dit qu’il laissait cinq Secrétaires, en leur disant en même temps des lettres en diverses Langues. C’était un homme dur, ambitieux et opiniâtre.

La même ville de Besançon a donné la naissance à Jean Jacques Chifflet, Médecin sorti d’une Famille célèbre en Hommes de Lettres. Il y naquit en 1588 et après y avoir fait ses Études, il voyagea dans divers Royaumes de l’Europe, où il consulta les plus savants, et vit les Bibliothèques et les plus beaux cabinets des Curieux. La ville de Besançon où il avait exercé la Médecine, le députa vers l’Archiduchesse Elisabeth Claire Eugénie, Souveraine des Pays-Bas, qui l’arrêta auprès d’elle en qualité de Médecin ordinaire. Il fut ensuite celui de Philippe IV Roi d’Espagne où cette Princesse l’envoya. Son zèle outré pour ce Prince le porta à écrire contre les Français sous le titre de Vindicta Hispanica. Cet Ouvrage qu’il nous a laissé a été accompagné de plusieurs autres. Il mourut dans un âge extrêmement avancé. Laurent et Pierre François Chifflet Jésuites étaient ses frères. Le dernier s'est fort distingué par la connaissance qu'il avoir de l'antiquité dont il a fait une recherche particulière.

 

Besançon et sa citadelle vers 1830 - gravure reproduite et retouchée par © Norbert Pousseur   Besançon sur les bords du Doubs - gravure reproduite et retouchée par © Norbert Pousseur   Besançon entourée par le Doubs vers 1880 - gravure reproduite et retouchée par © Norbert Pousseur

Arc de Triomphe, à Besançon, vers 1855 - gravure reproduite et retouchée par © Norbert Pousseur   La porte noire de Besançon vers 1860 - gravure reproduite et retouchée par © Norbert Pousseur   La porte noire de Besançon vers 1825 - gravure reproduite et retouchée par © Norbert Pousseur   La porte noire de Besançon vers 1845 - gravure reproduite et retouchée par © Norbert Pousseur

La Porte taillée de Besançon vers 1835 - gravure reproduite et retouchée par © Norbert Pousseur   La porte percée de Besançon depuis le Doubs vers 1825 - gravure reproduite et retouchée par © Norbert Pousseur   La Porte taillée de Besançon vers 1830 - gravure reproduite et retouchée par © Norbert Pousseur   Plan de Besançon vers 1880 - gravure reproduite et retouchée par © Norbert Pousseur

 

 

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