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Gravures anciennes

 

Nantes dans l'histoire

 

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Plan de Nantes extrait de 'La France pittoresque' d'Abel Hugo - 1835

 

 

Voir aussi, sur ce site la listes des pages consacrées à Nantes

Extrait de l'ouvrage "La France pittoresque" d'Abel Hugo ( frère de Victor Hugo ) - édition de 1835

Département de la Loire-Inférieure.
NANTES.

Nantes, un des ports les plus commerçants de France, est situé sur la rive droite de la Loire: c'était autrefois la capitale de la Bretagne et la résidence des ducs souverains de celle riche province; c'est aujourd'hui Je chef-lieu d'un département, le siège d'un évêché, et le quartier général d'une division militaire. — Celle ville, située au confluent de l'Erdre et de la Sèvre nantaise avec la Loire, est à 13 lieues de l'embouchure de cette rivière dans l'Océan, et à 97 lieues 1/4 (389 kilom. ) S. -O. de distance légale de Paris. On paie 48 postes par le Mans, 54 postes par Vendôme, et 48 postes 1/4 par Châteauneuf. — Nantes renferme un magasin général de vivres et de munitions pour la marine, et un entrepôt réel et fictif. — L'établissement de la marée du port a lieu à 6 heures. — La population de la ville est de 77, 982 habitants.

HISTOIRE. (Nous devons cette courte esquisse de l'histoire de Nantes à M. A. Guepin, auteur d'une Histoire des progrès de Nantes, ouvrage fort bien fait et fort intéressant, qui nous a fourni un grand nombre de renseignements utiles.)
Nantes la Brette, cette ville calme et paisible, à la vie laborieuse et bourgeoise, qui semble un pont jeté entre la Bretagne et la Vendée, entre les deux terres de France où le protectorat féodal éleva ses derniers créneaux, existait sous la forme de bourgade à l'époque où les deux races des Gal et des Kimri se partageaient les Gaules. — Les Romains comprirent l'avantage de sa position, et ils y établirent une bourse et un tribunal de commerce. Par eux, Nantes devint l'entrepôt des métaux de l'Armorique et de la Grande-Bretagne, qui allaient à Lyon, à Marseille et à Rome, s'échanger contre les produits de l'Italie et les riches étoffes du Levant. — Plus tard, Conan Mériadec, jeune chef de clans, s'en empara, et cette ville devint la capitale du
duché de Bretagne et du comte nantais. — Bientôt un évêque, nommé Félix, y fit faire de grands travaux industriels, à cette époque où, insatiable de gloire et avide de donner à la fois au peuple le pain de l'âme et le pain du corps, le clergé d'Irlande jetait dans la petite Bretagne de nombreuses colonies sous la conduite de prêtres que la reconnaissance populaire a sanctifiés. Mais c'est surtout à partir du Xe siècle que le clergé nantais joue un grand rôle, ce que l'on doit attribuer à l'organisation de la hiérarchie. Alors en effet, c'étaient (les archives de Nantes en font foi) les paroissiens qui nommaient leurs curés; les évêques élus par le peuple et par les prêtres réunis étaient soumis aux synodes ou conciles diocésains. — Au Cie siècle, les paysans bretons, lassés des servitudes féodales, se révoltèrent. Après quelques succès passagers, ils furent vaincus et soumis. Ces malheureux savaient assez ce dont ils ne voulaient plus, mais aucun d'eux ce qu'il eut fallu mettre à la place. — Les croisades furent prêchées à Nantes par le fameux Robert d'Arbrissel, fondateur de la règle de vie de Fontevrault et d'une infinité d'abbayes. — Au XIIe siècle il fut passé à Nantes un concordat entre le clergé, les nobles et le peuple, ce qui prouve que les bourgeois de cette ville jouissaient déjà en fait de quelques droits politiques. — Au XIIIe siècle, le duc Pierre de Dreux, surnommé Mauclerc, pilla les églises pour faire construire deux ports sur la Loire et assainir la ville; il fut excommunié, mais il protégea le commerce, combattit la piraterie, fortifia les villes de Bretagne, et se fît regretter des bourgeois et des manants. — Dans les siècles suivants, la marine nantaise se perfectionna, et le bien-être des orientaux fit irruption en Bretagne, malgré le spiritualisme nuageux et mystique de cette contrée. — Le sort des ouvriers, à la liberté près, était fort heureux; alors il ne fallait que sept de leurs journées pour acheter un setier (un hectolitre et demi) de blé, et il en faut seize aujourd'hui. — Au commencement du XVIIIe siècle, le mouvement du port de Nantes était le même qu'aujourd'hui. — En 1790, il était de cinquante mille tonneaux plus considérable pour le long-cours et le grand cabotage. — Le 1er novembre 1788, le tiers-état de la ville de Nantes protesta contre les privilèges de la noblesse
 et du clergé. — Le 12 juillet 1793, le général Canclaux y soutint l'attaque de l'armée vendéenne. — Trois mois après, Carrier y faisait son entrée. — Le 30 juillet 1830, quelques hommes y prirent l'initiative de l'insurrection sans attendre les nouvelles de la capitale. — Depuis juillet 1830, la ville de Nantes a mis en pratique, par la fondation d'une société industrielle, les doctrines économiques prêchées dans les journaux par quelques hommes ardents pour le progrès: et l'on s'y occupe de procurer à chaque ouvrier sociétaire l'éducation gratuite pour ses enfants, du travail et des soins pour lut en cas de maladie, une retraite quand il lui est devenu impossible de travailler. — En avril 1833, la Réunion de l'Ouest, espèce de congrès des hommes les plus éclairés du département et des sept ou huit départements voisins, y a tenu ses séances, dans lesquelles ont été discutées les plus hautes questions de science, d'art, d'industrie et de politique.

 

Quais de Nantes vers 1800 - reproduction © Norbert Pousseur
Quai de Nantes vers 1830

 

NOTES BIOGRAPHIQUES
Le département de la Loire-Inférieure a produit des princes amis du peuple, de braves marins, d'héroïques militaires, des savants remarquables, des littérateurs distingués, des artistes dignes d'estime.
Anne de Bretagne; Abeilard, connu par ses amours non moins que par sa science; le connétable de Clis-son; le maréchal Gilles de Retz, qui, avant d'être devenu un grand criminel, était un guerrier redoutable; Lanoue, surnommé Bras-de-Fer; Cassard, le Jean Bart de la Bretagne, sont des noms qui appartiennent à une époque trop éloignée pour prendre place parmi nos contemporains. Nous pourrons citer encore: l'astronome Bouguer, compagnon de La Condamine; Desforges-Maillard, poête agréable qui, sous le nom de mademoiselle de La Vigne, mystifia son siècle, et fit croire un instant à Voltaire qu'une nouvelle Deshoulières allait briller en France; Meusnier de Querlon, littérateur érudit; René le Pays, poète que Boileau ne jugea pas indigne d'être mentionné dans ses satires, sans doute à cause de la réputation dont il jouissait en province; Croze, orientaliste, auteur de deux Dictionnaires égyptien et arménien, etc.
Nos contemporains ne sont pas moins dignes de remarque, et nous sommes fâché que l'espace nous manque pour mentionner tous les hommes distingués. Le noble Haudaudine, généreux citoyen qui mérita le surnom de Régulus nantais, et qui prouva à l'armée vendéenne, glorieuse à juste titre de l'humanité de Bonchamp, que la République pouvait aussi produire des héros, mérite d'être nommé le premier; vient ensuite Cambronne, Je général de la garde impériale qui ne se rendit pas à Waterloo; c'est à un titre moins honorable que l'oratorien Fouché, ancien ministre de la police, est cité: le rôle important qu'il a joué dans nos désastres politiques le place néanmoins très haut (historiquement parlant); Charette, fut un des généraux vendéens les plus hardis, les plus actifs, les plus courageux et les plus habiles; Sotin fut ministre de la République; Cacault, ambassadeur et ami des arts; Mellinet, se distingua comme général et a laissé des écrits sur l'art militaire; Pichon, qui fut intendant à Alger, et dont les talents administratifs et politiques sont incontestés, eût peut-être rendu cette colonie prospère s'il n'eût pas eu pour supérieur le duc de Rovigo. — Nous ne pouvons pas parler des autres personnages politiques du département, parmi lesquels on remarque, dans les divers partis qui divisent la France, les Saint-Aignan et les Sept-Maisons, etc. Nous préférons nous occuper des hommes qui se sont occupés du progrès des sciences, des lettres et des arts, et nous signalerons Lévêque, de l'Institut, habile mathématicien; Ceyneray et Crucy, architectes; Laennec, médecin; Caillaud, connu par ses recherches sur les Antiquités égyptiennes; Peltier, historien du Dix-Août, rédacteur de l'Ambigu, un des plus virulents ennemis de la Révolution et de l'Empire; Le Bouvier - Desmortiers, historien de la guerre de la Vendée; Huet, statisticien distingué; le savant Athénas; Richer, auteur de Voyages pittoresques qui présentent d'intéressantes descriptions du département; Le Boyer, Le Cadre, Trébuchet, Massé Isidore, qui, dans des ouvrages de diverses natures, se sont occupés de l'étude et de la mise en lumière des antiquités historiques et monumentales de la Bretagne; Guepin, auteur de l'Histoire de Nantes dont nous avons déjà parlé; Walsh, écrivain chaleureux et passionné; Louis Say, auteur d'un traité d'économie politique, etc. — Parmi les Nantais qui ont cultivé la poésie, les dames occupent la première place: ce sont mesdames Dufresnoy, la Princesse de Salm-Dick (née Théis), et mademoiselle Elisa Mercoeur. Dorion et Kérivalant ne se sont pas élevés au-dessus d'une honnête médiocrité. Nous croyons que l'auteur de Marie, M. Brizeux, appartient au département; ce serait une belle compensation.
Pour compléter la liste des célébrités contemporaines, nous nommerons encore madame de Sainte-Amour, dont le Globe a signalé quelques cures miraculeuses obtenues au moyen de l'état extatique oû elle réussit à mettre ses malades.

ASPECT GéNéRAL
On ne peut rien imaginer de plus beau que la vue du port de Nantes. Les immenses prairies à l'extrémité desquelles la ville est située, les coteaux couverts de vignes qui les bordent, le vaste fleuve sillonné par des navires de tous pays et de toutes dimensions, les îles que ses eaux embrassent, des quais majestueux, ombragés d'arbres, bordés de magnifiques maisons à balcons somptueux, le mouvement continuel qu'occasionnent les arrivages, les départs et les travaux de la navigation; tout cela se présente simultanément aux regards, et compose un panorama qu'on a souvent comparé à la vue de Constantinople.

MéTéOROLOGIE. — CLIMAT
Les annales nantaises font mention de plusieurs maladies épidémiques qui, à diverses époques, ont ravagé la ville. Ce fléau était principalement causé par les eaux qui croupissaient dans les fossés, et par l'agglomération de la population dans des rues étroites, tortueuses, où l'air ne se renouvelait que difficilement; les cimetières, se trouvant dans l'enceinte, ajoutaient encore à l'insalubrité de Nantes. Aujourd'hui tous ces principes dangereux n'existent plus; la ville a franchi ses fortifications, et de nouveaux quartiers ont reçu le trop plein de ses habitants; la majeure partie des fossés a été comblée et s'est transformée en boulevards; les inhumations se font hors des murs. Rien ne contrarie plus l'action salutaire d'un climat tempéré et d'une position favorable. Aussi, depuis le XVIIe siècle, les maladies contagieuses ont-elles cessé les invasions qu'elles renouvelaient si fréquemment avant cette époque.

Nantes vers 1800 - reproduction © Norbert Pousseur
Nantes vers 1800 vue de la prairie des Mauves

TOPOGRAPHIE
On compte à Nantes 34 places, plus de 390 rues, et 24 quais.
Iles. — La Loire, dont le lit s'étend sur un terrain plat, a formé et forme tous les jours, par les sables qu'elle charrie, un nombre considérable d'îles. Ces sables, en s'amoncelant, exhaussent son lit, et il en résulte des bancs sur lesquels croissent des osiers et des saules. Deux de ces îles, d'une étendue remarquable, sont renfermées dans Nantes, et offrent, par les beaux édifices qu'on y a construits, deux des plus magnifiques quartiers de la ville; ce sont V Ile Gloriette et l'ile Feydeau.
Port et Quais. — Les quais qui forment la bordure du port de Nantes, établi sur la Loire, ont plus de trois quarts de lieue d'étendue, depuis Richebourg jusqu'à la Sécherie, et l'on a le projet de les étendre encore. Leur construction date de diverses époques; quelques-uns n'ont été terminés qu'en 1814. Cette magnifique ligne offre sur tous ses points le spectacle d'un mouvement continuel; on y voit partout des barques et des bateaux occupés sans interruption à charger ou à décharger des marchandises. Plusieurs quais, entre autres ceux du Château, ou Port-Maillard, et de la Fosse, sont plantés d'arbres et forment des promenades fort agréables.
Ponts. — Charles-le-Chauve, ayant pris Nantes sur le comte Alain, fit construire en 877 les premiers ponts sur la Loire. Ils étaient alors en bois; depuis on les remplaça par des ponts en pierre. On en compte aujourd'hui 10 sur les diverses branches de la Loire, 6 sur l'Erdre, 1 sur la Sèvre, et 5 sur la Chésine.
Pont de Pirmil. — Situé près de la tour qui lui a donné son nom, il traverse le plus large bras de la Loire: on y compte 16 arches sur une longueur de 130 toises. Ce pont fut enlevé par les glaces en 1558, et refait en pierre quatre ans après; le nouveau travail manquant de solidité, on lui substitua en 1711 la construction actuelle.
Pont de la Madeleine. — Il fut bâti en 1580 pour faire communiquer l'île Gloriette avec l'île Bissette.
Pont de la Poissonnerie. — Il n'est formé que d'une seule arche qui a 60 pieds d'ouverture, et 20 pieds de hauteur sous clef de voûte.
Pont d'Erdre, — Il fut construit en bois, en 1514.
Pont du Gué-aux-Chèvres. — On le voit au bout de Richebourg, à l'entrée de la prairie de Mauves; sa construction date de 1571.
Places. — Comme nous l'avons dit, on compte 34 places dans la ville de Nantes. Les plus remarquables sont la place Royale et la place Graslin, toutes deux de forme elliptique, entourées de maisons construites d'après un plan systématique, toutes formant le centre de neuf rues très populeuses. Le théâtre se trouve sur la place Graslin et, par son élégante architecture, en fait le plus bel ornement.
Promenades et Jardins publics. — Cours de Saint-Pierre et de Saint-André. — Ces deux belles promenades, situées entre l'Erdre et la Loire, ne sont séparées que par une place sur laquelle s'élève, à 78 pieds de hauteur, une colonne d'ordre dorique portant la statue, de Louis XVI. — Elles ont été autrefois nommées cours des Etats, et consistent dans quatre rangs d'ormes, bordés de belles maisons. — Au bout des cours de Saint-Pierre, et devant les vieux manoirs des ducs de Bretagne, on a placé les statues en pied d'Anne de Bretagne et d'Arthur III; celles de Clisson et de Duguesclin ornent une des extrémités du cours Saint-André.
Cours Henri IV. — Une allée spacieuse et deux contre-allées, formées de quatre rangs d'arbres, composent cette jolie promenade, dont un des plus beaux quartiers de Nantes fut orné en 1812. Dix maisons bien bâties et toutes sur le même plan l'encadrent avec régularité; au devant d'elles se prolongent des terrasses également uniformes.
Cours du Peuple. — Il est bordé aussi de magnifiques maisons; un bâtiment élégant termine une de ses extrémités. Cette promenade, plus connue sous le nom de boulevard, date des commencements de la révolution.
Jardin des Plantes. — L'enclos de l'ancien couvent des Ursulines est consacré depuis 1823 aux études de botanique et d'horticulture. Il renferme une riche pépinière destinée à propager les bonnes espèces de fruits dans le département. — Il y a aussi à Nantes un jardin où l'on cultive spécialement les plantes pharmaceutiques.

Cour du château de Nantes vers 1860 - reproduction © Norbert Pousseur
La cour du château de nantes vers 1860 - Vue détaillée disponible

ANCIENS CHATEAUX FORTS
Le Château. — « Ventre saint-gris ! les ducs de Bretagne n'étaient pas de petits compagnons ! » S'écria Henri IV à l'aspect du château de Nantes; et en effet, en 1598, cette forteresse, défendue par sept courtines, six tours, des bastions et des canonnières, protégéé par un large fossé et par la Loire qui en baignait les murs du côté du sud, devait présenter un aspect formidable. Elle est aujourd'hui démantelée, entourée de maisons qui la dominent; ses fossés sont à moitié comblés, et le quai sur la Loire s'élève à mi-hauteur de ses bastions. Malgré les souvenirs qui se rattachent à cette masse irrégulière, on est tenté de regretter que la quarantième partie de la ville soit occupée par des fortifications et des bâtiments qui ne peuvent plus servir à sa défense. — Le château de Nantes fut bâti en 938 par Alain Barbe-Torte, et reçut alors le nom de Tour-Neuve, parce qu'il remplaçait un autre château détruit par les Normands. Conan II, Guy de Thouars, Pierre de Dreux l'augmentèrent successivement; mais Ce fut en 1480, sous François II, qu'il devînt une véritable citadelle par l'addition des quatre grosses tours du côté de la ville. En 1588, MercŒur, commandant en Bretagne pour la ligue, y fit ajouter les deux bastions carrés qui sont encore recouverts de doubles croix de Lorraine. — Le feu ayant consumé une partie du château en 1670, on reconstruisit cette portion à la moderne; le nouveau bâtiment est occupé par le gouverneur. — D'autres parties ont été transformées en magasin à poudre. En 1800, une explosion épouvantable fit sauter la tour des Espagnols; soixante personnes périrent, une centaine de maisons furent renversées ou endommagées. Telle fut la violence de l'explosion qu'on l'entendit à plusieurs lieues à là ronde, et que des canons, des blocs de charpente, des masses de granit, furent lancés à des distances considérables. — Landais, ministre et favori de François II, fut arrêté en 1485, au château de Nantes, dans la chambre même du prince, qui fut obligé, tant l'irritation populaire était grande, de le livrer au chancelier de Bretagne:  « Faites justice, lui dit-il, mais souvenez-vous que vous lui êtes « redevable de votre charge. » — En 1665; le fameux cardinal de Retz fut enfermé dans ce même château par les ordres du roi; il raconte dans ses mémoires comment il trompa la vigilance de ses gardes, et parvint à s'évader, en descendant du côté du bastion de MercŒur, au moyen d'une corde que ses amis lui avaient procurée. C'est aussi dans le château de Nantes qu'Anne de Bretagne naquit en 1476, et que son mariage avec Louis XII fut célébré en 1499, avec une pompe extraordinaire. — On voit, près du château de Nantes, la maison où. madame la duchesse de Berri a été arrêtée en 1832; et c'est dans ce château qu'elle a été renfermée jusqu'au moment où elle a été conduite à Blaye.

Château de nantes vers 1800 - reproduction © Norbert Pousseur
Le Château de Nantes vers 1830

Le Bouffai. — De hautes murailles et une tour ruinée, sont tout ce qui reste du château de Bouffai, qui fut bâti en 990 par Conan 1er, dit le Tort, et servit de palais à plusieurs ducs de Bretagne. Située entre l'Erdre et la Loire, flanquée de quatre tours, cette forteresse pouvait braver les armées ennemies; Budic, comte de Nantes, y soutint un siége de deux ans contre Geoffroy, duc de Bretagne; ce dernier, voyant échouer tous ses efforts, fut obligé de conclure la paix. — En 1472, Jourdain Faure, abbé de Saint-Jean-d'Angely, fut enfermé au Bouffai, sous l'accusation d'avoir empoisonné le duc de Guyenne, frère de Louis XI, et allié au duc de Bretagne Les historiens contemporains assurent que, durant l'instruction du procès, des bruits extraordinaires se firent entendre dans la prison, et qu'au milieu d'un orage violent la foudre tua le meurtrier avant qu'on pût connaître ses complices et les véritables causes de son crime. — La tour polygonale qu'on voit aujourd'hui date de 1662, et renferme l'horloge, dont la cloche pèse 16, 500 livres. Cette cloche, qui a toujours servi de beffroi, sonne l'alarme et annonce les grands événements. Au-dessus s'élèvent des piliers ornés extérieurement de cariatides.
Tour de Pirmil. — On voit encore, sur le bord de la Loire, quelques restes de cette fortification que Nicolas Bouchard, amiral de Bretagne, fit élever en 1365, pour la défense de Nantes, du côté du Poitou. Elle fut démolie, et réduite à peu près à l'état où elle est, en 1616. — Quelques antiquaires ont voulu trouver, dans le nom de Pirmil, la preuve que cette tour fut construite par les Romains, sous un Paul-Emile; mais que ne trouve-t-on pas avec des étymologies !

éDIFICES PUBLICS
Hôtel-de-Ville. — Cet édifice fut commencé en 1607; l'aile gauche date de 1795, et la façade de l'aile droite de 1824. Il compte maintenant trois façades, ornées de pilastres corinthiens, développées autour d'une tour carrée, qui s'ouvre dans la rue par Un portail en forme d'arc de triomphe, surmonté d'un attique supportant les figures de la Loire et de la Sèvre, rivières qui joignent leurs eaux dans la ville. Ce beau morceau a eu pour auteur M. Debay, alors établi à Nantes. — L'intérieur n'offrirait rien de remarquable, sans une galerie dans les murs de laquelle sont encastrées des pierres chargées d'inscriptions romaines, toutes trouvées dans le pays.
Hôtel de la Préfecture. — Nantes n'a pas de plus remarquable édifice moderne que cet ancien palais de la Cour des Comptes. Il fut commencé en 1750, et achevé en 1777, sous la direction de Ceyneray, architecte nantais. Deux belles façades d ordre ionique, un magnifique péristyle, l'escalier à double rampe qui conduit aux appartements, la vaste salle des Pas-
Perdus et la salle des délibérations, recommandent cet hôtel, consacré aujourd'hui au logement du préfet et aux archives départementales.
Bourse. — L'ancienne Bourse étant trop peu considérable, on commença l'édifice actuel en 1792, sur les dessins de M. de Crucy; il fut achevé en 1812. — La façade du côté du jardin, où se tient le marché aux fleurs, est ornée d'un beau péristyle de dix colonnes ioniques, supportant un entablement couronné de dix statues emblématiques qui répondent à chaque colonne. — La façade du côté du Port-au-Vin est d'ordre dorique. Les statues de Jean Bart, Dugay-Trouin, Duquesne et Cassard, surmontent le frontispice.
— La salle où se tient la bourse est grande et belle; huit colonnes corinthiennes en supportent le plafond. L'horloge, exécutée par M. Levreaud, est un morceau des plus remarquables.
Hôtel des Monnaies. — La construction de ce vaste édifice, situé rue Penthièvre, date de 1821. Une très riche corniche dorique, avec frise à triglyphes et métopes, en recommande la façade. — On a démoli l'ancien hôtel des monnaies qu'on voyait sur la place du Bouffai.
Halle aux Blés. — C'est un bâtiment moderne très spacieux, d'un genre neuf et d'un effet pittoresque.
Halle aux Toiles. — Ce vaste édifice, terminé en 1828, s'étend sur une longueur d'environ 66 mètres, et présente 19 croisées de face, soutenues par autant d'arcades voûtées.

éDIFICES CONSACRéS AU CULTE
Cathédrale — Ce monument a pour fondateur Jean V; l'époque de sa construction est gravée sur le portrait de saint Pierre, à qui l'église est dédiée:
« L'an mil quatre cent trente-quatre, « A my-avril sans moult rabattre: « Au portail de cette église, « Fut la première pierre assise. »
Sur le même emplacement, existait avant cette époque une basilique dont la magnificence est exaltée par les anciens auteurs; elle fut ravagée et restaurée à diverses fois avant d'être enfin remplacée par la cathédrale actuelle. — La cathédrale est d'un, effet médiocre à l'extérieur, parce que les deux tours du portail n'ont jamais été achevées; leur hauteur (160 pieds) excède à peine celle des combles. Le portail, composé de trois entrées, se recommande par un grand nombre de figurines en pierre, distribuées en petits groupes et sculptées en hauts-reliefs; ces morceaux sont d'une pureté de dessin remarquable; malheureusement plusieurs ont été mutilés par le temps. — L'intérieur de l'église consiste presque en entier dans une belle nef soutenue seulement par dix piliers, et qui paraît d'autant plus haute qu'elle a moins de surface. La nef transversale et le choeur sont inachevés. — La cathédrale renferme en outre des tableaux remarquables de l'Albane, de Lemoine et de Blo. — Le portique moderne du chŒur et la voûte sur laquelle l'orgue est placé méritent aussi de fixer l'attention.

 

Le mausolée de François II de la cathédrale
— On a transporté, de l'église des Carmes dans la nef de la cathédrale, le tombeau que la reine Anne fit élever à François II, dernier duc de Bretagne. Ce mausolée, magnifique ouvrage de Michel Columb, fut exécuté en 1507. Il est en marbres de diverses couleurs et a 5 pieds d'élévation. Les statues de François II et de Marguerite de Foix, sa seconde femme, sont couchées sur ce tombeau, toutes deux ayant une couronne et le manteau ducal. Des carreaux soutenus par trois anges supportent leurs têtes, et à leurs pieds on voit un lion et un lévrier tenant les armes de Foix et de Bretagne. Quatre statues emblématiques sont debout aux quatre angles: l'une d'elles, la Justice, représente Anne de Bretagne, sous les attributs de reine et de duchesse, avec la couronne fleurdelisée et fleuronnée sur la tête. Les douze apôtres et seize autres petites figures décorent les côtés et la base de ce monument, dont on admire avec raison le bon goût et l'élégance. C'est une des plus belles productions de l'époque de la renaissance.

Mausolée  de François II à Nantes - reproduction © Norbert Pousseur
L'autre face du tombeau peut être vu sur une des pages consacrées au dessinateur JJ Potel


— Le mausolée de François II fut ouvert le 16 octobre 1727, deux siècles après qu'on y eut descendu les dépouilles mortelles des derniers souverains de la Bretagne. On trouva dans le caveau trois cercueils de plomb parsemés d'hermines et posés sur des barres de fer. Des inscriptions indiquaient à qui ils appartenaient. Entre les cercueils de François II et de Marguerite de Foix, était placé un petit coffre en plomb, dans lequel il y avait une boîte d'or en forme de cŒur, surmontée d'une couronne royale, et entourée de l'ordre de la cordelière, de même métal et d'un travail recherché. Cette boîte, qui avait contenu le cŒur de la reine Anne, ne contenait plus alors qu'un peu d'eau et les restes d'un scapulaire. Sur le cercle de la couronne était écrit en relief:
Cueur de vertus orné Dignement couronné.
Et sur la boîte d'or on lisait:
En ce petit vaisseau, de fin or pur et munde,
Repose un plus grand cueur que oncque dame eut au monde,
Anne fut le nom d'elle, en France deux fois Royne, Duchesse des Bretons, royale et souveraine. Ce cueur fut si très hault que de la terre aux cieulx, Sa vertu libérale accroissait mieulx et mieulx; Mais Dieu en a reprins sa portion meilleure, Et ceste part terrestre en grand deuil nous demeure. IX Janvier M. V. XIII
.
L'intérieur de la boîte était revêtu d'un émail blanc, et offrait ces deux distiques, dont chacun était gravé sur un des côtés: O cueur caste et pudicque, o juste et benoist cueur, Cueur magnanime et franc, de tout vice vainqueur. O cueur digne entre tous de couronne céleste, Ores est ton cher esprit hors de paisne et moleste.
(Trebuchet, Notice sur Anne de Bretagne.)
Chapelle de Saint-François-de-Sales. — Elle n'a été commencée qu'en 1824. C'est un édifice de forme circulaire, surmonté d'un dôme et d'une lanterne à jour, avec un péristyle d'ordre dorique. Une belle statue de saint François-de-Sales, par M. Grooters, est placée dans une niche au-dessus de l'autel.
Eglise Saint-Similien. — Cette église doit son nom à un évêque de Nantes, qui fut martyrisé en 310 et enseveli dans l'emplacement où s'élève l'édifice. Sa première fondation remonte à l'année 329; le siège épiscopal y demeura fixé jusqu'en 580. Dans un des pillages de la ville de Nantes, en 848, un soldat normand, s'étant emparé de la châsse qui renfermait la tête du saint, jeta la tête dans le puits que l'on trouve encore dans l'église actuelle, réédifiée en 958, et les eaux eurent dès lors, dit-on, des propriétés merveilleuses contre les maux de tête, la surdité, etc.
Temple protestant. — L'ancienne église du couvent des carmélites, dans la rue de ce nom, est consacrée à l'exercice du culte de la religion réformée.

MAISONS REMARQUABLES
Hôtel Briord. — Il fut bâti, en 1473, par Landais, trésorier de François II; on l'appelait alors hôtel de la Bouvardière. Les jésuites l'achetèrent, en 1671, et en firent long-temps une de leurs résidences.
Hôtel de Rosmadec. — Construit par le seigneur de Dougres, en 1653, il porta d'abord le nom de son fondateur. Il est occupé aujourd'hui par des frères de la doctrine chrétienne.

HOPITAUX ET HOSPICES
Hôtel-Dieu. — Ce bâtiment est formé par un corps de logis principal, et deux ailes qui se prolongent sur une cour très vaste. On y compte 20 salles et cabinets renfermant 674 lits. L'Hôtel-Dieu fut bâti, en 1655, sur un terrain cédé par le roi, au bord de la Loire. Derrière la maison est une vaste prairie que baigne la rivière.
Hospice du Sanitat. — Ce superbe établissement est situé au confluent de la Chésine, sur le sommet et à l'extrémité du coteau qui sépare les eaux de cette petite rivière de celles de la Loire. Il est divisé en trois grandes cours, et contient 808 lits. Les infirmes, les vieillards, les fous, les orphelins des deux sexes, sont admis dans l'hospice du Sanitat.
Incurables. — Cette maison fut établie en 1758, et autorisée par le gouvernement en 1810. Sa situation entre la ville et la campagne en fait un lieu très approprié à sa destination. L'établissement est dirigé par les dames de la Providence.

éTABLISSEMENTS SCIENTIFIQUES
Muséum d'histoire naturelle. — Cet établissement n'existait pas avant l'an X. Il a acquis une véritable importance scientifique par les soins de M. Dubuisson, professeur. On y remarque surtout la collection des minéraux du département et une des plus belles momies qui soient en France. — Trois salles et un vestibule sont occupés par les divers objets d'histoire naturelle.
Bibliothèque publique. — Elle se compose de 30,000 volumes, et contient quelques manuscrits précieux, entre autres celui du second tome de la Cité de Dieu, de saint Augustin, travail exquis du XIIIe siècle; le manuscrit de l'Histoire des évêques de Nantes, recueil où Nicolas Travers a réuni les actes, traités, règlements, arrêts, etc., qui concernent la Bretagne, jusqu'en 1750. La Bibliothèque renferme aussi une collection de gravures et d'estampes. — Cet établissement doit son origine à des legs faits par des communautés religieuses et particulièrement par l'évêque Charles de Bourgneuf. Il fut augmenté en 1758, aux frais de la ville, et rendu public. — La bibliothèque occupe depuis 1808 les salles supérieures de la halle aux toiles.

THéâTRE
L'édifice consacré aux jeux de la scène fut construit en 1810, sur les dessins de M. Crucy aîné. La façade est formée de 8 colonnes d'ordre corinthien; 8 statues représentant les muses couronnent le frontispice. La salle est belle et présente quatre rangs de loges qui peuvent contenir 1, 300 personnes. — L'ancienne salle de spectacle fut entièrement consumée en 1796 par un incendie qui éclata pendant une représentation de Zémire et Azor.

ENVIRONS DE NANTES
Clisson, sur la Sèvre, à son confinent avec la Moine, ch. -l. de cant., à 6 l. S. de Nantes Pop. 2,432 hab. — Un site ravissant, des localités aussi pittoresques qu'historiques, des souvenirs glorieux, d'affreux désastres, des constructions charmantes, de majestueuses ruines, tout concourt à faire de Clisson un lieu éminemment intéressant et remarquable. Là fut d'abord une station romaine, sur une des grandes routes établies par ces conquérants des Gaules, et un castrum que remplaça une forteresse gothique, qu'on nomma la Boche-Forte; un bourg se forma sous sa protection; les Normands le brûlèrent; de son nom, Clichia, le nom moderne est dérivé. — Le bourg fut rétabli et agrandi par les seigneurs du lieu; l'un deux, Olivier Ier, seigneur de Clisson, a son retour de la Palestine, en 1223, reconstruisit le château moderne dans le style de ceux qu'il avait assiégés pendant les croisades; il prit pour modèle le château de Césarée, qu'on nomme vulgairement la tour de Césarée, et se plut à perpétuer ainsi le souvenir de ses guerres lointaines. — Il fit bâtir son château sur un rocher de la rive gauche de la Sèvre, en face de la jonction des deux rivières; il appuya à une colline rapide une niasse immense, formidable, inexpugnable, qui, s'élevant du bord de l'eau, dominait la colline même et tous les environs; le plus dur granit, le travail le plus opiniâtre, les dispositions défensives les plus savantes, furent employés pour faire, du château de Clisson, un boulevard capable de résister à tous les assauts comme aux efforts du temps. Olivier IV, fils de l'héroïque Jeanne de Belleville, naquit dans ce château en 1336; ce célèbre connétable, la terreur des Anglais, le bouclier de son pays, compléta la construction de son manoir. Il mourut en 1407, sans laisser d'enfants mâles. La seigneurie de Clisson passa dans la famille de Penthièvre, dans celle d'Avaugour, et appartenait à la maison de Rohan-Soubise quand la révolution éclata. Jusqu'à cette époque le château de Clisson, souvent assiégé dans nos différentes guerres, avait tenu contre les efforts même de l'artillerie; mais une guerre civile, plus rude que les autres, y porta la dévastation la plus complète: l'armée de Mayence, après en avoir chassé les Vendéens, brûlé la ville voisine, bouleversé les environs, renversa aussi le majestueux et vénérable manoir d'Olivier; l'Œuvre de destruction dura quatre mois; tout l'intérieur du château fut démoli, il n'y resta rien d'habitable; Clisson n'offrit plus que ruines sanglantes et fumantes, solitude lamentable, où néanmoins, attirés par un site pittoresque, de belle eaux, de frais ombrages le sénateur Cacault et son frère vinrent se fixer en 1798. Le célèbre sculpteur Lemot acheta le squelette du château pour en assurer la conservation; retrouvant dans la vallée de la Sèvre les beautés de Tivoli, il fit de sa terre d'adoption une nouvelle Italie, et l'orna de constructions imitées de celles de Rome. — M. Valentin donna le même prestige aux rives de la Moine, qui en sont également dignes; Clisson reçut une nouvelle existence, une nouvelle population. — C'est une petite ville propre, bien bâtie, très agréable, construite en amphithéâtre, sur les deux bords de la rivière et surtout sur la rive droite. Elle est dominée par le haut clocher carré de son église; il s'élève à l'extrémité d'un arc que décrit la ville; à l'autre bout sourcillent les sommets démantelés du château. La vallée de la Sèvre, profonde, sinueuse, rapide, présente tour-à-tour, sur ses flancs escarpés, des masses superbes de verdure, d'âpres escarpements de roc, d'horribles coulées de blocs granitiques énormes, de jolies constructions, des décorations artificielles dignes des beautés naturelles, enfin des sites à la fois gracieux et sauvages, et toujours intéressants. La Sèvre, barrée par plusieurs digues, y forme de petites cascades, dont le bruit s'harmonise à merveille avec l'impression qu'on éprouve. Près du château s'élève, sur la crête d'un roc, le mausolée de Lemot, petite chapelle à péristyle dorique, où reposent, depuis 1827, les restes d'un grand artiste et d'un excellent homme. Le modèle de sa statue de Henri IV se voit près de la chapelle, sur une petite colonne, rapprochement significatif et qui semble dire au spectateur: Ici sa tombe et là son immortalité. Puis on remarque l'obélisque de Cléopâtre, qu'entourent des groupes de fleurs et de riants bosquets. La villa Lemot est située sur la colline opposée et en couronne le sommet: c'est un édifice spacieux que la mort de Lemot ne lui a pas permis d'achever; sa façade est simple et imposante à la fois; elle est surmontée d'un belvédère d'où la vue embrasse l'ensemble du château et de la ville, et plane sur la vallée et ses environs; un vaste et superbe parc entoure la villa, on le nomme la Garenne; il couvre les pentes de la colline, borde le cours de l'eau et offre des accidents de terrain dont on a habilement tiré parti; ses bois touffus sont percés de sentiers délicieux; une de ses masses granitiques porte le temple de Vesta: ailleurs on rencontre le temple de la Sibylle, la chapelle où reposent les Cacault, des statues, des urnes et d'autres décorations très bien appropriées aux sites. — La villa Valentin est située sur la colline de la Moine; son parc, ses jardins, qui s'étendent sur les deux côtés de la vallée, offrent des particularités également dignes d'attention. Cette attention se reporte incessamment sur le château; ses fortifications extérieures, ainsi que l'intérieur de l'édifice, n'offrent plus que ruines informes que tapissent des couches de lierre et des masses de broussailles; deux ormeaux couronnent les créneaux les plus élevés, deux ormes énormes couvrent de leur ombre les débris des bâtiments de la première cour; au milieu de la seconde cour était un vaste puits, maintenant comblé, et sur lequel s'élève un if: on le nomme if aux victimes; il rappelle un des crimes les plus atroces de la guerre vendéenne. Une foule d'infortunés sans défenses, vieillards, femmes et enfants, furent précipités et ensevelis vivants dans ce puits... Puisse-t-il cacher à jamais le forfait ainsi que les victimes ! Les autres cours sont parsemées de jardins et de vergers; on remarque, au milieu des décembres, les cachots, les prisons, les salles d'armes et de provisions, les cuisines et autres dépendances; le vent siffle à travers les salles jadis si somptueuses où retentissait le bruit des armes; le soleil luit dans ces donjons où pénétraient à peine quelques uns de ses rayons; les plantes sauvages et les reptiles envahissent la demeure des héros.
Le Pallet, au bord de la Saugnèse, sur la route de Nantes à Clisson, à 4 1. 1/2  S-E. de Nantes. Pop 850 hab. Ce bourg est la patrie d'Abélard; on voit encore derrière l'église les ruines du château de Béranger son père. Ce château, qui était fortifié, fut détruit vers l'an 1420 pendant les guerres occasionnées par l'attentat commis sur le dut de Bretagne, Jean V. On y a établi le cimetière de la commune. — C'est au Pallet qu'Héloïse mit au monde le fruit d'un amour mdheurenx, Pierre Astralable, qui fut, dit-on, chanoine de Nantes, et qui y mourut en 1142 — Les évêques de Poitiers ont pris le titre d'évêques du Pallet, de Palatio; on les voit du moins figurer sous ce nom au concile d'Agde, en 506.
Saint-Fiacre, à 3 l. le Nantes, sur une hauteur qui domine deux vallons charmants, dont l'un est traversé par la Sèvre et l'autre par la Maine. Pop environ 600 hab. — Le vallon de la Sèvre est plus riant que celui de la Maine, les prairies sont plus étendues et les collines plus fertiles. Les points de vue y sont admirables. On cite particulièrement ceux des coteaux de Luneau et de la Pétière, d'où l'on découvre un pays immense, trop vaste pour être embrassé d'un coup d'oeil. De riches vignobles s'élevant en amphithéâtre, des pentes arides où croissent l'ajonc et la bruyère, des terrains cultivés, des rochers escarpés, présentent les aspects les plus agréables et les plus diversifiés. On voit sur  les hauteurs le bourg de La Baye, le château moderne de Rochefort, des habitations champêtres. Il est difficile de trouver une situation plus heureuse. La vue, en parcourant l'horizon, se repose à droite sur le pays qui a donné le jour à Abélard, et sur le châ-teau de la Galissonière, ancienne demeure d'un amiral célèbre. Ep.. ace, au-delà du village de La Haye, se déploient, dans le lointain, les campagnes du Loroux et les bords de la Loire. Au .. de ces coteaux, les plus élevés peut-être du département, on aperçoit de frais pâturages, divisés par des baies vives, et au milieu .. coule paisiblement la Sèvre, dont on suit long-temps le .. à travers la vallée. Les troupeaux dispersés dans .. et les bateaux qui montent et descendent la rivière, a.. nt ce délicieux tableau. Nulle part la nature n'est plus ri-che ni plus variée, et l'âme s'ouvre aux plus douces impressions dans ce lieu enchanteur, qui rappelle les beaux sites de l'Italie. — En suivant le coteau, au couchant, en arrive au hameau de la Pétière, qui paraît au milieu des arbres et s'avance sur une pente, comme pour fermer le passage. Après avoir traversé ce hameau, on trouve un amas considérable de rochers. Quelques-uns, suspendus, semblent prêts de rouler au fond du vallon, d'autres, qui ont été détachés de la colline, sont épars sur le rivage, et jusque dans la Sèvre. Du milieu de ces rocs énormes, un seul s'élève à une grande hauteur, et domine tous les autres: ce rocher apparaît de loin comme une tour en ruine; il présente dans son intérieur, à une élévation d'environ cinquante pieds, des cavités curieuses et formées par des blocs de granit inégalement entassés, qui laissent entre eux assez d'intervalle pour qu'on puisse visiter ce singulier salon. On y arrive par un sentier étroit, glissant, obstrué d'arbustes, et en côtoyant un précipice où le moindre faux pas pourrait entraîner celui qui pénétrerait sans précaution dans ce passage dangereux. On prétend, dans le pays, que ce rocher bizarre, appelé la Chambre des Moines, a été autrefois habité par un ermite.
Etablissement d'Indret. — La marine possède à Indret un établissement principalement consacré à la fabrication des machines à vapeur, et qui n'emploie que des ouvriers français. Ceux occupés en 1831 étaient au nombre de 124.
La position de l'île d'Indret vers l'embouchure de la Loire, au-dessus de Nantes, est très heureusement choisie pour un arsenal de construction des navires à vapeur La fonte, le fer et le combustible y sont conduits économiquement des lieux de production, le Berri, la Nièvre, Saint-Etienne et Decize. — Indret est à proximité de trois grands ports de l'Océan, Brest, Lorient et Rochefort; aucune croisière ne pourrait intercepter sa communication avec ces ports: d'expérience l'a prouvé. En temps de guerre, les canaux de Bretagne augmenteront la facilité du transport des mécanismes, à Brest, à Lorient, à Saint-Servan, à Saint-Malo, puis à Cherbourg, parce que le golfe de Saint-Malo ne peut jamais être bloqué complètement. — Enfin, lorsqu'on aura des transports à faire jusqu'à Toulon, la Loire, le canal du Centre et le Rhône offriront une voie économique de navigation, la seule à laquelle on puisse songer, en temps de guerre, lorsqu'on veut transporter des mécanismes qui pèsent 360, 000 kilogrammes pour une force de cent soixante chevaux. — En 1832, Indret a produit la coque et le mécanisme d'un bâtiment à vapeur, le Crocodile, mu par une force de cent soixante chevaux, d'après le modèle du Sphinx, bâtiment de fabrique anglaise, dont les machines sont justement admirées. — Le bâtiment à vapeur le Crocodile a pris la mer en janvier 1833, pour se rendre de l'embouchure de la Loire à Lorient; il a filé dix nŒuds par heure, sans le secours de la marée ni du vent C'est la vitesse obtenue par le Sphinx. — Ainsi, pour la première fois, en France, on a résolu le problème d'égaler la fabrication anglaise des grands mécanismes pour les bâtiments à vapeur, en n'employant, depuis le premier maître jusqu'au moindre apprenti, que des ouvriers français.
L'Erdre. — La rivière d'Erdre présente de nombreux sites pittoresques. La rive qui borde, au nord, la baie de La Verrière, offre des points de vue délicieux; on y remarque une vieille ruine, en partie cachée par les broussailles: c'est l'ancien château de La Verrière, qu'une tradition désigne comme une des demeures du redoutable Barbe-Bleue, Gilles de Retz, condamné pour ses crimes, et brûlé à Nantes en1440. On voit encore dans les ruines une petite salle tapissée de lierre, autour de laquelle on a planté sept arbres funéraires, monument expiatoire élevé aux sept épouses du cruel maréchal ( qui ne fut marié qu'une fois ). Il est difficile de ne pas admirer ici les bords de la rivière. Là sont des chaumières isolées qui se cachent sous quelques groupes d'arbres; plus loin l'horizon est borné par un rideau de peupliers; partout les arbres projettent leur image rembrunie sur les eaux. La rive droite est ombragée de châtaigniers énormes, qui croissent sur le flanc des collines, dont la base s'élargit en vastes prairies. — Rien n'est plus riant que les rives de l'Erdre, de La Gâcherie à Sucé; de jolies maisons de campagne entourées de beaux arbres, de belles prairies à pente douce et prolongée, une espèce de lac, formé par la rivière auprès du village de Sucé, présentent un paysage enchanteur. Après Sucé, les bords de la rivière continuent encore, pendant un assez long espace, à être égayés de jolies maisons blanches au milieu des masses de verdure, et reflétées par les eaux. Bientôt l'aspect change: les coteaux s'abaissent, la grande nappe d'eau connue sous le nom de plaine de Mazerolles s'offre au voyageur. Cette vaste étendue est coupée par deux îles, dont la première, assez considérable, est couverte d'une vigne qu'on appelle la Vigne de Saint-Denis. Cette île servit long-temps de cimetière aux protestants de la commune de Sucé. La seconde n'a que le peu de terre nécessaire à la végétation d'un vieux chêne, qui montre de loin, à la vénération des pieux Bretons, une statue de la Sainte-Vierge. En été, les marais, long-temps cachés sous l'eau, apparaissent à la surface de la plaine de Mazerolles, sur laquelle ils flottent. Ces terrains mixtes, qui tiennent le milieu entre la terre et l'eau, sont formés de joncs, de roseaux, de typha ou massettes d'eau, de carex, de pot et de quelques graminées. Dès le matin, pendant la belle saison, de nombreux troupeaux de vaches, de génisses et de jeunes taureaux, se jettent à la nage pour gagner ces marais éloignés; ils y restent tout le jour, et le soir traversent de nouveau la rivière pour rentrer à leur étable. Les prairies sont d'ailleurs parsemées de trous de diverses grandeurs, et d'une profondeur indéterminée, qui en rendent l'accès dangereux; les bestiaux s'y noient même quelquefois. Chaque marais étant flottant, ces cavités pénètrent au-delà   e son épaisseur ( Ed. Richer, Description de l'Erdre.).
Lac de Grad-Lieu. — Les circonstances qui ont accompagné la destruction de Sodome et la création du lac Asphaltide, se retrouvent à peu près dans l'histoire du lac de Grand-Lieu et de la ville d'Herbadilla. La submersion d'Herbadilla est accompagnée de circonstances tellement absurdes, qu'on a été tenté de la regarder comme une fable. — On ne peut douter, cependant, qu'il n'y ait eu jadis dans la seconde Aquitaine un canton qu'on appela le Comte d'Herbauge. On peut donc croire la légende de saint Martin, quand elle annonce l'existence d'une ville capitale de l'Herbange, connue sous le nom d'Herbadilla, ville commerçante, abondante en marchandises importées par la mer et par la Loire, et dont les habitants étaient idolâtres. — Cette ville occupait le centre d'un bassin où se jettent beaucoup de ruisseaux, et qui était couvert de bois. Un gonflement extraordinaire et subit, une inondation de la Loire, dont le lit se trouve plus élevé que le fond du lac, la fermentation des eaux stagnantes, etc., ont pu occasionner un submergement ou un engloutissement. En effet, si le lac du Grand-Lieu eût existé avant le VIe siècle, pourquoi les auteurs de ce temps n'en auraient-ils point parlé ? Pourquoi n'au-raient-ils pas appelé dès lors le monastère de Déas le monastère du Grand-Lac. — Les légendaires sont souvent comme les mythologues: ils enveloppent la vérité de fables et de prodiges, et confondent les temps, les personnes et les lieux. Il est donc plus que douteux que saint Martin ait voulu noyer les habitante d'Herbadilla qu'il n'avait pu convertir; que Dieu ait exaucé un vŒu semblable; que, par un miracle renouvelé de Sodome, une femme qui suivait le saint ait été changée en pierre, en punition de sa curiosité. Il est peu probable, d'ailleurs, que l'engloutissement d'Herbadilla ait eu lieu au VIe siècle; car Grégoire de Tours et Fortunat n'en paraissent point instruits. Cet événement doit sans doute être reporté aux VIIIè ou IXè siècle, dans ces temps de troubles et de profonde ignorance, dont il nous reste si peu de monuments. — Le lac de Grand-Lieu avait autrefois haute, basse et moyenne justice. Le tribunal siégeait dans un bateau à deux cents pas du rivage. Le juge, en prononçant la sentence, devait de son pied droit toucher l'eau du lac. — On remarque à la pointe méridionale une petite île de figure à peu près ronde, et de cinq à six cents pas de diamètre. Elle se nomme l'lsle d'Un. Il y a au milieu une pierre debout, ou menhir, de 5 pieds de hauteur sur 2 pieds de largeur à sa base. Cette pierre, profondément enfoncée en terre, est à cinq pouces du sol percée d'un trou rond, de 5 pouces. Elle bouché l'entrée du gouffre qui a vomi l'eau du lac. Ce gouffre renferme un géant énorme (l'antagoniste de saint Martin), dont les efforts pour se délivrer excitent les tempêtes assez fréquentes sur le lac. Enfin, il est réservé à une jeune vierge d'ôter cette pierre de la place qu'elle occupe. On ne voit pas ce que les habitants y gagneraient. Quoi qu'il en soit, la chose n'a pas encore été tentée.

ADMINISTRATION LOCALE
Municipale. — 1 maire, 5 adjoints et 40 conseillers municipaux. — 1 receveur municipal. — 1 architecte et 1 inspecteur voyer.
Judiciaire. — 6 juges de paix. — 6 greffiers.
Religieuse. — 8 curés et 3 desservants. — 2 ministres du culte réformé.
Militaire. —- 1 commandant de place et 2 adjudants. Police. — 8 commissaires.
Il y a en outre une intendance sanitaire, dont le maire est prési-dent-né, et un conseil de salubrité formé de 7 membres.

RECETTES ET DéPENSES LOCALES
Les documents nous manquent pour établir le chiffre exact du budget actuel de la ville de Nantes, mais nous pouvons faire connaître celui des principaux articles de recettes et de dépenses en en 1818 et en 1829.
En 1818.  En 1829.
Le total gén. des recettes était de 778,315 f. 54 c. - 1,408,726 f. 31 c.
Dans lequel figuraient:
Le produit net de l'octroi, pour 685,000 -   1,000,000
Les concess. dans les cimetières.  7,850
La ferme des boues........ 11,880 - 3,000
Le droit de jaugeage et de pesage.  1,602 73c - 2,661 29c
Le produit des patentes...... 12,505 88c
Les locat. de pl. aux marchés, etc.  11,842 - 17,680 64c
Le tot. gén. des dépenses était de 745,820 f. 63 c. - 1,276,683 f. 84 c.
On y voit figurer: Les achats de livres pour les bibliothèques........ 500    - 1, 999 55c
L'entretien du pavé........ 11,875 60c  - 84,989 25c
Les frais d'éclairage....... 12,000 - 50,000
Les frais de perception de l'octroi, qui en 1819 étaient de 62,984 f. 55 c., se sont élevés en 1829 à 139,000 f. progression bien supérieure à celle des recettes.
En 1831, les frais du bureau de la mairie sont d'environ 50 c. par habitant.
— La police de la ville coûte 27,050 f.
— L'administration, au lieu de 12,000 f. qu'elle retirait de la ferme des boues, est obligée de payer 7,700 f. pour les faire enlever. On attribue cette énorme diminution à l'emploi généralement adopté en Bretagne du noir animal comme engrais. — Les édifices communaux sont assurés annuellement pour 5,442 f. 25 c.
— Les autres dépenses importantes sont:
La garde nationale................ 19,800 f.
Les corps-de-garde................ 10,000
L'hospice et les enfants trouvés......... 210,000
Les bureaux de charité............. 44,000
L'indemnité au théâtre............. 15,000
L'entretien du jardin des plantes........ 4,000
Les acquisitions de livres pour les bibliothèques. 1,000

Costumes de Nantes vers 1800 - reproduction © Norbert Pousseur

VARIéTéS — UNE NOCE BRETONNE
La naissance, le mariage et la mort, sont les trois grandes solennités dont la célébration a conservé, dans les campagnes, un caractère particulier. — Nous avons fait connaître certaines coutumes dignes de remarque des villages du département de la Loire-Inférieure, sur lesquels la civilisation n'a point encore promené son niveau, et qui conservent quelques traits de leur originalité primitive; nous allons reproduire le tableau d'une noce, dans une commune de l'arrondissement de Châteaubriant: c'est une esquisse de moeurs, tracée déjà il y a quelques années, mais dont plusieurs Bretons ont reconnu la vérité et l'intérêt.
« Tout le village était déjà rassemblé auprès de la maison de la mariée. Nous fûmes introduits, avec les personnes de considération, dans l'aire pratiquée devant la porte. Les parents des deux futurs époux, les amies de la jeune fille et les compagnons du jeune homme étaient rangés de chaque côté, formant un cercle, au milieu duquel s'avança bientôt la mariée, conduite par son père et encouragée par sa mère.
« Elle me parut d'une figure agréable; à de beaux yeux, elle joignait une bouche vermeille, de vives couleurs, une taille élancée; sa robe était de drap comme celle de ses compagnes, mais de couleur bleu-céleste, et le mouchoir qui couvrait ses épaules, de mousseline brodée. On me fit remarquer, comme une chose unique, qu'elle seule portait une longue ceinture d'un ruban d'argent. Cette parure est réservée pour les jours de mariage, et inutile à toute autre époque. Le marié n'avait rien qui le distinguât des autres jeunes gens. Son air timide et embarrrassé formait un singulier contraste avec ses traits mâles et énergiques, et le faisait reconnaître; c'était un fort beau garçon.
« Un grand silence s'établit, et bientôt la grand'mère de la mariée sortit de la maison, tenant dans ses mains une couronne de clinquant et un bouquet de fleurs d'orange factices. Elle s'approcha de sa petite-fille, qui s'agenouilla devant elle. Le bouquet fut attaché au corset; la jeune fille pâlit; sa pâleur augmenta lorsqu'elle vît la main tremblante de l'aïeule diriger la couronne sur son front et l'y poser. En ce moment tous les spectateurs se tournèrent vers la campagne, et restèrent un instant immobiles et attentifs, comme s'ils entendaient des sons lointains. Une des compagnes de la mariée s'avança vers elle et, d'une voix douce, elle chanta, en patois, une chanson dont voici la traduction à peu près littérale:
« Ecoute, Marie, écoute le rossignol, le chantre de nos bois. On dit que naguère une voix plus aimée t'a empêchée d'entendre la chanson plaintive qu'il adresse à sa compagne, quand il lui dit qu'une chaîne éternelle pèse beaucoup. »
« Et toutes les jeunes filles reprirent en chŒur:
« Ecoute, Marie, écoute le rossignol, le chantre de nos bois. »
« La chanteuse continua:
« écoute, Marie, écoute la voix du rossignol, que la voix d'un amant t'a fait oublier. Ecoute-la pour la dernière fois car l'époux veut que sa femme n'ait d'oreilles que pour lui, et sa voix n'est pas toujours douce comme celle du rossignol, le chantre de nos bois. »
« Le chŒur répéta le refrain. — La jeune fille poursuivit:
« Aux murmures de l'époux mécontent succéderont les cris plaintifs du nouveau-né; aux douleurs de la femme les joies et les peines de la mère; triste, tu ne pourras plus écouter le rossignol »
« Le chŒur reprit. — Ensuite la jeune fille:
« L'époux aime sa femme le premier jour, le premier mois, la première année; puis il la néglige, la délaisse, la gronde. Au lieu du chant du rossignol, elle entend pendant les longues veilles de la nuit les cris perçants de l'orfraie. »
« Le chŒur chanta. — La jeune fille prit la mariée par le bras:
« Tu quittes des parents qui t'aiment, pour un époux qui ne t'aimera peut-être pas, de joyeuses compagnes pour la solitude du ménage, les plaisirs pour les chagrins, le rossignol pour l'orfraie. »
« Tandis que le chŒur répétait le refrain accoutumé, l'époux futur s'était jeté aux pieds de sa fiancée, que faisaient pleurer de si tristes présages. Il couvrait sa main de baisers, et cherchait à la rassurer par ses serments. Tous les assistants pleuraient. Je partageais l'émotion générale, mais j'attendais avec curiosité la fin de cette scène singulière La chanteuse passa de l'autre côté de la fiancée, et se plaçant entre elle et le jeune homme, elle continua:
« De grandes peines attendent les époux; quand ton mari t'aimerait, en serais-ta plus heureuse? Il est faible, et près d'une table garnie de verres, ses compagnons lui feront oublier sa femme, qui l'attendra dans les pleurs, écoutant pendant la nuit « les plaintes du rossignol éloigné de sa compagne. »
« Le chŒur reprit:
« écoute, Marie, écoute le rossignol, le chantre de nos bois. »
« La jeune fille:
« Encore, s'il se contentait de boire: mais le vin est perfide, le jeu l'est davantage, il mène au crime; les dés achèvent ce qu'ont « commencé les cartes. Déjà les champs sont perdus, les trou-« peaux passent dans d'autres étables, et l'époux rentre le matin, muet et consterné. »
« Le chŒur ne reprit point le refrain. Après un moment de silence, la chanteuse continua lentement, et sans paraître remarquer l'émotion croissante de la jeune mariée:
« La fortune est femme; il faut l'attaquer plusieurs fois: un succès répare un revers. — Le mari sort sans embrasser sa femme, sans embrasser son enfant. Tu l'attends tout le jour; ne l'attends pas la nuit, il est au jeu. »
« — Le lendemain est arrivé. Un homme insolent entre: il faut sortir de ta maison qui n'est plus à toi. Laisse le lit, la que-« nouille, le berceau, rien ne t'appartient plus. Tu prends ton « fils dans tes bras, tu ne pleures pas, tu vas chercher ton mari... Loin du ruisseau cette femme égarée qui porte un enfant..., elle y rencontrerait son époux ! »
« Un cri interrompit la chanson, car, effrayée par tant d'images terribles, la mariée était tombée évanouie. Un la secourait silencieusement. La chanteuse seule élait restée immobile, prête à continuer. Quand la jeune femme eut repris ses sens, elle continua:
«Tu vois, ô Marie, combien les femmes sont malheureuses; mais ne t'afflige pas: ton époux t'aime; près de lui tu trouveras le bonheur dont à joui ta mère entourée de ses enfants; tu verras les filles aimer leur mère et leur mari, les garçons aimer leur mère et leur femme. »
« Ecoute le chant du rossignol joyeux, quand, de retour dans son nid, il voit ses petits qui l'attendent, et battent l'air de leurs faibles ailes ! »
« Le chŒur chanta pour la dernière fois:
« Ecoute, Marie, écoute le rossignol, le chantre de nos bois. »
« Marie écoutait en, souriant les paroles de son amant, qui la rassurait plus que les chants de ses compagnes: elle essuyait ses yeux mouillés de pleurs, et lui répondait par de tendres regards.
« Une nouvelle cérémonie vint lui donner le temps de se rassurer tout-à-fait avant de partir pour l'église. Chacun des assistants s'approcha, souhaita à la jeune fille un bonheur sans égal, prit un baiser sur sa joue rougissante, puis fixa une épingle dans ce diadème en clinquant que j'avais remarqué. On n'a pu me dire quel était le but de cet usage bizarre auquel on se conforme depuis un temps immémorial. Les épingles sont religieusement conservées par la mariée, car leur nombre indique celui des personnes amies. La jeune Marie en rassembla une grande quantité.
« Après la bénédiction nuptiale, le cortège des mariés, auquel se joignirent le curé et le sonneur, prit la route de la salle du festin: c'était un vaste hangar, ouvert de tous côtés, et sous lequel les tables étaient rangées.
« Le repas simple mais abondant, la multiplicité des mets, la profusion des boissons, vins et cidres, me rappelèrent les fameuses noces de Gamache.....
 « Ce rustique festin fut accompagné et suivi de danses et de jeux qui fixèrent mon attention.
.. de ces danses se nomme la danse de l'oie. Les jeunes
compagnons du, mari se munirent chacun d'une des broches, garnies toutes d'oies grasses; et, se plaçant en rond, commencèrent à danser autour de la table, en exécutant avec la broche diverses figures plus ou moins extraordinaires. L'assemblée paraissait prendre un grand plaisir à cet amusement, car on entendait de nombreux applaudissements et de gros rires. La danse finie, elles furent débrochées et servies. .. repas commença au bruit d'une musique un peu barbare. L.. violons et une sorte de cornemuse, que les Bretons nomment vaise, composaient l'orchestre.
« La danse du gâteau succéda à celle de l'oie. Les danseurs, au nombre de seize, et placés comme pour une contredanse, étaient armés d'une galette large et ronde. Ils s'avancèrent tous, observant la mesure vive ou lente de la musique. Chacun tâchait de briser avec son gâteau celui de son partner; ils ne s'arrêtèrent que lorsque toutes les galettes furent brisées, hormis une seule; et le danseur qui la portait fut proclamé vainqueur, et, comme tel, admis à embrasser une jeune fille à son choix.
« Pendant cette danse, d'autre gens, qui avaient cessé de manger, commencèrent à jouer aux boules. Chacun avait pris une barre plus grosse d'un bout que de l'autre. La pelouse servait de billard, et les joueurs, frappant les boules de leur barre, tâchaient de les entrechoquer. Ce jeu, que les Bretons aiment beaucoup, a cela de particulier que, comme aucune limite n'est fixée, les joueurs, en poursuivant leurs boules, achèvent quelquefois une partie à une ou deux lieues de l'endroit où elle a été commencée. »

INDUSTRIE COMMERCIALE
La situation de Nantes à l'embouchure d'un grand fleuve, avec un port et un entrepôt considérable, ont du nécessairement y multiplier les relations commerciales; aussi les affaires ont-elles pris, dans cette ville, une extension remarquable. Le nombre des bâtiments qui, chaque année, entrent habituellement dans le port et en sortent s'élève à près de 8,000. Dans ce nombre, il en est 4,755 destinés au long-cours, ainsi qu'au grand et petit cabotage. Leur tonnage effectif s'élève à 189,375 tonneaux, et leurs équipages se composent de 24,105 hommes. Le reste est formé de bateaux et alléges. — Quelque satisfaisant que soit l'état du commerce à Nantes, on ne peut nier qu'il n'ait beaucoup perdu de sa splendeur depuis la perte de plusieurs de nos colonies, et particulièrement de celle de Saint-Domingue. — Plusieurs négociants ont fait de louables efforts pour en rétablir la prospérité. De ce nombre est M. Dobrée, qui le premier, en 1817, eut l'idée d'armer pour la pêche de la baleine. Cette entreprise a été féconde en résultats. Entre autres avantages que la ville doit encore à cet honorable industriel, il faut compter l'introduction du feutre à doublage et des cables en fer. — D'autres négociants ont formé, en 1821, une banque d'escompte, dont les statuts sont modelés sur celle de Paris. La Banque de Nantes a un capital de 900,000 francs, divisé en 900 actions. Le dividende de 1831 a été de 49,743 francs, ou 55 francs 27 cent. par action. — Il y a aussi à Nantes une compagnie d'assurances maritimes, dont l'établissement a contribué à la prospérité du commerce. Le capital assuré annuellement s'élève en moyenne à la somme de 10 millions. — Le commerce d'importation consiste en sucres bruts et autres denrées coloniales; celui d'exportation, en vins et eaux-de-vie, en sels, en tourbe, en fer, en charbon de terre, et en produits divers des manufactures. — Les consommations, cette cause première de toute industrie, ont été à Nantes, pour les principaux objets, en 1830:
Vins en cercles........ 87,001 hect.
Vins en bouteilles....... 232
Foin.............. 6,130,760 kil.
Paille............. 617,460
Avoine..., ......... 68,422 hect.
Chaux.., ........... 48,191
Plâtre.............. 1,168,235 kil.
Par la comparaison des registres de l'octroi à diverses époques, on peut conclure qu'année moyenne, il se tue à Nantes 2,724 bŒufs, 20,597 veaux, 24,278 moutons, 9,058 porcs; à quoi il faut ajouter une consommation de 88, 948 kil. de viande dépecée, 238,316 de poissons salés, 2,709 barils de harengs salés, et 126,733 de fromages étrangers, tous objets importés dans la ville.
Le commerce étant le principal objet des Nantais, l'industrie manufacturière n'a pas pris des développements proportionnées à l'importance de la ville. Cependant les métiers à toile, la fabrication du coton, la raffinerie, la chapellerie, la papeterie, la brosserie, la tannerie, la mégisserie, la verrerie, la brasserie, la corderie y possèdent des établissements assez considérables, qui ont recu de l'extension de 1818 à 1825. A cette dernière époque, le préfet, M. de Villeneuve, créa à Nantes une exposition des produits de l'industrie départementale, dont l'effet fut d'exciter une nouvelle émulation parmi les fabricants: les usines se multiplièrent; on vit s'élever des chantiers pour la construction des bateaux à vapeur; des ateliers lithographiques, un établissement d'eaux minérales factices, une fabrique de chapeaux de feutre, vinrent ajouter de nouveaux éléments à l'activité industrielle de Nantes. Tel fut l'essor qu'elle reçut, que six sucreries de betteraves s'élevèrent presque simultanément; mais les entrepreneurs n'avaient pas assez médité les chances de leur spéculation, et déjà cinq de ces établissements ont succombé.

Salines. — L'exploitation des marais salants est une des branches importantes de l'industrie du département. Elle a lieu principalement aux environs de Guérande, du Croisic, de Bourgueuf, et dans les îles de Bacin et de Noirmoutiers. — Les salines sont de grands bassins, profonds de 12 à 13 palmes, et divisés, par des carrés de 21 à 22 centimètres, en plusieurs compartiments ou œillets. — L'eau de mer y monte par des canaux qu'on nomme étiers. Ces étiers sont bordés de chaussées qui servent de chemins et qui portent le nom de bossis. La largeur des bossis n'est pas déterminée; leur élévation est ordinairement de 3 à 4 pieds au-dessus du niveau du marais. Quelquefois les bossis servent à recevoir le sel nouvellement recueilli. A Noirmoutiers, ils sont assez larges pour être mis en culture. — Le sol des marais est supérieur au niveau des marais ordinaires, mais inférieur à celui des hautes marées. L'eau entre, par un conduit souterrain appelé coëf, dans un bassin où elle commence à subir un premier degré d'évaporation. Ce bassin est appelé vasière dans la Loire-Inférieure; sur les côtes de la Vendée il porte le nom de Loire. Il y a des marais qui, outre la vasière, ont un second réservoir nommé cobier, dont la destination est la même, mais dont la forme est différente. La vasière est un bassin d'une seule pièce; le cobier est partagé en plusieurs compartiments où l'eau passe, séjourne successivement, et s'épaissit avant d'entrer par un coëf dans la saline. Un étroit canal, qui longe les sinuosités des bossis, reçoit cette eau et la porte dans des carrés pareils aux cobiers, et séparés entre eux par de petites cloisons d'argile battue. De ces réservoirs, appelés fares, l'eau passe dans l'œillet, qui est le dernier bassin évaporatoire. Le fond de l'œillet représente une sorte de pyramide applanie, dont le sommet est élevé seulement d'un pouce. Le paludier (habitant et ouvrier de la saline), en introduisant l'eau dans l'œillet, a soin qu'elle soit de niveau avec ce sommet; de cette façon, l'eau a un pouce de profondeur sur les bords et diminue graduellement jusqu'au milieu, ce qui facilite l'évaporation. La longueur d'un œillet est ordinairement de 30 pieds et la largeur de 20, Leur nombre varie suivant l'étendue de la saline,
La récolte du sel ne commence que vers la fin du printemps. Pendant l'hiver, les vasières, les cobiers, les salines, sont cachés sous l'eau, afin de préserver de la gelée la terre argileuse qui en forme le fond et les élévations. A la fin d'avril, on fait écouler cette eau, mélangée d'eaux pluviales, et après avoir soigneusement réparé le fond de la saline pour empêcher la filtration, on la remplace par l'eau de mer. La chaleur du soleil, et surtout le vent qui renouvelle à chaque instant la surface de l'eau, opèrent l'éva-poration Le sel, en se cristallisant à la surface, forme une légère crème blanche qui exhale une odeur de violette assez agréable. Celui qui se précipite au fond prend la teinte grisâtre de la terre sur laquelle il repose. Le dépôt du sel à chaque prise d'eau est d'à peu près une ligne et demie dans les fortes saunaisons, et produit environ 120 livres. On le laisse égoutter pendant deux jours sur la ladure, petit plateau elliptique où aboutissent tous les compartiments de l'œillet; ce temps écoulé, des femmes, courant pieds nus sur les compartiments glissants de la saline, le transportent dans des grèdes posées sur leur tète, de la ladure aux bossis, où. il est mis en mulon (tas). Les endroits où sont les muions se nomment des tremés. Une nouvelle eau remplace à l'instant celle qui a produit le sel enlevé. Dans les mois de juin et de juillet, l'eau se renouvelle tous les deux jours. En août et en septembre, où les jours sont moins longs et les rosées plus abondantes, ce renouvellement n'a plus lieu que tons les trois jours. — Le sel mis en mulons, c'est-à-dire en monceaux demi-sphériques, est recouvert avec la vase des salines, qui" se durcit à l'air et forme une croûte impénétrable aux eaux pluviales. A la première année, le déchet du sel ainsi conservé sur les bossis est d'un cinquième. Au bout de trois ans, cette perte s'élève à un quart.
Le nombre des paludiers de la Loire-Inférieure dépasse 7, 000. Ils ne s'occupent que de la fabrication du sel; on nomme sauniers ceux qui en font le commerce. Le département compte environ 70,270 œillets. Chaque œillet rapporte, terme moyen, 13 francs, ce qui donne un produit total de de 913,510 francs.

Pêche de la sardine. — Elle commence communément à la fin de mai. Chaque barque est montée par un maître et deux ou quatre garçons. — C'est au lever et au coucher du soleil que la pêche se fait avec le plus de succès; dans les beaux temps, les pêcheurs passent les nuits en mer dans leurs barques, dont les voiles leurs servent d'abri. — Au point du jour la pêche commence. Chaque chaloupe est munie de plusieurs filets à mailles serrées. Ces filets ont ordinairement 60 pieds de long sur 13 de large, et sont garnis de liège d'un côté et de plomb de l'autre. Dès que les pêcheurs aperçoivent un banc de sardines, ils lancent à la mer un de ces filets attaché derrière leur chaloupe, et au fur et à mesure qu'il se déploie, ils jettent la rogue ou appât du côté opposé à celui où se trouve la sardine, qui, s'élancant pour la saisir, se prend par l'ouie dans les mailles du filet. Lorsque le premier filet est garni, on l'attache à un second, et de cette manière on en file quelquefois jusqu'à sept, qui peuvent donner, s'ils sont pleins et si la sardine est petite, jusqu'à 50 milliers. — Aussitôt que la pêche est terminée, les chaloupes, au lieu de venir à terre se dirigent vers les caboteurs, qui quelquefois achètent la pêche toute entière, et vont vendre la sardine salée en vert à Nantes, à Bordeaux, à La Rochelle, etc. Si les caboteurs n'achètent pas, les pêcheurs se rendent aux ateliers de salaisons; les sardines y sont comptées, lavées et portées aux presses, où des femmes les reçoivent, les salent et les rangent dans des barriques. — La sardine est portée à Nantes vingt-quatre heures après avoir été pêchée; elle est légèrement couverte de sel, afin de se conserver fraîche — Cette industrie introduit chaque année à Nantes à peu près 30, 000 milliers de sardines en vert. Elle emploie environ 700 barques formant ensemble 3, 580 tonneaux, et dont les équipages réunis s'élèvent à près de 3,000 hommes.
La pêche du hareng succède à celle de la sardine. On pêche ordinairement ce poisson à la ligne.

Professions exercées a Nantes en 1830. — Avocats stagiaires, 53. -— Id. admis au stage, 13. — Imprimeurs, 6. — Imprimeurs lithographes, 2. — Libraires, 16. — Journaux, recueils périodiques, 8. — Docteurs-médecins, 82. -- Officiers de santé, 12. — Chirurgiens-dentistes, 3. — Sages-femmes, 16 — Pharmaciens, 29. — Ecoles secondaires, 9   — Pensionnats de demoiselles, 33.
— Professeurs particuliers de mathématiques, 8. — Ecriture et tenue des livres, 12. — Professeurs de dessin et peinture, 16. — Sculpteurs, 10. — Graveurs, 7. — Marchands de bois, 21. — Brasseries, 2. — Brosseries, 4. — Chapeliers, 23. — Confiseurs, 7. — Cordiers, 9. — Draperies, 29. — Epiciers et droguistes, 73. — Faïenceries, 1. — Filatures de coton, 18. — Fonderies en fer, 3. — Luthiers, 5. — Meubles et glaces, 13. - Orfèvres, bijoutiers, 34.
— Capitaines au long cours, 200. — Raffineurs, 12. — Quincailliers, 20. - Bouchers, 54. — Vins en gros, 66 — Boulangers, 85.

Récompenses industrielles. — A la dernière exposition de la capitale, il a été décerné une Médaille d'argent à M. Fourmand pour des câbles en fer à l'usage de la marine, et des Mentions honorables à M. Guillemet aîné pour basins, coutils et flanelle; à madame Foucault et fils pour la bonne qualité de leurs cuirs; enfin à M. Hortier fils, qui a présenté des câbles, fabriqués d'après le procédé de M. Hubert, moins lourds, plus durables et d'un prix moindre que les câbles ordinaires.
Nantes eut, en 1827, une exposition du produit des arts et de l'industrie du département. Voici quel en fut le résultat: M. Dobrée reçut une médaille d'or pour ses feutres à doublages. Des médailles d'argent furent décernées à MM. Laverge, pour corroierie et tannerie; Sébille et David, pour tuyaux de plomb laminé sans soudure; Bouscaren, pour peaux de veau cirées, recherchées dans le commerce; Grotaers, pour divers ouvrages de sculpture. Des médailles de bronze furent obtenues par MM. Blot, armurier; Pradal, bonnetier; Geiger, facteur de pianos; Vic, pour de petits ouvrages de fonte très délicatement exécutés; Charpentier, graveur en taille douce; Mellinet, imprimeur; Caillaud, carossier; Polo, taillandier; Testé, Mulnier et Blondel, peintres; Guillemet, architecte. — On accorda des mentions honorables à MM. Galière et Jaunet, armuriers; Héron et Victor Mangin, pour cartonnage; Le Coq, pour chapeaux vernis; Suser, bottier; Mouinot, pour des instruments de coutellerie et de chirurgie; Meslet, doreur sur bois; Bernard, fabricant de tissus; Luperger, pour un piano elliptique; Dorgère, ferblantier; Forlier, fîlateur; Perraud, pour étoffes de laine fabriquées au métier; Bernard, pour des procédés nouveaux pour le blanchiment du lin; Douillard frères, pour divers plans d'architecture, et Donné, pour divers tableaux.

Douanes. — La direction de Nantes a 6 bureaux principaux, dont 5 seulement sont situés dans le département. Les bureaux du département ont produit en 1831:
Douanes, navig. et timbre - Sels - Total.
Noirmoutier..... 3,156 f. - 2,557 f. - 5,714 f.
Bourgneuf. ..... 6,175 - 142,224 - 148, 399
PaimbŒuf...... 39,812 - 2,479 - 42,292
Nantes........ 10,442,966 - 4, 657,408 - 15,100,374
Guérande...... 12,816 - 1,251,513 - 1,264,329
Produit total des douanes.... 16,561,108 f.
Foires. — Le nombre des foires du département est de 342. Elles se tiennent dans 122 communes, dont 39 chefs-lieux, et durant quelques-unes 2 à 3 jours, remplissent 371 journées.
Les foires mobiles, au nombre de 43, occupent 43 journées. — Il y a 6 foires mensaires.
90 communes sont privées de foires.
Les articles de commerce sont les draps, mercerie, quincaillerie, etc.; bestiaux. — 11 y a à Nantes une foire spéciale pour vente des laines et mérinos de race espagnole.

BIBLIOGRAPHIE
Mémoire sur les embellissements de Nantes, par Graslin; in-4. Nantes
Annales nantaises, par Guimard; in-8. Nantes, an x.
Notice sur Anne de Bretagne, par Trébuchet, in-4. Nantes, 1822.
Notice sur les villes et principales communes du départ de la Loire- Inférieure, par Le Boyer; in-12. Nantes, 1825. 3e édition
Notes sur la ville de Nantes, par Lecadre; in-8.
Aperçu topogr. et physique de Nantes, par Priou; in-8.
Panorama de la Loire; in-18. Nantes, 1829
Voyage en Normandie et en Bretagne; in-18. Paris, 1829.
Rapport sur les travaux du Conseil de salubrité de Nantes; in-8. Nantes, 1829.
Hist. des Progrès de Nantes, par Guépin; in-18. Nantes, 1832.

A. HUGO.

 

 

 

 

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