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Les villes à travers les documents anciens

Histoire et description de Lyon, jusqu'au au 19ème siècle

 

 

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Outre cette page sur l'Histoire et la description de Lyon, voir aussi :

et aussi la carte du département du Rhône en 1883

 

Carte de Lyon vers 1850 - reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Carte de Lyon vers 1850 Cette photo peut être transférée, sur demande, en haute définition
provenant de L'Atlas de la France illustrée de Malte-Brun - 1852
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Lyon, extrait du "Guide pittoresque du voyageur en France", édition 1835

LYON. Ancienne, grande, belle, et l'une des plus riches et des plus considérables villes de France.

  • Chef-lieu du département.
  • Cour royale d’où ressortissent les départements de l’Ain, de la Loire et du Rhône.
  • Tribunaux de première instance et de commerce.
  • Chambre et bourse de commerce ; conseil de prud’hommes.
  • Chef-lieu de la 19e division militaire.
  • Hôtel des monnaies.
  • Loterie royale.
  • Académie royale des sciences, belles-lettres et arts.
  • Académie universitaire.
  • Collège royal.
  • école spéciale des beaux-arts.
  • Conservatoire des arts.
  • école d’économie rurale vétérinaire.
  • Institution des sourds-muets.
  • école d’arts et métiers, dite Institution de’ la Martinière.
  • Société d’agriculture, histoire naturelle et arts utiles.
  • Sociétés littéraire, linnéenne, de jurisprudence, de médecine, de pharmacie.
  • Faculté de théologie.
  • Archevêché. 
  • Petite poste.
  • Population .133,715 habitants (1834)

Lyon et son Histoire
L’origine de Lyon se perd dans la nuit des siècles, et il paraît presque impossible de déterminer l’époque précise de sa fondation. Lors de la conquête des Gaules par César, c’était déjà une place de quelque importance et le principal marché des Ségusiens, bâtie un peu au-dessus du confluent de la Saône et du Rhône.
Tout porte à croire que cette ville a été bâtie dans la situation où elle existe aujourd’hui, par le consul Lucius Munatius Plancus, qui la peupla de citoyens romains que les Allobroges avaient chassés de Vienne.
Voici comment l’historien des Gaulois (A. Thierry) explique son origine :

« De graves dissensions domestiques s’étaient élevées dans l’enceinte des murs de Vienne, durant les guerres de César et de Pompée ; une partie des habitants avait chassé l’autre ; réfugiés sur les bords du Rhône, près de son confluent avec la Saône, les bannis viennois y vécurent longtemps campés dans des cabanes ou sous des tentes. L’année qui suivit la mort du dictateur, le sénat romain forma le projet de les coloniser et de leur bâtir une demeure ; il chargea de ce soin le gouverneur de la province, Plancus, dont il redoutait et voulait occuper l’esprit turbulent. A l’endroit où la Saône se jette dans le Rhône, sur le penchant d’une colline qui la borde à l’occident, était situé un village ségusien, nommé Lugdunum : Plancus s’en empara, le reconstruisit et en fit une ville où il établit les exilés. Plus tard, Auguste, charmé de la beauté du site, y attira une colonie militaire. »

On la nommait encore Leopolis (ville de Lyon) et Leontopolis. Elle porta aussi le surnom de Nouvelle-Athènes. Au temps de Saint-Irenée, cette ville se nommait Rhodanusia.


Vue générale de Lyon- Gravure de 1771 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
La ville de Lyon vers 1770, Cette gravure peut être transférée, sur demande, en haute définition
Gravure extraite du Nouveau voyage de France - Georges-Louis Le Rouge MLR) - 1771
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Admirablement placé pour la navigation, Lugdunum s’enrichit et acquit en peu de temps une assez grande importance commerciale. Auguste en fit la métropole de la Gaule celtique, qui dès lors changea de nom et prit celui de Gaule lyonnaise. Il vint lui- même dans cette ville, accompagné de Tibère, d’une garde nombreuse et d’une cour brillante (l’an 738 de Rome), et fut reçu dans un palais construit sur le penchant de la colline de Fourvière, qui prit le nom de palais impérial. L’empereur séjourna trois ans dans cette ville, où il organisa une cour et une espèce de sénat semblable à celui de Rome. Il y établit un collège des soixante, qui rendait la justice avec dépendance immédiate du sénat romain, un athénée où des orateurs s’exercaient à des disputes éloquentes, un collège particulier pour les citoyens romains, un surveillant des collèges d’artisans, un maître de navigation et des ports, etc. etc.
Enfin, il embellit cette cité de tant de monuments, il y répandit tant de bienfaits, que soixante nations gauloises, pour témoigner leur reconnaissance, firent construire en son honneur, au confluent du Rhône et de la Saône, un temple qui était un des monuments les plus célèbres de l’antiquité.
Agrippa, gendre d’Auguste, contribua aussi beaucoup à la prospérité de Lugdunum ; il en fit le point de départ des quatre grandes voies militaires qui traversaient les Gaules, dont l’une allait aux Pyrénées par les Cévennes, l’Auvergne et l’Aquitaine ; la seconde, vers le confluent du Rhin et de la Meuse ; la troisième, à l’Océan par la Bourgogne ; et la quatrième, à la Méditerranée par Marseille et Narbonne : on voit encore des restes considérables de ces voies romaines aux environs de Lyon.
Tibère, pour éterniser la mémoire d’Auguste, qui l’avait choisi pour héritier, institua les Augustaux (prêtres du culte d’Auguste), et fut honoré lui-même d’une statue équestre par les trois provinces de la Gaule lugdunaise. Caligula habita le palais impérial de Lyon. Durant son séjour dans cette ville, il commença par soumettre les particuliers à des taxes, sous le nom spécieux de présents, et ne craignit pas ensuite de condamner à mort les plus opulents d’entre eux pour s’emparer de leurs richesses. Ce tyran, d’un caractère bizarre, aimait les choses ridicules ; il institua près de l’autel d’Auguste de nouvelles conférences grecques et latines, et prit plaisir à tourmenter cette foule d’orateurs qui venaient à Lyon pour disputer le prix d’éloquence, en imposant pour punition aux vaincus de fournir à leurs dépens des prix aux vainqueurs, et en les contraignant d’effacer leurs propres ouvrages avec la langue ; en cas de refus, ils étaient battus de verges et même précipités dans le Rhône. Ce tyran quitta Lyon pour retourner à Rome où il fut assassiné.
L’empereur Claude orna la ville de Lyon de magnifiques aqueducs et d’autres monuments. Il obtint du sénat (l'an 48 de 1ère chrétienne) qu’elle serait mise au rang de cité romaine, et prononça à ce sujet un discours qui s’est conservé sur deux tables de bronze, où les Lyonnais le firent graver pour perpétuer leur reconnaissance. L’état florissant de cette cité ne fût pas de longue durée ; le plus terrible incendie dont la mémoire des hommes ait conservé le souvenir, et dont Sénèque a peint vivement les affreux effets, anéantit dans une seule nuit cette magnifique cité.
Néron la fit bientôt renaître de ses cendres. Trajan, Adrien et Antonin concoururent aussi au rétablissement de sa prospérité, en y faisant construire de somptueux édifices et lui accordant plusieurs privilèges ; mais, suivant M. Chochard, ce qui contribua le plus à lui donner de l’éclat, ce fut l'établissement des foires qui se tinrent chaque année dans son enceinte, et qui y attirèrent des diverses contrées de l’Europe et de l'Asie une affluence prodigieuse d’étrangers. Le commerce ne pouvait se fixer sur un sol plus prospère ; aussi il s’y développa avec une rapidité étonnante, et y jeta de si profondes racines, que les siècles et les révolutions n’ont pu l’anéantir.
Lorsqu’après la mort de Pertinax, Albin et Septime Sévère se disputèrent l’empire, la fortune ayant secondé le premier dans les Gaules, Lyon se déclara en sa faveur, et, après sa défaite aux plaines de Trévoux, eut le courage de lui ouvrir ses portes. Sévère entra dans cette ville en vainqueur irrité et la livra à la fureur de ses soldats, qui n’en firent qu’un monceau de cendres et de ruines, et passèrent les habitants au fil de l’épée : dix-neuf mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, périrent dans cet horrible massacre (l’an 197). A peu près vers cette époque, saint Pothin y propagea le christianisme et y périt avec cinquante-huit de ses disciples. Saint Irénée, qui lui succéda, succomba avec dix-neuf mille chrétiens dans une seconde persécution qui eut lieu en 202.

Sous les empereurs, Lyon fut encore prise d’assaut et pillée par les peuples du Nord, qui se disposaient à y mettre le feu, lorsqu’ils furent surpris et exterminés par Julien. Vers le milieu du Ve siècle, Attila saccagea cette ville et fit disparaître tout ce qui restait de monuments romains. En 458, Sidonius Apollinaire livra Lyon à Théodoric, roi des Visigoths. En 476, Gunderic s’en empara et en fit la capitale du royaume de Bourgogne, qui subsista près d’un siècle. Vers la fin du VIe siècle, Lyon passa sous la domination des rois de France. Une armée de Sarrasins venus d’Espagne s’en empara dans le VIIIe siècle, renversa les églises et les murailles, détruisit une partie des maisons, et passa au fil de l’épée un grand nombre d’habitants.
La protection et les bienfaits de Charlemagne rendirent à Lyon une partie de sa prospérité ; il fit relever ses ruines et établit une belle bibliothèque dans le monastère de l’île Barbe. Lors du partage de l’empire entre les enfants de Lothaire, Lyon devint la capitale du royaume de Provence, situé entre les Alpes, le Rhône et la mer, qui échut au prince Charles.
En 879, cette ville passa de la domination des enfants de Charlemagne sous celle de Boson, à qui la royauté fut déférée par vingt-trois prélats : Aurélien, premier archevêque de Lyon, eut grande part à cette élection. Après la mort de Rodolphe, roi de Bourgogne, Burchard, son frère, archevêque de Lyon, retint pour lui cette ville et une partie du Lyonnais, comme étant l’héritage de sa mère Mathilde. De cette époque date la souveraineté que les archevêques de Lyon s’arrogèrent, et qui leur fut confirmée par une bulle de l’empereur Barberousse, en date du 18 novembre 1157.
Un siècle après, les exactions exercées par les officiers de l’archevêque, l’absence de tous moyens de justice, forcèrent les habitants de courir aux armes ; ils se formèrent en compagnies, nommèrent les plus notables pour veiller à la sûreté de tous, organisèrent le gouvernement municipal, et s’emparèrent des tours et du pont du Rhône : cette première révolte se termina par une transaction. Trente-quatre ans après, la guerre se ralluma entre l’église et les habitants, qui furent excommuniés par l’archevêque et n’en tinrent pas compte. Louis IX fut pris pour arbitre ; il profita de ces démêlés pour rentrer en possession de la justice temporelle. .Après son départ, les chanoines recommencèrent la guerre avec une nouvelle fureur, ils s’emparèrent par surprise du fort de la Madeleine et passèrent la garnison au fil de l’épée ; par représailles, les bourgeois ayant surpris pendant la nuit les partisans des chanoines, les massacrèrent inhumainement et livrèrent leurs maisons aux flammes. Chaque parti semblait disputer le prix de la fureur : trois fois les habitants de Lyon montèrent à l’assaut du couvent de Saint-Just, où les chanoines s’étaient retranchés, et ils en furent repoussés trois fois. Enfin, Louis IX envoya de Nîmes des commissaires, les hostilités cessèrent, et Philippe-le-Bel, en faisant rentrer la ville de Lyon sous l’autorité des rois de France, mit fin pour toujours à cette lutte cruelle et impie.

Sous le gouvernement des rois de France, l’industrie et le commerce se développèrent avec une activité extraordinaire ; par suite des guerres civiles d’Italie, des familles opulentes, fuyant la persécution qui désolait ce pays, lui apportèrent des capitaux et les arts. Les Pazzi, forcés de céder la fortune aux Médicis, s’y retirèrent de Florence avec un grand nombre de maisons de leur parti, et les Génois y jetèrent, au temps de François Ier, les fondements de ces manufactures de soie qui depuis sont parvenues à un si haut degré de célébrité. Lyon jouissait alors d’une entière liberté, était administré par des hommes de son choix, était exempt d’impôts et offrait ainsi au commerce toutes les garanties désirables. Les foires dont Charles VII gratifia cette ville en 1420, mais qui ne furent organisées définitivement que sous Louis XI, en 1463, influèrent aussi d’une manière sensible sur les progrès de son commerce ; les privilèges concédés aux marchands qui les fréquentaient firent affluer une foule d’étrangers industrieux sur les rive» du Rhône ; la fortune qu’ils y acquirent les y naturalisa.
La décadence de ces foires commença avec le XVIIIe siècle ; cependant elles n’ont cessé qu’à la révolution de 1789, et leur suppression n’a même apporté aucun changement notable dans les opérations commerciales de Lyon, parce que les manufactures des soieries avaient pris dès lors une telle extension, qu’elles n’avaient plus besoin de leur appui pour se soutenir et pour prospérer.

Vers le milieu du XIVe siècle, les rois de France et d’Angleterre ayant licencié leurs troupes après la paix de Brétigny, des Allemands, des Flamands, des Brabançons, qui s’étaient mis au service de ces souverains dans l’année même où la guerre cessa, et qui pour celte raison furent nommés Tard-Venus, se voyant sans ressources et sans emplois, se mirent à faire la guerre pour leur compte, pillant sans distinction les sujets de l’un et de l’autre prince. Campés dans la plaine de Brignais, à deux lieues de Lyon, ils mettaient à contribution les voyageurs et le pays. Les Lyonnais sortirent pour aller les débusquer de ce poste, et c’est à cette affaire, où Jacques de Bourbon et son fils furent tués, qu’on a donné le nom de bataille de Brignais.
En 1560, les calvinistes s’emparèrent de Lyon par surprise, mais ils n’eurent pas le temps de s’y établir, et furent chassés des points qu’ils étaient parvenus à occuper par l’abbé de Savigne. Deux ans après, ces religionnaires surprirent cette ville par un coup de main hardi ; ils y établirent la liberté de conscience, et ne la rendirent qu’en 1563 au maréchal de Vieuville.
La Saint-Barthélemy y exerça ses fureurs, et les massacres y furent presque aussi sanglants qu’à Paris. Après la mort de Henri III, quelques religieux fanatiques poussèrent Lyon dans le parti de la Ligue ; mais après l’attentat de Jean Châtel, cette ville reconnut Henri IV, qui la visita en 1595.

La prospérité’ de Lyon fut portée à un haut degré sous le règne de Louis XIV. Cette cité, jusqu’alors peu remarquable sous le rapport architectural, s’embellit de nouveaux quais et d’un grand nombre de beaux édifices. La révolution de 1789 lui porta un coup funeste ; assiégée en 1793 par une armée de soixante mille hommes aux ordres de Dubois-Crancé, elle se défendit pendant deux mois avec le courage le plus héroïque ; obligée enfin de capituler, après avoir souffert toutes les horreurs de la famine et d’un terrible bombardement, elle fut en proie à toutes les souffrances d’une ville prise d’assaut ; ses principaux édifices et plus de deux cents maisons furent renversés ou démolis, et son nom changé en celui de Ville-Affranchie.
Toutefois, tant de désastres disparurent sous le consulat et sous l’empire, et Lyon devint plus florissante que jamais ; sa prospérité fut l’objet constant de la sollicitude de Napoléon pendant tout son règne, Lors de la chute du grand homme, Lyon n’insulta point à son malheur ; lorsqu’il se présenta devant ses murs en 1815, cette ville lui ouvrit ses portes et le reçut avec enthousiasme.
En 1831 et en 1834, Lyon a été le théâtre de luttes sanglantes, que l’inflexible histoire inscrira en lettres de sang dans nos annales, et dont nous ne nous sentons pas le courage de transcrire les détails, que l’on trouve d’ailleurs consignés dans tous les journaux de ces deux époques.

 

Lyon depuis Pierre-Scize  - Gravure de  1834 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Lyon depuis le rocher de Pierre-Scize, Cette gravure peut être transférée, sur demande, en haute définition
Gravure extraite du 'Magasin pittoresque' - 1834

 

Lyon depuis la Croix-Rousse  - Gravure de  1834 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Lyon depuis les hauteurs de la Croix Rousse, Cette gravure peut être transférée, sur demande, en haute définition
Gravure extraite du 'Magasin pittoresque' - 1834


Lyon et son environnement
Lyon est dans une belle situation, au confluent du Rhône et de la Saône, entre lesquels la plus grande partie de celte ville se trouve resserrée : au nord, elle est dominée par les montagnes de Fourvière et de Saint-Sébastien, qui s’élèvent en amphithéâtre sur le bord de la Saône. Le site en est infiniment riche et pittoresque ; les deux fleuves qui le baignent, les coteaux couverts de verdure et de maisons qui le bornent, les aspects variés que présentent les deux rives de la Saône, la perspective des Alpes groupées à l’orient, concourent à en faire une des villes les plus intéressantes du monde. De la montagne de Fourvière, on embrasse d’un seul coup d’œil l’ensemble de cette ville et tous ses grands monuments ; l’aspect que présentent ses rues, ses ponts, ses places, ses quais, ses édifices, son active population, présente un des plus beaux panoramas de l’Europe.
Bâtie en partie sur plusieurs collines et en partie sur un terrain uni, celle ville offre peu de régularité ; l’intérieur, composé de rues étroites et tortueuses, bordées de maisons très élevées, nuit à la beauté de son ensemble ; mais elle est dédommagée de l’aspect peu agréable de quelques quartiers par la magnificence de plusieurs autres. Trois rangs de quais, entrecoupés de dix-sept ponts, et presque tous de construction moderne, ainsi que les glacis, embrassent toute la partie située sur les deux rivières, et forment une superbe enceinte que l’on ne peut se lasser d’admirer.
Sur les bords du Rhône, une ligne immense de maisons et de beaux édifices publics, depuis le faubourg Saint-Clair jusqu’à la porte Perrache, donne aux points de vue un caractère particulier de grandiose qui tient à la nature des sites de Lyon ; des trottoirs d’une lieue d’étendue, garnis d’un double rang d’arbres, et d’où la vue s’étend sur une belle plaine, bordent le cours majestueux du fleuve.

 

Lyon, vers 1710, avec  'église St Jean. Numérisation © BNF, corrections numériques -  © Norbert Pousseur
L'Eglise de St Jean de Lyon, avec le pont de La Saône
Dessin de étienne-Joseph Daudel, 1719
Estampe conservée à la © BNF qui l'a numérisée, correction des défauts par © Norbert Pousseur
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Sur les quais de la Saône, la colline de Fourvière, les coteaux de Saint-Just et de Sainte-Foy offrent des tableaux rapprochés ; les regards s’y promènent sur des scènes mouvantes qui se multiplient et varient à chaque instant, sur une prodigieuse quantité de barques et de bateaux de formes différentes, qui présentent le tableau animé de la navigation au pied d’une colline pittoresque. Sur la Saône, cette navigation est tranquille comme le cours de la rivière ; mais sur le Rhône, les bateaux qui descendent le fleuve fuient avec la rapidité du trait. De toutes parts on voit des moulins, des foulons, des frises et de grands établissements hydrauliques, dont le mouvement et le bruit annoncent les travaux d’une ville de fabrique de premier ordre.

 

Lyon et la colline de Fourvières  - Gravure de  1835 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Lyon et la colline de Fourvière vers 1835, Cette gravure peut être transférée, sur demande, en haute définition
Gravure extraite de 'La géographie universelle' de Malte-Brun - 1840
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Lyon est entouré dé plusieurs faubourgs : les plus remarquables sont Fourvière au sud-ouest ; la presqu’île Perrache au sud ; Serin et Vaize au nord-ouest ; la Guillotière à l’est, et la Croix-Rousse au nord ; ces deux derniers ont acquis depuis peu le droit de cité, et forment deux communes distinctes de Lyon.

 

Fourvières à Lyon - Gravure de 1834 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Fourvière à Lyon vers 1830 Cette photo peut être transférée, sur demande, en haute définition
Gravure de Rauch (Charles ?), extraite du 'Guide pittoresque du voyageur en France' - 1834
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Fourvières est situé sur l’ancien Forum vetus, où existait l’ancienne ville romaine. Le haut de la montagne est occupé par un grand nombre de belles habitations, d’où l’on jouit d’une vue magnifique sur la ville entière et sur les deux fleuves ; le bas et la partie moyenne sont habités par la classe du peuple la plus pauvre : les rues y sont noires, malpropres, insalubres, et beaucoup sont en escaliers.

 

à Lyon, pont sur la Saône vers Fourvière - Gravure de 1859 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
à Lyon, pont de Tilsitt vers Fourvière Cette photo peut être transférée, sur demande, en haute définition
Gravure de Rouargue frères, extraite de 'Histoire des villes de France ' d'Aristide Guilbert - 1859
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Le quartier de Perrache occupe un immense terrain conquis sur le Rhône, qui a été forcé de se creuser un autre lit il y a près de soixante ans ; il doit son nom à M. Perrache, qui conçut l’idée, en 1770, de reculer d’une demi-lieue la jonction du Rhône et de la Saône, pour allonger la ville, qu’on ne pouvait agrandir d’aucun autre côté, à cause des montagnes qui l’entourent et des fleuves qui la bordent. La presqu’île Perrache, par sa position au confluent de la Saône et du Rhône, sera un jour un nouveau Lyon, beaucoup plus beau que l’ancienne ville : les rues qu’on y a tracées sont très larges et aboutissent presque toutes à l’une et à l’autre rivière. Plusieurs établissements d’industrie s’y élèvent, et dans le centre on construit une gare qui formera un port sûr et commode pour le débarquement et l’embarquement des marchandises. On y voit encore une prison très vaste, une caserne de gendarmerie, et sur tous les points, notamment à proximité de l’arsenal, plusieurs édifices particuliers remarquables. A l’extrémité de l’île, et non loin du pont de la Mulatière, 0n construit un pont en charpente destiné au passage du chemin de fer de Saint-étienne.
Le faubourg de Serin, d’une petite étendue, est dans une situation agréable, sur la rive droite de la Saône, dont les rives, terminées par des coteaux peuplés de belles maisons de campagne, offrent une charmante promenade. Au centre se trouve le grand entrepôt des vins de la ville de Lyon.

 

Bastion des deux Amants - Gravure de 1827 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Bastion des Deux amants, dessin de Meyrenc
gravure extraite du 'Nouveau voyage pittoresque en France' chez Ostevald -1827
Le clos des Deux amants tire son nom d'un tombeau d'époque romaine, dit des Deux-Amants,
édifié à cet endroit et qui fut démoli en 1707 car il gênait la circulation.

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Le faubourg de Vaize
commence à la place des Deux-Amants, au-dessus du rocher de Pierre-Scise. La rue principale conduit à une place circulaire à laquelle aboutissent les routes de Bourgogne et du Bourbonnais. Le centre de cette place était autrefois orné d’une pyramide dédiée à Louis XVI.
Le faubourg de la Guillotière
est situé sur la rive gauche du Rhône, vis-à-vis du pont de son nom. Quoiqu’il porte encore le nom de faubourg, il n’en forme pas moins une ville distincte de Lyon, dont la population est de 18,294 habitants. Il ne possède que fort peu de fabriques et de manufactures, et n’est en partie composé que d’auberges et de cabarets, où descendent les nombreux rouliers de la Provence et du Languedoc. A l’extrémité de la Guillotière, on remarque le château gothique de La Motte, où Henri IV passa la première nuit de ses noces avec Catherine de Médicis.

 

Château de la Motte - Gravure de 1827 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Château de la Motte, dessiné par Delaval, Cette photo peut être transférée, sur demande, en haute définition
gravure extraite du 'Nouveau voyage pittoresque en France' chez Ostevald -1827
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Poterne du château de la Motte à Lyon - Gravure de 1834 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Château de la Motte à Lyon, du côté de son pont-levis Cette photo peut être transférée, sur demande, en haute définition
Gravure de Rauch (Charles ?), extraite du 'Guide pittoresque du voyageur en France' - 1834
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Château de la Motte à Lyon avec sa terrasse - Gravure de 1834 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Château de la Motte à Lyon, terrasse avant dégagée de ses arbres Cette photo peut être transférée, sur demande, en haute définition
Gravure de Rauch (Charles ?), extraite du 'Guide pittoresque du voyageur en France' - 1834
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La Croix-Rousse
est aussi une petite ville dont la population s’élève à 9,213 habitants. Elle est située sur le plateau de la montagne qui se trouve entre le Rhône et la Saône, et presque entièrement composée de jardins et de petites guinguettes très fréquentes les jours de fête par la population laborieuse de la ville de Lyon. De ce côté s’étendaient autrefois des fortifications, aujourd’hui détruites, destinées à défendre la ville.

 

Lyon depuis la Croix Rousse - Gravure de 1841 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Lyon depuis la Croix-Rousse Cette photo peut être transférée, sur demande, en haute définition
in "La France au XIX siècle illustrée par Thomas Allom" - 1841
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Les antiquités de Lyon.

Aqueducs. Le besoin de pourvoir les habitants de Lugdunum des eaux salubres indispensables à une grande population, détermina le gouvernement de Rome, ou plutôt les magistrats qu’il avait établis dans cette cité, à faire rechercher les sources qui avoisinaient la ville, pour les conduire sur les points où elles étaient nécessaires. Les Romains construisirent successivement plusieurs aqueducs.

 

Lyon, aqueduc de Champenost - Gravure de 1827 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Acqueduc de Champenost, dessiné par Bence,
gravure extraite du 'Nouveau voyage pittoresque en France' chez Ostevald -1827

Les eaux du Mont-d’Or, les plus rapprochées de Lyon, furent d’abord recueillies par deux branches d’aqueducs, dont l’une partait de Poleymieux, et s’étendait jusqu’à Saint-Didier, en traversant les collines qui ont leur penchant vers la Saône. L’autre branche, partant de Limonest, allait jusqu’à Saint-Didier ; là, se réunissant à la première, elle ne formait plus qu’un seul aqueduc qui passait à Eully, au Massu et à Saint-Irénée. Cet aqueduc formait une ligne courbe qui embrassait plusieurs vallées dans sa concavité, sans perdre pour cela son niveau, parce que toutes les petites collines qui le supportaient se succédaient immédiatement. Il paraît, d’après les traditions, qu’il fut construit par les soldats du camp de César, et qu’il ne servit qu’aux premiers habitants de Lugdunum.
L’accroissement rapide de Lyon rendit bientôt ces eaux insuffisantes. La partie de la colline de Fourvière, où l’on construisit les plus riches maisons de plaisance, et le palais des empereurs, ayant une élévation de soixante pieds au-dessus du lieu d’où partaient les eaux du Mont-d’Or, il fallut recueillir celles des sources plus éloignées.
Le Mont-Pila, éloigné de huit lieues, et séparé de Lyon par plusieurs vallons d’une grande profondeur, était le seul lieu d’où l’on put tirer une quantité d’eau suffisante. L’exécution d’une entreprise aussi gigantesque n’effraya pas les Romains : toutes les eaux des environs du Mont-Pila furent réunies en un seul aqueduc, qui commençait au midi de Saint-Chamond. On y recueillit aussi la totalité de celles de la rivière de Giers, ainsi que toutes les eaux du ruisseau du Janon et du Furens. Une fois réunies, les eaux de ces rivières coulaient emprisonnées dans leurs canaux, parmi les campagnes qui portent aujourd’hui les noms de Saint-Chamond, Cellieu, Chagnon, Saint-Genis de Terre-Noire, Saint-Martin-la-Plaine, Saint-Maurice-sur-Dargoire, Mornant, Saint-Laurent-d’Agny, Soucieu, Chaponost, Beaunan, Sainte-Foy, Saint-Irénée et Fourvière, L’aqueduc se terminait en ce lieu par un réservoir très large, très profond, solidement voûté, et encore de nos jours parfaitement conservé. Il existe sur la colline, dans l’ancien clos des Minimes ; sa longueur est de 45 pieds de long sur 44 de large ; son élévation est de 21 pieds ; son intérieur est divisé par arcades, soutenues par de forts piliers. Le tout est revêtu d’un ciment qui s’est maintenu assez intact, ainsi que les ouvertures supérieures par où les eaux se précipitaient. Tout près de là, il y avait un autre réservoir plus long et supporté par un grand nombre de voûtes, dans la direction du nord au midi ; l’eau y descendait par un puits d’un pied et demi carré.

La construction des aqueducs depuis les sources des montagnes jusqu’aux réservoirs de la cité était fort variée, à cause des nombreux obstacles que les ingénieurs avaient rencontrés sur le passage des canaux. Ceux-ci furent, ou pratiqués dans l’intérieur des collines, avec des puits supérieurs qui servaient de ventouses, ou bâtis à la surface même du sol, ou supportés par des arcades, Dans le premier cas, on entourait le canal d’un massif de maçonnerie ; ensuite on l’enduisait intérieurement d’un ciment composé de briques pulvérisées, dont la solidité égalait celle du granit. Des évasements en forme de chambre étaient pratiqués à des distances plus ou moins éloignées pour contenir les eaux surabondantes. Quand le canal était à fleur de terre, on creusait un fossé de 5 pieds de largeur ; on lui donnait 10 pieds au moins de profondeur ; on plaçait au fond un massif de pur ciment de 18 pouces. Sur ce massif, on élevait les deux murs de côté, en leur donnant un pied et demi d’épaisseur. Ces deux murs étaient ensuite surmontés d’une voûte à plein cintre, d’un pied de flèche et d’un pied d’épaisseur. Lorsque, par l’effet des pentes du terrain, le canal se trouvait hors du sol, on l’élevait sur un mur de maçonnerie de 6 pieds d’épaisseur. Mais pour une hauteur plus considérable, on construisait des arcs et des piles ; et leur hauteur dépendait de l’élévation où l’on était forcé de placer le canal
La solidité de cet ouvrage, la perfection du travail, la longueur et la difficulté de l’entreprise étonnent tous ceux qui l’examinent. Rien n’est plus propre que les vestiges qui en restent à nous donner une idée juste de la magnificence que mettaient les Romains dans la construction de leurs édifices publics. L’étendue de celui-ci, à cause de ses circuits, était de plus de 13 lieues, à compter de sa naissance, près de Saint-Chamond, jusqu’à Lyon. La construction de cet ouvrage immense est digne également de remarque : le corps de la maçonnerie est un petit moellon de roche, depuis 3 jusqu’à 6 pouces d’épaisseur, toujours posé en bain de mortier, qui ne laissait aucun vide dans ses joints-moutons, et formait partout un corps inaltérable. Dans les parties qui ont une certaine élévation hors de terre, de grandes briques, dont on faisait régner un cours de deux assises de quatre en quatre pieds de hauteur, liaient les parements avec les massifs du mur, et interrompaient le maillage en réseau. Les restes les plus considérables de cet immense travail sont ceux du grand aqueduc qui conduisait les eaux du Mont-Pila sur la colline de Fourvière : on en voit des débris hors des portes de Saint-Irénée, à côté du télégraphe, à Sainte-Foy, dans le vallon de Beaunan, à Chaponost, à Brignais, à Mornant, à Saint-Maurice, à Saint-Denis de Terre-Noire, et à la petite Varizelle.

 

Les faubourgs St Irénée de Lyon  - Gravure de 1835 reproduite puis restaurée par © Norbert PousseurFaubourg Sainte Irénée de Lyon, vers 1830, Cette gravure peut être transférée, sur demande, en haute définition
gravure de Buttura publiée dans La France pittoresque d'Abel Hugo, 1835

 

Naumachce. Au-dessous de l’esplanade qui domine le Jardin des plantes, on remarque l'emplacement d’une naumachie, dont M. Artaud a reconnu la dimension, ainsi que les canaux-aqueducs pour la conduite et la décharge des eaux. L’amphithéâtre, dont la forme elliptique est encore dessinée sur le terrain, avait une circonférence d’environ 800 pieds, en y comprenant les gradins et les portiques. Le bassin avait 244 pieds de large sur 280 de long. On aperçoit encore la place des gradins, qui s’étendaient sur un emplacement de 22 pieds de largeur.
Lyon renferme encore plusieurs autres restes d’antiquités, telle cette maison de santé du faubourg Saint-Just, où on voit les restes d’un bain romain très bien conservés.


édifices civils

Hôtel de la Préfecture. Depuis 1818, la préfecture du département est installée dans les bâtiments de l’ancien couvent des Jacobins, qui ont été appropriés à cette destination. L’édifice se compose d’un corps-de-logis central, qu’accompagnent deux ailes parallèles réunies par une grille en fer, séparées par une cour entourée de portiques Le premier étage compose les appartements ; et les salles d’apparat ; l’aile gauche est occupée par les archives. Un jardin bien planté s’étend derrière les bâtiments.

 

Façade de l'Hôtel de ville de Lyon - Gravure de  1834 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Façade de l'Hôtel de ville de Lyon vers 1830,
Gravure de Rauch (Charles ?), extraite du 'Guide pittoresque du voyageur en France' - 1834
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Hôtel-de-Ville. L’hôtel-de-ville de Lyon est le plus bel édifice en ce genre qui existe en France ; il fut commencé en 1646, et entièrement achevé en 1655, sur les dessins de Simon Maupin, alors voyer et architecte de la ville. Cet édifice forme un carré isolé, composé d’une façade de 40 mètres de large, qui règne sur la place des Terreaux, et de deux ailes en retour de 70 toises de longueur, qui donnent sur deux des plus belles rues de Lyon, et se terminent à la place de la Comédie ; ces deux ailes forment deux cours, dont la première est beaucoup plus grande et plus élevée que la seconde, et qui se communiquent au moyen de deux terrasses découvertes, soutenues sur des arcades : l’une de ces cours est pavée, en dalles. La façade principale, qui donne sur la place des Terreaux, n’appartient à aucun ordre d’architecture ; elle offre néanmoins une belle apparence, et se termine par une balustrade sur laquelle s’élèvent deux grandes statues d’Hercule et de Minerve. Les deux parties latérales sont flanquées de deux pavillons carrés surmontés de frontons et terminés en dôme. Derrière la façade est la tour de l’horloge, haute de cent cinquante pieds et couronnée par une coupole : l’horloge placée dans cette tour répond à quatre cadrans : celui qui regarde la place des Terreaux est accompagné des deux figures du Rhône et de la Saône. Le second portail, donnant sur la place de la Comédie, est flanqué de deux pavillons carrés, et peu inférieur au premier.

 

Façade de l'Hôtel de ville de Lyon - Gravure de  1834 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Façade de l'Hôtel de ville de Lyon vers 1850,
Gravure extraite de 'La France illustrée' de Malte-Brun - 1855


La porte d’entrée de la façade principale s’annonce par un vaste perron de douze marches, qui lui donne un aspect majestueux ; elle est pratiquée dans un enfoncement circulaire formant une espèce de portique, dont la voûte est soutenue par deux colonnes ioniques de marbre rouge. Les fenêtres du rez-de-chaussée sont percées par  des arcades feintes. Les fenêtres du premier étage sont surmontées de frontons qui supportent des lions. L’attique a encore un rang de fenêtres moins grandes que les autres et ornées de festons ; au milieu, on remarque un bas-relief représentant Henri IV à cheval.
L’intérieur de l’hôtel-de-ville n’est pas moins digne d’attention que l’extérieur. à l’entrée par la porte principale, est un beau vestibule en arc surbaissé d’une grande hardiesse ; les deux extrémités sont occupées par deux groupes en bronze de grandeur colossale, qui ornaient autrefois le piédestal de la statue équestre sur la place Bellecour ; celui placé à gauche représente le Rhône appuyé sur un lion rugissant et sur sa rame ; l’autre représente la Saône appuyée aussi sur un lion, mais dans une attitude paisible. Derrière ces groupes, ouvrage des frères Coustou, se trouvaient autrefois plusieurs inscriptions, dont la plus remarquable était la harangue de l’empereur Claude ; elle est placée aujourd’hui dans le palais des Arts.
Du vestibule partent deux escaliers ; celui à gauche du portique, qui sépare le vestibule de la grande cour, est de forme ovale, à trait sans noyau, et suspendu en spirale d’une manière ingénieuse et très hardie. A droite est l’escalier principal, large de huit pieds, porté en demi-berceau sans appui hors des murs, et terminé par une galerie en forme de balcon. Le plafond est orné de peintures dans lesquelles Blanchet a représenté avec beaucoup d’art l’embrasement de Lyon décrit par Sénèque. Cet escalier conduit à une très belle salie de quatre-vingt-deux pieds de longueur sur trente-huit de largeur, dont les peintures sont devenues la proie des flammes qui consumèrent celte partie de l’hôtel-de-ville en 1674. Le tableau principal, chef-d’œuvre de Blanchet, représentait le temple circulaire dédié à Auguste par les Gaulois. (Cette salle, qu’un second incendie avait beaucoup endommagée en 1803, est entièrement rétablie et décorée à neuf.)
La salle du tribunal de commerce et la chambre du consulat sont aussi ornées de plafonds peints par Blanchet. La salle des archives, contiguë à cette dernière, réunit à la plus grande solidité tout ce qui est nécessaire pour conserver le dépôt important qu’on y a placé. Le rez-de-chaussée de l’aile gauche est occupé par les bureaux des contributions, de la police, etc. ; celui de l’aile droite par les bureaux de la mairie et les salles d’assemblées du conseil municipal. Le premier étage renferme les appartements d’apparat, qui sont décorés avec beaucoup de goût.

 

Façade de la Comédie de l'Hôtel de ville de Lyon - Gravure de  1834 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Façade arrière (de la Comédie) de l'Hôtel de ville de Lyon vers 1830,
Gravure de Rauch (Charles ?), extraite du 'Guide pittoresque du voyageur en France' - 1834
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Palais de Justice. Cet édifice occupe l’ancien palais des comtes de Roanne, qui fut rétabli en 1686. La grande salle, ornée de peintures de Blanchet, est fort remarquable. A côté, sur l’emplacement de l’ancien hôtel Fléchère, on a construit, il y a quelques années, un nouveau palais de justice qui n’a point été achevé. Ces deux palais, ayant été reconnus insuffisants, doivent être démolis, et sur leur vaste emplacement il sera élevé un édifice digne de rivaliser avec les plus beaux en ce genre que possèdent les départements.

Collège. Le grand collège, situé sur le quai du Rhône, est un des monuments les plus importants de Lyon ; il est traversé par la rue Ménétrier, recouverte en partie d’une arcade. Les bâtiments occupent l’emplacement de l’ancien collège de la Trinité, fondé en 1519. La cour, qui est d’une grande étendue, est entourée de bâtiments de tous côtés ; les classes occupent le rez-de-chaussée. Les dortoirs, les salles d’étude, la cuisine, la lingerie, l’infirmerie, le logement du proviseur, de l’économe, du censeur, des professeurs, sont d’une distribution commode et facile.

Bibliothèque Publique. Ce précieux dépôt est placé dans la partie des bâtiments du collège qui se trouve sur le quai de Retz. L’entrée ne répond point à la beauté du vaisseau : on y arrive par un petit escalier tortueux, aboutissant à une porte de peu d’apparence, qui sert d’entrée à une salle immense dont la longueur est de 50 mètres, la largeur de 11, et la hauteur de plus de 13. Le pavé est de marbre, et l’intérieur orné de quatre globes, de sphères, de planisphères, de tables précieuses, et de divers bustes et bas-reliefs. Six rangs d’in-folio règnent à l’entour et sont placés dans cinquante-trois armoires grillées, renfermant quatorze mille quatre cents volumes ; au-dessus, règne une galerie à balustrade, où dix autres rangs offrent les in-4° et les in-8°, au nombre de cinquante mille. Une grille sépare celte vaste salle d’une aile collatérale, dite bibliothèque Adamaly, léguée à l’académie par l’honorable citoyen de ce nom. Une porte à glaces conduit de cette salle à celle des estampes, ou sont réunis les gravures et les volumes atlantiques. Derrière cette pièce est le cabinet d’antiquités. A côté de la grande salle, il s’en trouve deux autres : la première reçoit les lecteurs en hiver ; la seconde renferme une collection considérable de ce qui a été imprimé sous le litre d’œuvres, et toutes celles dont les auteurs sont Lyonnais. Au-dessus de ces pièces, on parvient à la salle des manuscrits et des éditions antérieures au commencement du XVIe siècle, et à un vaste dépôt où sont rassemblés presque autant de livres qu’il s’en trouve dans la grande salle.
La bibliothèque de Lyon a été formée des dons faits par les rois de France ou par divers particuliers ; des livres provenant des monastères supprimés, et des fonds annuels mis par la ville à la disposition du bibliothécaire. André Gérard, grand-prévôt de l’église de Bourg, légua, en 1557, sa belle librairie au collège ; Camille de Neuville, archevêque de Lyon, lui donna aussi la sienne en 1690 ; Louis XIII et Louis XIV l’enrichirent des magnifiques éditions du Louvre ; Mazenod, Perrachou, Aubert, Brossette, etc., l’augmentèrent aussi d’un grand nombre de volumes ; enfin, la suppression des corps monastiques lui a procuré une infinité de livres rares et précieux.
Indépendamment d’une multitude de livres imprimés dans toutes les langues, la bibliothèque contient une collection considérable de gravures, des manuscrits Chaldéens, syriaques, hébreux, arméniens, grecs, arabes, persans, tartares, indiens, chinois, etc. ; quelques-uns sont écrits sur vélin, deux sur des feuilles de palmier ; plusieurs autres sont remarquables par le luxe des miniatures et des ornements qui y sont répandus. Parmi les ouvrages imprimés, on distingue une histoire générale de la Chine en vingt volumes, imprimée à Pékin, en beaux caractères chinois ; un Tite-Live en 2 vol. In-folio sur beau vélin, Venise, 1470 ; l’Histoire naturelle de Pline, sur vélin, 2 vol. in-folio, Venise, Nicolas Jeanson, 1472 ; un Cicéron en quatre tomes, Milan, Minutianus, 1490-98 ; les œuvres de Luther en 7 vol. In-folio, dont le dernier contient sa fameuse conférence avec le diable ; un Herbier sur vélin, avec figures, qu’on dit avoir plus de six cents ans d’antiquité, etc.
Une vaste terrasse, de soixante-dix pas de longueur, joint la grande salle de la bibliothèque, et offre une promenade agréable d’où l’on jouit d’un point de vue magnifique : un quai superbe, couvert d’arbres et bordé des plus belles maisons de la ville, longe le Rhône, dont les eaux rapides coulent dans un large canal traversé par trois ponts ; au-delà, s’étend une plaine immense, qui se prolonge, à l’est, jusqu’aux Alpes, tandis qu’au Nord elle est bornée par les coteaux de la Bresse, et au Sud par le mont Pila et les montagnes du Dauphiné.

 

Palais St Pierre de Lyon  - Gravure de  1834 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Palais St Pierre de Lyon vers 1830, devenu la Palais des Arts à partir de 1801
Gravure de Rauch (Charles ?), extraite du 'Guide pittoresque du voyageur en France' - 1834
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Palais des Arts. Ce magnifique édifice était, avant la révolution de 1789, une abbaye de religieuses fondée dans les premiers temps du christianisme (sous le nomde l'abbaye des Dames de Saint-Pierre). Au commencement du VIe siècle, Godegiselle, et la reine Teudelinde, son épouse, rétablirent ce monastère, qui fut détruit par les Sarrasins, reconstruit sous Charlemagne, et rebâti plus magnifiquement dans le XVIIe siècle, sur les dessins de M. de la Volsinière.
Ce vaste bâtiment, qui a plus l’air du palais d’un prince que d’un monastère, est composé de quatre grands corps-de-logis qui forment une cour dont on a fait un parterre, orné dans le centre d’une statue d’Apollon placée sur un autel antique. La façade principale, qui donne sur la place des Terreaux, est embellie de deux ordres d’architecture en pilastres, le dorique et le corinthien ; un troisième ordre en attique s’élève au milieu et accompagne un belvédère à l’italienne, qui domine sur tout le bâtiment, et qui contribue beaucoup, de même que la balustrade qui surmonte l’entablement, à donner une grande apparence à toute celle façade ; mais la régularité malheureusement ne s’y trouve pas, et les ordres sont absolument hors de proportion. Il manque beaucoup de choses pour terminer cet ouvrage ; toutes les sculptures sont encore à tailler, et il devait y avoir un fronton à chaque extrémité. L’intérieur répond à l’apparence du dehors. La cour est entourée d’un portique solidement voûté, et dont le dessus forme une terrasse découverte, bordée d’une balustrade de fer. Au centre de cette cour, ombragée de deux côtés par des arbres, un autel antique porte l’inscription d’un vœu de Junius Sylvanus Mélanion, receveur augustal : on a élevé, au-dessus de cet autel, une statue en marbre blanc.
M. Artaud a mis un soin infatigable à rassembler autour des portiques plusieurs morceaux d’antiquités, dont la découverte est le fruit de ses nombreuses recherches. Les regards s’arrêtent sur un grand nombre d’inscriptions propres à piquer la curiosité. On y remarque un autel taurobolique élevé par les Lyonnais à Antonin-le-Pieux ; un autre taurobole, objet d’un vœu de deux dames lyonnaises pour le succès des armes de Septime-Sévère, contre Albin son compétiteur à l’empire ; un sarcophage à deux corps en marbre grec, orné sur les parties latérales de trophées composés de haches d’armes et de boucliers ; une inscription tumulaire en caractères grecs ; une colonne milliaire qui rappelle le nom de l’empereur Maxime ; des autels érigés en l’honneur des mères augustes, de tous les dieux, de Sylvain, etc. ; un cippe élevé aux mânes d’Oppius Plaeidus, le premier des aruspices qui faisait partie du collège des prêtres d’Auguste ; une inscription honoraire à Sextus Ligurius, et une autre à Tibérius Antistius ; un grand nombre de pierres tumulaires ; des inscriptions en l’honneur des sevirs augustaux du temple d’Auguste ; des fragments de statues et de sculptures ; des masques antiques ; des amphores, des urnes cinéraires, etc., etc. Tous ces monuments précieux de I’histoire de Lyon attirent la curiosité des artistes et des savants.
Dans le Palais des Arts sont établis : le musée des tableaux ; le cabinet des médailles ; le musée lapidaire ; la galerie des plâtres antiques ; le dépôt des pièces mécaniques pour la fabrication des étoffes de soie ; la bibliothèque du conservatoire ; l’école gratuite de dessin, et différents cours.
On parvient à la grande salle du musée par un très bel escalier où l’on voit une belle inscription en lettres d’or, qui est un des monuments historiques du progrès des manufactures de soie à Lyon. Cette salle est un très beau vaisseau pavé en carreaux de marbre, et divisé en trois parties par des arcs élevés à plein cintre ; le plafond, orné de rosaces, de différents compartiments et de peintures d’un bel effet, est absolument plat et sans aucun point d’appui sur des pilastres ou des colonnes, ce qui est contraire à toutes les règles du goût. C’est dans la grande salle du palais que se trouvent tous les tableaux qui composent le musée. A l’entrée, sont des tableaux de fleurs de Van Huysum, Van Broussel, Vander Kabel, Berjon, Bony et autres artistes distingués. A la suite sont les tableaux d’histoire de plusieurs grands maîtres des écoles italienne, vénitienne, napolitaine, hollandaise et flamande, parmi lesquels nous citerons : le grand tableau de l’Adoration des Mages, par Rubens. — Les sept Sacrements, par le Poussin. — L’Assomption de la Vierge, par le Guide. — La Prédication de saint Jean et le Baptême de Jésus-Christ, par l’Albane. — Moïse sauvé des eaux, par Paul Véronèse. — L’Ascension du Christ, par Pérugin. — Un portrait de chanoine, par A. Carrache. — L’Adoration des bergers et l’Invention des Reliques, par Philippe de Champagne. — La Circoncision, par Guerchin. — Saint Luc peignant la Vierge, par Giordano. — Plusieurs tableaux du Tintoret. — Les Vendeurs chassés du temple, par Jouvenet. — L’Adoration des anges, par Stella.— Le Christ à la colonne, par Palme. — Saint François d’Assise, par l’Espagnolet. — Un Clair de lune, par Bidault. — Le Tournoi de Duguesclin, par Revoil, etc., etc.
On y voit aussi plusieurs tableaux que l’on doit à l’habile pinceau de M. Bonnefond : entre autres la Visite du propriétaire, le portrait en pied du célèbre mécanicien Jacquart, dont la perte récente a été vivement sentie.
Au fond de la galerie de tableaux se trouve le cabinet des antiques et des médailles, dans lequel l'on a transporté, depuis la formation du musée, tous les magnifiques souvenirs des Romains qui étaient épars chez différents particuliers, ainsi que ceux qui ont été découverts dans différentes fouilles. On y voit la fameuse Table de bronze, découverte en 1529 sur la colline de Saint-Sébastien, et qui contient en partie la harangue que prononça l’empereur Claude devant le sénat de Rome, pour faire accorder à la ville de Lyon le titre de colonie ; un fragment d’une cuisse de cheval en bronze doré ; un bas-relief en marbre représentant un sacrifice ; ce morceau fort remarquable décorait autrefois la porte de l’église de l’ancien château de Beaujeu. C’est lors de la démolition de cette église qu’il a été transféré au musée ; une partie du tableau d’une mosaïque en relief, représentant l’Espérance ; une statue de Vénus en marbre ; des tableaux en émail ; un modèle en relief du temple d’Isis, à Pompéia ; des ouvrages en ivoire ; plusieurs monuments du moyen âge, tels que le vase de la Mère folle, des armes, des émaux, un plat et une aiguière de faïence, un calendrier servien, des flèches, des casse-tête, des haches en pierre, etc.
On voit aussi, dans quatre armoires d’un beau travail, une grande quantité de figurines grecques, égyptiennes, romaines ; elles sont d’une rare perfection. On y trouve également des lampes de diverses formes, des vases de verre antiques, des instruments civils, religieux et militaires, etc., et une collection de médailles en bronze et en argent. On remarque encore au musée une momie enfermée dans une caisse chargée d’hiéroglyphes.
Le pavé de la salle du musée est orné de quatre mosaïques antiques : la première, découverte dans le jardin Macors à Ainai, en 1806, représente une des courses de chevaux et de chars chez les anciens. La deuxième provient des fouilles faites à Sainte-Colombe ; on y voit une lutte de l’Amour et du dieu Pan. La troisième représente à peu près le même sujet, et a été extraite d’une maison de la montée du Gourguillon, en 1822. La quatrième vient de Saint-Romain-en-Gal ; on y voit Orphée pinçant de la lyre. Une cinquième doit être placée au musée ; elle a été découverte à Vienne en Dauphiné. On la restaure en ce moment.
Dans un pavillon du côté de la rue Clermont, M. Richard avait établi son atelier de peinture. La décoration en est élégante ; on y voit, de cet ingénieux artiste, plusieurs tableaux d’un grand prix. Tout près de là est la bibliothèque de l'école de dessin et la salle de réunion de la Société des amis du commerce et des arts. On y remarque un échantillon d’étoffe qui représente, un fragment de la mosaïque des jeux du cirque.

Le cabinet de M. Artaud, directeur du musée, qui se trouve sur la terrasse, à droite, offre une collection rare et précieuse de médailles et d’antiques ; on y admire un poignard en bronze de la plus haute antiquité, et des statues en marbre.
Le deuxième étage de la façade, sur la  place des Terreaux, est destiné à l’école de dessin ; la salle est d’une grande étendue. Cette école a déjà fourni des élèves du plus grand mérite. Les professeurs ont chacun un cabinet qui communique à la galerie ; celui de M. Grobon renferme plusieurs de ses tableaux. A l’extrémité de cette salle sont placées des copies en plâtre, moulées sur les originaux des statues d’Apollon, d’Antinoüs, de Laocoon, de Ténus et d’autres chefs- d’œuvre des arts.
On trouve dans ce palais une salle qui sert aux leçons de chimie ; une autre aux leçons de physique.
L’Académie, les Sociétés d’agriculture, de médecine, de pharmacie, et le Cercle littéraire s’assemblent dans les salles voisines.
Le palais des Arts devient tous les jours plus digne de son nom par les embellissements qui s’y exécutent. On dispose actuellement tout le second étage de l’aile occidentale de l’édifice, au-dessus du cabinet d’histoire naturelle, pour une galerie des antiques. Il a fallu disposer en une seule galerie une suite d’appartements : ce travail difficile a été fait sous les ordres de M. Chenavard, architecte. Des colonnes corinthiennes font l’ornement de cette galerie, qui est terminée par un rond-point éclairé par le haut, et où doit être placé le Laocoon. Des parties de mur ont été conservées, mais séparées par des ouvertures qui permettent à l’œil de percer dans toute la longueur de cette belle galerie ; les murs sont peints en griotte-rouge composé ; les colonnes, les entablements et le plafond sont blancs. Tous les ornements ont été exécutés par M. Baume, jeune sculpteur, et les peintures par M. Berlet, peintre-décorateur du Grand-Théâtre.
Les plâtres des plus belles statues antiques seront placés dans cette galerie, où les élèves de l’école de sculpture viendront s’inspirer par la vue des formes admirables et du caractère gracieux ou sublime des belles statues grecques. Ces plâtres sont encore déposés au premier étage du palais des Arts, du côté de la rue Clermont. Il est présumable que, lorsqu’ils auront été placés à leur destination, on commencera les travaux qui doivent faire de cette partie de l’édifice une seconde galerie du musée des tableaux,
On a ouvert, en 1828, le cabinet d’histoire naturelle que la mairie faisait disposer depuis quelques années sur le côté droit de la galerie où se trouve placé le musée. Ce cabinet, artistement rangé, contient un grand nombre de placards renfermant des oiseaux, des végétaux, des minéraux, etc. Les collections sont loin d’être complètes, mais elles s’augmenteront de jour en jour, et tout fait présager que ce cabinet renfermera des richesses en ce genre qui le classeront au nombre des plus curieux. On y voit deux lions, dont l’un est mort aux Brotteaux en Tannée 1827 ; il appartenait à une ménagerie ambulante. Deux placards contiennent la géologie du département du Rhône. Plusieurs minéraux ont été découverts dans l’enceinte même de Lyon.
Le musée, le cabinet d’histoire naturelle et la galerie des antiques sont ouverts au public le jeudi et le dimanche de chaque semaine, depuis onze heures jusqu’à deux. Les étrangers y sont admis tous les jours, sur la simple exhibition de leurs passeports.

école vétérinaire. L’école vétérinaire de Lyon est la première de ce genre qui ait été établie en France. Sa fondation est due au célèbre Bourgelat, qui obtint, en 1761, l’autorisation d’ouvrir à Lyon une école dans laquelle on enseignerait la connaissance et le traitement des maladies des bœufs, chevaux, mulets, etc. Cette école rendit, dès sa naissance, de si grands services dans les campagnes, en arrêtant les progrès des épizooties, qu’elle mérita le titre d’école royale vétérinaire. D’abord établie au faubourg de la Guillotière, dans une maison de l’Hôtel-Dieu, elle a été transférée en l’an V à l’Observance, où elle occupe un local vaste et bien disposé. Le buste du fondateur de cet important établissement en est un des plus beaux ornements. Le jardin est pittoresque et bien entretenu ; au fond est une jolie colline couverte d’arbres de toute espèce, d’où jaillissent des sources d’eau vive. Le jardin de botanique, la pharmacie et le cabinet d’histoire naturelle méritent de fixer l’attention.

Jardin des Plantes. Ce jardin, situé au centre de la ville, où il forme une promenade on ne peut plus agréable, a été fondé par M. Gilibert, célèbre médecin de Lyon, qui y professa longtemps la botanique. On y entre par un perron qui donne sur la place Sathonay : à gauche est l’orangerie ; sur le devant est un parterre, à l’entrée duquel est placé le buste en marbre blanc du célèbre abbé Rozier : le piédestal, couronné d’une guirlande, porte l’inscription suivante :
AU COLUMELLE FRANçAIS, LYON, SA PATRIE.
La position en amphithéâtre de ce jardin, et ses divers détours et allées, peuvent donner une idée des sites de Lyon, qui varient à chaque instant par l’effet du mouvement des terrains. Dans la partie supérieure, se trouve une esplanade ombragée d’arbres de différentes espèces, ainsi, qu’un café très bien tenu, environné de galeries couvertes soutenues par de légères colonnes. De cet endroit, la vue domine sur une partie de la ville ; on distingue les principaux édifices et les ponts sur la Saône et le Rhône ; au levant, les regards s’étendent sur la colline de Fourvière, et, dans le lointain, sur les Alpes et les campagnes du Dauphiné. Au-dessous de l’esplanade, est l’emplacement d’un vaste amphithéâtre de forme circulaire, qui, du temps des Romains, servait de naumachie.
La situation du jardin sur une colline qui présente diverses expositions, permet d’y cultiver toutes les espèces de plantes connues. Comme il est abrité des vents du nord, on y jouit ordinairement en hiver d’une température très douce : les fleurs y naissent lorsque partout ailleurs la nature est encore inanimée ; en été, la chaleur y égale quelquefois celle des côtes de la Méditerranée.

Hôtel des Monnaies. La fabrication des monnaies n’a été établie à Lyon que sous le règne de Charles VI, en 1415 ; elle était auparavant à Mâcon. L’hôtel des monnaies occupe l’ancienne chapelle des Templiers ; le local est vaste et bien disposé ; on y fabrique toutes les monnaies ayant cours en France, marquées à la lettre D. Le balancier a été composé de canons enlevés à l’ennemi à la bataille d’Austerlitz.
La Monnaie va bientôt être transportée dans la rue de la Cité, le local actuel devant être démoli pour l’ouverture d’une nouvelle rue qui doit aboutir à la place de la Préfecture.

 

Loge du Change de Lyon - Gravure de 1834 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Le Change à Lyon, vers 1830
Gravure de Rauch (Charles ?), extraite du 'Guide pittoresque du voyageur en France' - 1834
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Loge du Change. Ce joli édifice, qui fait le principal ornement de la place du Change, a été construit en 1749, sur les dessins du célèbre Soufflot, et par les soins de négociants italiens ; c’était, dans l’origine, le lieu où les commerçants s’assemblaient pour leurs affaires de commerce et pour leurs règlements de compte. Il a été restauré il y a quelques années, et sert aujourd’hui de temple aux protestants. Lors de sa restauration, on a laissé subsister une inscription gravée sur une table de marbre noir, qui se trouve au centre de la façade ; c’est la devise que les Gryphe, fameux imprimeurs de Lyon, plaçaient au frontispice de leurs livres : Virtute duce, comite Fortuna.

 

Bourse et Palais du Commerce de Lyon - Gravure de 1855 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Bourse et Palais du commerce de Lyon vers 1850,
Gravure extraite de 'La France illustrée' de Malte-Brun - 1855

Bourse. La bourse occupe une vaste salle du Palais des Arts, ornée de statues et de bas-reliefs en stuc, exécutés d’après les dessins de Blanchet. Elle est ouverte tous les jours, excepté les dimanches et fêtes, depuis une heure jusqu’à deux.

Condition des Soies. Ce bâtiment est isolé des autres maisons, afin de prévenir tout accident, et les appariements dont il se compose ont été voûtés ; il est destiné à enlever aux soies l’humidité superflue qu’elles peuvent contracter dans les moulins, dans la route ou par quelque autre cause. Lorsqu’un ballot de soie est acheté par le fabricant, il passe à la Condition publique, où il est pesé, placé dans des armoires grillées, et exposé pendant vingt-quatre heures à une chaleur de dix-huit à vingt-deux degrés. Quand toute l’humidité est enlevée, on le pèse de nouveau, et le déchet qu’il a subi est constaté par un certificat authentique de l’établissement.

Halle aux Grains. Elle a été élevée en 1815 sur l’emplacement qu’occupaient, avant la révolution de 1789, la magnifique chapelle des Confalons et celle de Notre-Dame de Bon-Rencontre ; c’est une construction lourde, vaste sans être commode ; le rez-de-chaussée, affecté à la vente des graines, est incommode et mal éclairé ; au-dessus, est un vaste magasin servant d’entrepôt pour les grains. Cette halle est beaucoup trop petite pour une grande ville ; mais sa situation centrale et près d’un grand fleuve, la facilité des abords, y amèneront toujours un grand nombre de vendeurs et d’acheteurs.

Mont-de-Piété. Son institution ne date que de l’année 1811. Il fut d’abord établi dans le cloître des Jacobins ; maintenant il est placé dans le bâtiment de la Manécanterie, édifice d’une très belle apparence, construit en 1768 pour loger le clergé de la cathédrale de Lyon, sur les dessins de l’architecte Decrénice. Tous les étages sont voûtés.

 

Hôtel-Dieu de Lyon - Gravure de  1834 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Hôtel-Dieu de Lyon vers 1830,
Gravure de Rauch (Charles ?), extraite du 'Guide pittoresque du voyageur en France' - 1834
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Hôtel-Dieu, ou Hôpital-général. Il n’est guère d’établissement qui puisse le disputer en ancienneté à celui-ci. C’est une fondation de Childebert et de la reine Ultrogothe, son épouse. L’administration en fut d’abord confiée à des personnes laïques sous la direction de l’archevêque, et cette forme dura plus de six siècles. Elle passa ensuite successivement à des religieux de différents ordres ; enfin, en l’année 1486, les conseillers échevins de la ville s’en chargèrent, et gouvernèrent cet hôpital immédiatement et par eux-mêmes jusqu’en 1585, qu’ils remirent ce soin à douze citoyens, dont le nombre fut porté dans la suite à quatorze.
L’entrée principale de l’Hôpital a été refaite en l’année 1708. Ferdinand Delamonce, qui en a donné le dessin, a su faire valoir l’irrégularité de la situation, et en a fait un morceau d’architecture très joli. La porte extérieure est ouverte en arcade, accompagnée de deux colonnes doriques qui portent sur des socles, et soutiennent un entablement régnant. Un grand attique à pilastres s’élève au-dessus du premier ordre et renferme une table d’inscription, où est gravé le nom de cette maison. Ce portail est enchâssé dans deux portions de cercle qui se joignent aux bâtiments des côtés, et qui servent à cacher toute l’irrégularité de cette situation ; il donne entrée dans un vestibule octogone qui dégage dans l’ancien cloître par où l’on va aux appartements. Ce vestibule est voûté en croupe et décoré d’ornements qui servent à raccorder, d’une manière fort ingénieuse, les anciennes voûtes avec les nouvelles. Au centre de la cour, on voit une superbe croix en fer, entourée de saules pleureurs, érigée par les administrateurs et bienfaiteurs de l’hospice, ainsi que par la sœur Olard, en 1813.
L’intérieur de l’hôpital consiste principalement dans la grande infirmerie, sur le dessin de celle de Milan. Elle est disposée en forme de croix grecque, ayant 560 pieds de longueur, dans chaque partie de laquelle il y a trois rangées de lits pour les malades. Ces vastes salles sont vulgairement appelées les quatre-rangs ou des fiévreux, et ont 32 pieds de largeur et 25 de hauteur. Deux de ces rangs sont destinés pour les hommes, et les autres pour les femmes. Au milieu de l’emplacement où aboutissent ces quatre-rangs, s’élève un dème de 36 pieds de diamètre, sous lequel est un autel isolé qui peut être vu des rangs les plus éloignés, mais qui manque absolument de proportion : les prières, qu’on y lit deux fois par jour, peuvent être entendues de tous les appartements, et le prêtre peut être vu de tous les malades. En général, tous les lits sont de fer et au nombre d’environ 1800, compris ceux des membres de la communauté qui sont attachés au service des malades, et qui se montent à 260 : tant que le nombre des malades le permet, on les couche seuls dans chaque lit. De la grande salle, on passe au dôme principal, sous lequel se trouve un grand et bel autel bien décoré. La salle qui forme la continuation du dôme est destinée aux blessés ; elle a vue sur le quai du Rhône. On a eu soin d’ouvrir dans le dôme plusieurs grandes fenêtres, et, pour prévenir les accidents, on a placé un grillage assez serré jusqu’à la hauteur d’environ sept pieds.
La salle des opérations et celle des femmes blessées ne sont point séparées, et c’est un grand inconvénient ; aucune salle même ne l’est : il serait utile de les fermer, mais alors l’air circulerait moins librement que dans un vaste espace, et ce serait un mal plus fâcheux que le premier. Cependant rien n’est plus affligeant que la vue de cette foule d’hommes réunis dans un même lieu, qui, outre les maux dont ils sont accablés, ont encore le spectacle continuel des souffrances des autres, et entendent sans cesse les cris et les gémissements de la douleur.
Outre les deux salles ci-dessus décrites, il existe encore dans la partie la plus élevée de la maison deux autres chambres, appelées chambres des convalescents. Elles sont destinées à recevoir ceux qui sont guéris, sans avoir recouvré leurs forces.

Ce superbe établissement est de la plus grande beauté. Le service s’y fait avec autant de générosité que de soins. Cent cinquante Sœurs servent les malades, et préparent les remèdes qui sont ordonnés. La pharmacie est remarquable par sa grandeur et par l’ordre qui y est établi ; elle fournit aux besoins du public et aux pauvres malades des paroisses, qui y trouvent les remèdes gratis. Une seconde est spécialement destinée à l’usage de la maison. La belle façade qui domine sur le quai du Rhône fut construite, vers le milieu du siècle dernier, par l’architecte Soufflot, C’est un magnifique bâtiment, qui n’annonce nullement l’asile de la pauvreté souffrante. Le dôme qui le couronne paraît, il est vrai, un peu massif en raison de l’élévation de l’édifice ; mais cette disproportion disparaîtrait, si la façade était entièrement terminée.

Maison de la Charité. Cet établissement est une grande preuve de la charité des Lyonnais. En l’année 1531, une stérilité affreuse ayant occasionné la famine, le peuple des environs du Rhône et de la Saône fui réduit à une si grande misère, que ne sachant que faire des bouches inutiles, on les mit, dit-on, dans des bateaux où on les abandonna au courant de l’eau ; plusieurs de ces bateaux arrivèrent à Lyon. Ce spectacle toucha vivement le cœur des Lyonnais ; tous ces malheureux, au nombre de douze mille, furent reçus charitablement et secourus, nonobstant la disette dont la ville souffrait aussi beaucoup. D’abord ils furent partagés dans les maisons, chacun en prit chez soi, ensuite l’on pourvut en commun à leur nourriture : on la leur distribuait, ainsi qu’aux pauvres de la ville, en différents endroits. Huit notables bourgeois furent chargés de ce soin et de recevoir les aumônes qui se faisaient pour cela : cette bonne œuvre fut continuée depuis le 19 mai jusqu’au 9 juillet ; et alors le temps de la moisson ayant rappelé tous ces pauvres à la campagne, il se trouva encore entre les mains du trésorier de cette association une somme de 396 livres 2 sous 7 deniers de reste des aumônes. Il fut résolu dans une assemblée des principaux bourgeois de la ville de les employer à la nourriture des pauvres de la cité, et de continuer à l’avenir de leur fournir les mêmes secours. L’on établit à cet effet une espèce de bureau dans le couvent des Cordeliers de Saint-Bonaventure. En 1613, on fit encore plus ; car, sans discontinuer cette distribution, on bâtit une maison pour renfermer les pauvres mendiants. Ils furent d’abord logés dans la maison de Saint-Laurent, hors de la porte de Saint-George, sur le chemin des étroits ; mais ce bâtiment n’étant pas suffisant, on acheta un grand espace de terrain qui faisait partie de l’ancienne place de Belle-Cour, et à l’aide des libéralités de M. Marquemont, archevêque de Lyon, des chanoines de la cathédrale, de M. d’Halincourt, gouverneur, et de plusieurs riches citoyens, l’église et l’hôpital furent mis à peu près dans l’état où ils sont aujourd’hui. Dans la cour, en face de la porte d’entrée, il y a des tables noires sur lesquelles on a gravé les noms des personnes qui, en mourant, ont institué pour leurs héritiers les pauvres de cette maison.
Les bâtiments de cet hospice sont très vastes. Neuf cours, dont une plus grande au milieu, séparent les différentes parties et contribuent à augmenter la clarté, quoique que l’on ait tâché d’y ménager toutes les commodités dont on avait besoin. Les proportions de cet édifice ne sont avantageuses ni dans le détail, ni dans le tout ensemble. La façade s’étend jusqu’à la caserne de cavalerie, vulgairement connue sous le nom de nouvelle Douane, et n’est remarquable que par sa noble simplicité. L’entrée principale a été restaurée en 1827. Dans la Partie supérieure du portail, on remarque un bas-relief exécuté par M. Legendre-Hérald : six figures, à peu près de grandeur naturelle, composent cet ouvrage, dont le sujet est la Charité elle-même. Jusqu’à présent, la plupart des peintres et des statuaires qui avaient essayé de représenter cette vertu, s’étaient attachés à la montrer assise, allaitant plusieurs petits enfants placés sur ses genoux. M. Legendre-Hérald a cru pouvoir sortir de la routine. La Charité est debout, le sein gauche découvert ; elle étend la main gauche vers l’enfant d’une jeune et pauvre femme qui lui demande l’aumône, et de la main droite, elle donne du pain à un malheureux vieillard, également accompagné d’un petit enfant, que l’artiste a représenté la tête et les yeux baissés ; un autre petit enfant est assis aux pieds de la Charité, et a la tête et les regards tournés vers elle.

 

Les Antiquailles de Lyon de Lyon - Gravure de  1827 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Les Antiquailles de Lyon vers 1825,
Gravure de Guyot, extraite du 'Nouveau voyage pittoresque en France' chez Ostevald -1827
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Hospice de l’Antiquaille. Il a sa principale entrée par la place de ce nom, et occupe l’emplacement de l’ancien palais des préfets du prétoire ou gouverneurs des Gaules. Plusieurs empereurs romains l’ont habité ; Claude et Caligula y sont nés, et c’est aussi dans ce palais qu’Antonia accoucha de Germanicus.
L’Antiquaille n’était qu’un lieu couvert de ruines, et environné de vignes, lorsque Pierre Sala, d’une des familles de Lyon les plus distinguées dans la magistrature, fit élever à la place, l’an 1500, une belle maison somptueusement bâtie, dans laquelle il réunit les monuments de l'antiquité que ce quartier offrait en abondance. Ce fut la destination donnée à cette maison qui la fit appeler du nom de l’Antiquaille, dénomination que l’on ne trouve nulle part avant cette époque, mais qui lui fut dès lors consacrée. La propriété en passa ensuite à Symphorien Buatier, à Jeanne Buatier, et ensuite aux religieuses de la Visitation. L’église, bâtie en 1639, fut consacrée à Notre-Dame et aux martyrs lyonnais : au-dessous est un cachot qu’on assure avoir servi de prison à saint Pothin.
On trouve dans la première cour de la maison l’entrée de longues voûtes souterraines qui traversent, à une assez grande profondeur, une partie de la montagne. Cet ouvrage, conduit par l’architecte Billion, date du milieu du siècle dernier, et n’avait été exécuté qu’avec des travaux immenses, dans le but de procurer l’eau nécessaire aux besoins du monastère.
Dans l’enclos, sous le chemin qui va de la place des Minimes à Fourvière, il existe un souterrain de 100 pieds de long, 12 de large et 15 de haut ; il est enduit, jusqu’à la naissance de la voûte, d’un ciment rouge extrêmement dur et poli, et un mur très épais coupe en deux parties inégales ce long boyau.
L’hospice est destiné à recevoir les filles publiques, qui y sont occupées à divers genres de travaux relatifs à nos manufactures ; les individus atteints de maladie vénérienne ; les insensés des deux sexes, et les enfants dont les fâcheuses dispositions offrent des dangers à la société. Il renferme près de six cents individus.
Cet édifice, quoique très vaste, a été augmenté, il y a quelques années, non seulement d’un corps-de-logis considérable, au-devant duquel on a établi une terrasse fermée d’une grille de fer, mais encore d’un  autre corps-de-logis au-dessous du grand bâtiment, pour y recevoir les femmes aliénées. Cette construction, d’un caractère analogue à sa destination, est composée d’un rez-de-chaussée et d’un premier étage, de forme circulaire, dans lesquels se trouvent plusieurs dortoirs, deux salles de réunion et un grand nombre de cellules. Un portique en pierre de taille, soutenu par vingt-huit colonnes d’ordre toscan, précède les pièces intérieures et leur sert de dégagement ; l’éloignement des ailes parallèles, qui viennent se rattacher au mur de la terrasse supérieure, laisse une esplanade d’environ 120 pieds de diamètre, suffisante pour aérer les appartements, et pour la promenade des personnes renfermées. Un perron à quatre rangs, dans le milieu duquel on a pratiqué une niche ornée de deux colonnes, où est une fontaine, établit la communication de ce nouveau bâtiment avec la cour élevée de l’ancien. L’entrée du perron est fermée par une barrière qui fait le centre d’une grille composée de lances, dont la longueur, égale à celle de la cour, est de 120 pieds.

Prisons. La prison de Roanne, reconstruite sur le plan de l’architecte Bugnet, en 1784 offre un modèle de perfection en ce genre sa porte passe, à juste titre, pour être un chef-d’œuvre.
La maison des Recluses était d’abord destinée à la correction des filles et femmes de mauvaise vie ; elle a changé depuis de destination : elle sert maintenant de prison militaire.
La prison neuve, située dans le quartier de Perrache, est un vaste et bel édifice récemment achevé et très bien distribué. Au centre, est bâtie une jolie chapelle que couronne un dôme élégant.

Casernes. Les casernes à Lyon sont de très beaux corps de bâtiments qui méritent d’être vus. Celle du quai de Serin, construite en 1728, était autrefois des greniers d’abondance, devenus inutiles depuis qu’on a favorisé la libre circulation des grains ; on en a formé des casernes pour la cavalerie et l’infanterie.
Celle située à la suite du bâtiment de la Charité était autrefois l’hôtel des Fermes, construit, quelque temps avant la révolution, sur les dessins de l’architecte Dupoux. L’édifice est très étendu et sert de quartier pour la cavalerie et l’infanterie.
Le couvent des Colinettes, sur le coteau de Saint-Clair, sert de logement à l’infanterie ; la cour est grande et propre aux manœuvres ; la vue, qui s’étend très au loin et qui domine les Brotteaux, est magnifique.
Le monastère de Sainte-Marie-des-Chaines, près du quai de Serin, est un entrepôt pour les fourrages, où l’on avait commencé de belles casernes pour la cavalerie, mais les travaux ont été suspendus.
Le couvent des religieuses du Bon-Pasteur, situé rue Neyret, et l’ancien couvent des Carmes-Déchaux, servent aussi de casernes.
La caserne de gendarmerie est un bel édifice récemment construit sur l’ancien emplacement du Manège, à l’angle des rues Sala et Saint-François de Sales.

Quais. Les bords du Rhône et de la Saône sont bordés de larges quais et de cours spacieux, pour la plupart bien ombragés. La disposition et la forme particulière de chacun de ces quais est assortie à la nature des lieux où ils sont placés.
Les quais du Rhône forment une longue ligne droite et paraissent beaucoup plus grands que ceux de la Saône, dont les sinuosités cachent l’étendue. Les différents genres d’architecture qui distinguent les maisons de l’un et l’autre quai, ne sont pas moins en opposition que les sites : sur les rives de la Saône, le bâtiment des Antiquailles, la bibliothèque de Saint-Jean, les prisons, l’église de Fourvière, le dôme des Chartreux, donnent aux divers points de vue un aspect majestueux, un caractère monumental ; sur les bords du Rhône, l'architecture moderne a déployé, dans les édifices publics et les maisons particulières, toute la richesse convenable à chacun de ces genres de construction. Le contraste que présente le tableau des deux quais, se retrouve encore dans la température qui règne sur les bords des deux rivières : sur les quais de la Saône, on éprouve dans le printemps une chaleur douce et agréable, qui devient brûlante en été ; tandis que sur les bords du Rhône l’atmosphère, glacée en hiver, est constamment rafraîchie en été par des courants d’air qui rendent la promenade délicieuse.

 

Porte St Clair à Lyon vers 1625 - Gravure restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
La porte St Clair à Lyon, vers 1625,
Gravure de de Matthaüs Merian dit l'ancien, reproduction sous forme de vignette trouvée sur le Web,
corrigée numériquement par mes soins.


Le quai Saint-Clair, qui s’étend sur la rive droite du Rhône, est remarquable par l’élégance des édifices qu’on y a construits, par la promenade agréable qu’il offre, et par la vue enchanteresse dont on y jouit : c’est dans ce quartier qu’habitent la plupart des riches négociants. A la suite du quai Saint- Clair est le quai de Retz, bordé de maisons magnifiques, et de belles plantations qui se prolongent jusqu’à la place du Concert. Ce quai communique à celui de Bon-Rencontre, qui se joint au quai de l’Hôpital, lequel se lie par le quai d’Angoulême à la belle avenue de Perrache.
Sur la rive gauche de la Saône, les quais d’Occident, de Saint-Antoine, des Célestins, offrent une voie extrêmement large, bordée de maisons généralement bien bâties, d’où l’on a en perspective de charmants points de vue. Ces quais se prolongent depuis le pont du Change jusqu’à celui de Serin, et offrent des ports commodes pour la navigation.

Le nombre des ports de débarquement est de dix-huit, dont quatre sur le Rhône et quatorze sur la Saône. Celui de la Feuillée, sur la Saône, est la station ordinaire des bêches, petits bateaux munis de cerceaux recouverts d’une toile, qui servent à conduire les voyageurs ou les habitants de Lyon à l’île Barbe ou dans les campagnes environnantes. Ce sont ordinairement des femmes qui exercent la profession de batelier, dans toute la partie de la Saône qui s’étend depuis le port de la Feuillée jusqu’à l’île Barbe. Ces batelières sont des femmes de tout âge, ou de jeunes filles souvent remarquables par leur beauté, qui aident à leurs mères, et qui même quelquefois conduisent seules à deux rames ; leur habillement est blanc, d’une propreté recherchée, et ressemble à peu près à celui des paysannes du Lyonnais, à l’exception de la coiffure, qui est un grand chapeau de paille orné d’un ruban noué sous le menton. Les jours de dimanche et de fête, toutes ces batelières sont assises sur le parapet du quai, à la file les unes des autres, cherchant à deviner au costume et à la démarche des passants, s’ils arrivent pour faire une promenade sur la Saône ; elles les engagent, les pressent par des phrases caressantes et sonores, et leur vantent les agréments d’un voyage par eau. Des familles entières ou des sociétés d’amis se placent dans ces bateaux, les uns pour se promener sur la Saône, d’autres pour se rendre à leurs campagnes. Souvent des amateurs s’y embarquent pour faire de la musique, et parcourent ordinairement, avec des bateaux éclairés où l’on place des pupitres, toute cette belle partie de la rivière qui s’étend de l’île Barbe à Lyon. Le mouvement de toutes ces bèches illuminées, d’où partent des sons agréables, produit un effet délicieux.

île de St Barbe sur la Saône - Gravure de 1841 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
île de St Barbe sur la Saône, dessin de Thomas Allom Cette photo peut être transférée, sur demande, en haute définition
in "La France au XIX siècle illustrée par Thomas Allom" - 1841
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Bords de l'île St Barbe à Lyon - Gravure de  1827 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Bords de l'île St Barbe à Lyon vers 1825,
Gravure de Veyrenc, extraite du 'Nouveau voyage pittoresque en France' chez Ostevald -1827
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Ile Barbe de Lyon  - Gravure de 1835 reproduite puis restaurée par © Norbert PousseurI
Ile Barbe de Lyon, vers 1830, Cette gravure peut être transférée, sur demande, en haute définition
gravure de Buttura publiée dans La France pittoresque d'Abel Hugo, 1835
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Ile Barbe près de Lyon - Gravure de 1855 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Ile Barbe près de Lyon vers 1850,
Gravure extraite de 'La France illustrée' de Malte-Brun - 1855

 

 

Places. Lyon possède plus de 50 places publiques, dont quelques-unes seulement sont vastes, assez régulières et ornées de beaux édifices ; les autres sont petites et n’offrent aucune régularité. Les principales sont :

 

Place Louis le Grand, puis Bellecour, de Lyon de Lyon - Gravure de  1827 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
La place Louis le Grand, puis Bellecour, de Lyon vers 1825
Gravure de Baugean, extraite du 'Nouveau voyage pittoresque en France' chez Ostevald -1827
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La place Bellecour, une des plus belles et des plus vastes de l’Europe. Elle a la forme d’un parallélogramme très allongé, de 310 mètres de long sur 200 mètres de large d’un côté, et 226 mètres de l’autre ; irrégularité qu’on a fait disparaître par une plantation de tilleuls qui occupe toute la face méridionale et dérobe la vue des maisons de ce côté.
Le nom de Bellecour lui vient, dit-on, de celui de Bella Curia que ce lieu portait depuis le second siècle de l’ère chrétienne. Elle fut ensuite nommée place Louis-le- Grand ; sous le consulat, elle reçut le nom de place Bonaparte, qu’elle changea pour celui de Napoléon. Cette place offre une promenade d’autant plus agréable qu’elle est presque au centre de la ville. Aux deux extrémités sont deux corps de bâtiments symétriques, présentant une façade de trois étages, dont un avant-corps, décoré de huit pilastres, occupe le centre. La statue équestre de Louis XIV, détruite pendant nos troubles civils, a été remplacée en 1826 par une statue semblable, ouvrage du célèbre Lemot ; elle est élevée sur un piédestal entouré d’une grille d’un bon goût. Le terrain de la place est fermé, à une certaine distance, par une banquette de pierre de taille.

 

Place Bellecour de Lyon - Gravure de 1855 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
La place Bellecour de Lyon vers 1850,
Gravure extraite de 'La France illustrée' de Malte-Brun - 1855

 

Place Bellecour de Lyon vers 1820 - Gravure reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
La place Bellecour de Lyon vers 1820 (?)
Gravure extraite de Jacquard, histoire d'un ouvrier par Gaston Bonnefond, 1900.
Malgré la mauvaise qualité de l'impression d'origine, à remarquer ici aussi,
l'absence de la statue de de Louis XIV


La place des Terreaux est la plus remarquable après la place Bellecour ; son nom, qui signifie fossé dans le langage du peuple de Lyon, rappelle la première destination de ce lieu. Cette place est petite, mais régulière ; huit rues y aboutissent. L’Hôlel-de-ville et le palais des Arts en occupent deux côtés ; les deux autres façades sont formées de différentes maisons particulières. Le centre, circonscrit par des banquettes, était autrefois décoré d’une pyramide qui a été détruite en 1660. C’est sur cette place que furent exécutés De Thou et Cinq-Mars.
La place du Méridien. Cette place offre un des points de vue intérieurs de Lyon les plus intéressants : au milieu s’élève une colonne cannelée de plus de 60 pieds de hauteur, surmontée d’une statue colossale représentant Uranie, qui indique le méridien.
La place des Célestins. Cette place conduit à la belle rue Saint-Dominique par un passage formé de magasins. Elle est régulière, ornée de plusieurs cafés remarquables et de belles maisons nouvellement construites. L’un des côtés est occupé par le théâtre des Célestins, le plus fréquenté de Lyon.

 

Grand-Théâtre de Lyon - Gravure de 1855 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Le Grand-Théâtre de Lyon vers 1850, devenu l'Opéra du quartier St Clair
Gravure extraite de 'La France illustrée' de Malte-Brun - 1855


La place du Change. Elle doit son nom à l’établissement de la banque de Lyon sous François Ier. Comme elle était beaucoup trop petite pour contenir l’affluence des négociants qui s’y rassemblaient, Henri III ordonna aux consuls d’acheter deux maisons pour l’agrandir ; mais les difficultés qu’ils rencontrèrent de la part de l’archevêque et du chapitre pour la conclusion du marché, irritèrent le peuple à un tel point, que le 2 octobre 1585, il s’y porta en foule et abattit les deux maisons. Depuis, cette place a encore été agrandie. Elle est assez régulière, et ornée d’un joli édifice qui sert de temple aux protestants.
La place Sathonay. Elle doit son nom à la reconnaissance des habitants pour M. de Sathonay, maire de Lyon, dont l’administration fut marquée par un grand nombre de travaux importants. Celte jolie place sert d’entrée au Jardin des plantes ; elle est environnée de beaux édifices, bien pavée, et renferme dans son enceinte un vaste marché.
Place de la Charité. La place de la Charité est belle par sa position entre un des plus beaux quais du Rhône et la place Bellecour : au nord, plusieurs hôtels réunis forment un corps d’architecture régulier ; vis-à-vis est l’église de la Charité, surmontée d’un joli clocher de forme octogone.
La place de l'Homme de la roche. Cette petite place doit son nom à une statue en bois, représentant un guerrier avec une cuirasse et une hallebarde, et tenant une bourse à la main. Si l’on interroge un homme du peuple sur ce qu’on a voulu représenter par cette statue, il répondra : « C’est le bon Allemand qui marie les filles de Vaize et de Bourgneuf ; il leur montre sa bourse pleine d’argent pour les doter. » Voici l’origine de cette tradition populaire : Jean Cléberg, de Nuremberg, après avoir exercé le commerce en Suisse, se mit à la tête d’une compagnie franche, entra en Italie avec François Ier, qu’il suivit ensuite dans sa captivité en Espagne. Après le retour de ce souverain, Cléberg se fixa à Lyon, où il devint l’un des négociants les plus distingués, et acquit le droit de bourgeoisie. En reconnaissance de ce témoignage de considération, cet homme généreux répandait ses bienfaits sur la classe ouvrière ; chaque année, il employait une somme considérable à la dotation des pauvres filles de son quartier. Après sa mort, le peuple des faubourgs de Vaize et de Bourgneuf lui éleva une statue en bois, et chaque fois que ce fragile monument s’est détruit, il l’a renouvelé à ses frais. Cet usage, que la reconnaissance a consacré, n’est point tombé en désuétude : en 1820, une nouvelle statue du bon Cléberg, après avoir été promenée dans toute la ville au son des instruments, a été placée sur le roc, d’où elle domine la route de Paris, avec les mêmes cérémonies qu’en 1716.

 

Château de Pierre-Scize à Lyon - Gravure de  1834 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Château de Pierre-Scize à Lyon vers 1830,
Gravure de Rauch (Charles ?), extraite du 'Guide pittoresque du voyageur en France' - 1834
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Près de l’Homme de la roche était le fort de Pierre-Scise, l’un des monuments les plus curieux du moyen âge. Le grand rocher de granit sur lequel il avait été élevé, s’avançait dans la Saône de manière à ne laisser aucun passage ; Agrippa le fit couper pour établir l’une des quatre grandes voies romaines qu’il ouvrit dans les Gaules et dont Lyon était le centre.


 

Entrée de Lyon vers 1780. Numérisation © BNF, corrections numériques -  © Norbert Pousseur
Vue de l'entrée de la ville de Lyon, par la route de Chalon sur Saône
avec le pont d'Alincours au bas du Fort St Jean et du château de Pierre Scize
Gravure de Jean-Baptiste Lallemand, 1787
Estampe conservée à la © BNF qui l'a numérisée, correction des défauts par © Norbert Pousseur
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Quelques historiens attribuent la construction du château fort de Pierre-Scise aux rois de Bourgogne ; mais il paraît plus vraisemblable qu’il fut l’ouvrage des premiers archevêques de Lyon, qui, après l’avoir habité longtemps, l’abandonnèrent pour aller résider au palais Saint-Jean. Cette forteresse fut ensuite transformée en prison d’état ; Louis XII y fit emprisonner Louis Sforce, duc de Milan, ainsi que son frère le cardinal Ascagne ; sous Charles IX, le farouche baron des Adrets, qui s’empara de Lyon, chassa le clergé et pilla les églises, fut ensuite enfermé dans ce château ; le duc de Nemours, de Thou, Cinq-Mars y ont été également détenus. Au commencement de la révolution, le peuple de Lyon s’empara de cette prison d’état et en commença la démolition, qui a été continuée depuis : le roc qui la portait a lui-même disparu ; abattu par la mine, il a été transformé en maisons. Au moment où nous écrivons, il ne reste plus rien de ce château gothique qui, par sa position pittoresque sur un rocher au bord de la Saône, avait mérité tant de fois d’être dessiné, et dont il nous a paru intéressant de conserver le souvenir.

Ponts. Le Rhône, devant Lyon, a une largeur d’environ deux cents mètres ; il est traversé par trois ponts : le pont Morand, le pont Lafayette et le pont de la Guillotière. La largeur de la Saône est d’environ cent cinquante mètres ; on la passe à Lyon sur neuf ponts : le pont de Serin, le pont de la Gare, le pont Saint-Vincent, le pont de la Feuillée, le pont du Change, le pont Volant, le pont de Tilsitt, le pont d’Ainay et le pont de la Mulatière.
Pont Morand. Ce pont, construit en 1774 par l’habile architecte dont il porte le nom, est en bois et communique de la rue Puits-Gaillol à la promenade des Brotteaux : il a 630 pieds de long sur 42 de large ; sa charpente effraie par son étonnante légèreté et n’en supporte pas moins le poids des plus lourdes voilures ; les piétons y passent librement sur de larges trottoirs en briques. Chaque pile, formée d’une seule traversée de poteaux, espacés les uns des autres, n’oppose à la rapidité du Rhône qu’une épaisseur de 9 à 10 pouces. Quatre pavillons symétriques, en forme de socles et en maçonnerie, servent d’ornements aux deux extrémités. Toutes les pièces de ce pont sont disposées de manière à ce qu’on en peut substituer d’autres sans déranger celles qui les touchent. Sa résistance au dégel de 1789 parut si étonnante à raison de sa fragilité, qu’après la débâcle on plaça au milieu, sur un poteau, une couronne de laurier avec celte inscription : Impavidum ferient ruinae.
Une crue subite du Rhône, qui eut lieu le 22 octobre 1825, entraîna des radeaux qui brisèrent et enlevèrent trois arches. Quelques mois après, il a été réparé avec beaucoup de soin, et orné d’une balustrade en fer, qui ajoute encore à sa légèreté.
La vue dont jouit le spectateur placé au milieu du pont Morand, est on ne peut plus agréable : d’un côté, on découvre le quai Saint-Clair et le cours d’Herbouville, couronné par une belle colline ; de l’autre, les beaux quais du Rhône, que terminent majestueusement le bâtiment et le dôme de  l’Hôpital.
Pont Lafayette, Il communique de la place du Concert à une nouvelle avenue tracée aux Brotteaux. Les piles sont en belles pierres, et le reste en fer ; quatre beaux pavillons s’élèvent aux deux extrémités. La construction de ce pont a été achevée en 1829.
Pont de la Guillotière. On attribue sa construction au pape Innocent IV, qui habita pendant sept ans le cloître de Saint-Jean ; mais il paraît plus certain que ce pont fut construit en grande partie des libéralités des citoyens de Lyon. Sa longueur est de 193 mètres. Au lieu de le bâtir dans toute son étendue sur une ligne droite, une partie a été construite en retrait ; ce qui forme un angle à peu près vers son milieu, et lui donne la force de résister à l’impétuosité du fleuve. Dans l’origine, il se composait de vingt arches, que l’on a réduites à dix-sept en supprimant une pile entre deux arches. Cette entreprise hardie fut suivie d’une autre qui ne l’était pas moins : comme ce pont était étroit qu’à peine il suffisait pour le passage d’une charrette, on l’a élargi de moitié pari l’adossement d’un pont nouveau, qu’on a lié à l’ancien avec des barres de fer. Sa construction est solide, mais il n’a ni élégance ni régularité.
Le pont de la Guillotière sert de communication avec le midi de la France, la Savoie et l’Italie. C’est au pied d’une de ses arches que des pêcheurs trouvèrent, par hasard, le fameux bouclier où est représentée la continence de Scipion.
Un événement tragique eut lieu sur ce pont le 11 octobre 1711. Il était sorti beaucoup de monde ce jour-là, pour aller à La Voguey ou fête baladoire de Saint-Denis-de-Bron, village éloigné d’une lieue de Lyon Celte fête pouvait se considérer comme un reste des anciennes bacchanales, car on injuriait respectivement. La retraite fut sonnée de meilleure heure que de coutume, les soldats du corps-de-garde avaient eu l’intention de faire contribuer les citoyensà mesure qu’ils rentreraient. Le peuple arrive en foule ; une voiture qui sortait et d’autres qui rentraient s’accrochent, la presse devient considérable ; l’embarras, le désordre, la confusion furent les suites de ce funeste accident, augmenté par la nuit tombante, le consulat mit en usage tout ce qui était en son pouvoir pour désobstruer le pont ; mais deux cent trente-huit personnes furent les victimes de ce terrible événement. Thomas Michel, surnommé Belair, sergent qui commandait le poste, fut rompu vif quelques jours après, comme auteur principal de ce désordre.

 

Le Pont Serin à Lyon - Gravure de  1827 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Le Pont Serin à Lyon vers 1825,
Gravure de Baugean, extraite du 'Nouveau voyage pittoresque en France' chez Ostevald -1827
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Pont Serin. Il communique de la caserne de Serin à l’école vétérinaire. Construit en 1815, il unit à des formes élégantes une grande solidité ; les piles sont en pierres et les arches en fer.
Pont de la Gare. C’est un pont suspendu en fil de fer, d’une grande hardiesse, qui communique de la Gare à la place du faubourg de Vaize.
Pont Saint-Vincent. C’est un pont de bois, construit en 1715, en remplacement d’un autre pont qui était tombé de vétusté. Il se compose de trois grandes travées en quart de cercle, portées sur deux palées qui reposent elles-mêmes sur un triple rang de pieux.
Pont de la Feuillée. Ce pont est de construction récente, est suspendu et remarquable par sa rare élégance ; quatre énormes lions en fonte décorent ses extrémités.

 

Lyon, rue Le Pont au Change - Gravure de 1841 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Le Pont au Change à Lyon, dessiné par Thomas Allom Cette photo peut être transférée, sur demande, en haute définition
in "La France au XIXe siècle illustrée par Thomas Allom" - 1841
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Pont du Change. La construction de ce pont remonte au milieu du XIe siècle ; il se compose de huit arches et a 193 mètres entre les culées. Quelques inscriptions antiques, que l’on voit sur les piles, indiquent que les matériaux qui ont servi à l’établir proviennent en majeure partie des débris du célèbre temple d’Antonin.
Il existait anciennement une tour au milieu de ce pont. Dans le XIIIe siècle, lors des démêlés entre le clergé et les habitants, ceux-ci s’en rendirent maîtres, et interceptèrent de cette position toute communication de la rive gauche à la rive droite de la Saône. Plus tard, la tour fut démolie et remplacée par une jolie niche, ornée d’une statue de la Vierge, à laquelle on a substitué un bâtiment élégant destiné à servir de corps-de-garde.

Pont Volant. C’est un des ponts les plus remarquables par sa légèreté et par sa forme élégante. Il a été construit en 1796, et sert à communiquer du port du Temple au port Saint-Jean.

 

Le Pont de l'Archevêché ou de Tilstitt - Gravure de 1827 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Le Pont de l'Archevêché ou de Tilstitt à Lyon, Cette photo peut être transférée, sur demande, en haute définition
Gravure de Baugean, extraite du 'Nouveau voyage pittoresque en France' chez Ostevald -1827
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Pont de Tilsitt. Le pont de Tilsitt, appelé aussi pont de l’Archevêché, a été commencé en 1788 et achevé seulement en 1808. Il se compose de cinq arches en belles pierres de choin, parfaitement égales, avant chacune 20 mètres 79 centimètres d’ouverture ; sa longueur d’une culée à l'autre est de 120 m. 20 cm., et sa largeur de 13 m. 64 cm. C’est un modèle d’élégance et de construction, et il est peu d’ouvrages de ce genre en France qui réunissent autant de grâce et de solidité : une voie large et supérieurement pavée, des trottoirs construits en pierres plates, en rendent l’accès extrêmement facile aux voitures et aux piétons.

Pont d’Ainay. Ce pont, remarquable par son élégance, sa légèreté et sa solidité, a été construit par l’administration de l’Hôpital de Lyon, en remplacement d’un pont de bois emporté par les eaux en 1793. Les arches sont en pièces de bois solidement liées, qui reposent sur des piles en pierres de choin.

Pont de la Mulatière. Placé à l’extrémité de l’allée Perrache, près de la jonction du Rhône et de la Saône, il aboutit au chemin des étroits et à la route qui conduit au village d’Oullins. C’est le dernier monument élevé par la main des hommes sur la Saône ; après avoir passé sous les onze arches qui le soutiennent, cette rivière termine son cours en s’unissant au Rhône, qui porte ses eaux à la Méditerranée. Le bassin où ces deux vastes cours d’eau viennent se confondre étant spacieux, et sa pente presque insensible, leur réunion s’opère paisiblement ; cependant le Rhône, dans sa fierté, semble dédaigner une alliance qui retarde la vivacité de ses mouvements ; il la repousse quand il est grossi par des crues abondantes. La Saône alors, presque immobile, ralentit son cours ; quelquefois elle est forcée de s’arrêter entièrement, et même de remonter contre sa source : ces crues sont heureusement rares, mais elles sont toujours désastreuses.
A l’extrémité de l’île Perrache, non loin du pont de la Mulatière, on a construit récemment un pont en pierre et en charpente, destiné au passage du chemin de fer de Saint- étienne à Lyon.

Fontaines publiques. Lyon possède plusieurs fontaines publiques, mais leur nombre est loin d’être en rapport avec les besoins d’une cité aussi populeuse ; celles qui existent sont d’ailleurs peu dignes d’attention sous le rapport monumental. Les plus remarquables sont la petite fontaine Saint-Irénée, celles de la place des Cordeliers, de la place Grollier, et une jolie au pied du chemin Neuf.

Promenades. Lyon a trois rangs de quais, dont deux sur la Saône et un sur le Rhône.
Ces quais ont chacun un nom différent ; ils sont entrecoupés de dix-sept beaux ports, et offrent pour la plupart des promenades agréables. On remarque encore dans l’intérieur de la ville les promenades de Bellecour, de la place des Célestins, le Jardin de botanique, etc., dont nous avons déjà eu occasion de parler ; et à l’extérieur, la promenade des Brotteaux, l’avenue Perrache, les étroits, la Pépinière, l’île Barbe, etc., etc.
Les Brotteaux. La vaste plaine des Brotteaux, rendez-vous général des habitants les dimanches et les jours de fête, fait partie de la commune de la Guillotière, et communique à Lyon par le pont Morand. Elle est formée de plusieurs belles allées et de promenades charmantes, irrégulièrement plantées, où l’on trouve des cafés, des guinguettes, des brasseries, des bains, des petits spectacles de foire, des jardins publics, des salles de danse pour le peuple, et des amusements de toute espèce.
La vue dont on jouit de cet endroit est magnifique : le coteau de la Croix-Rousse, ceux de la Bresse, vus de la rive gauche du Rhône, déploient un vaste rideau, où des maisons de campagne entourées d’ombrages forment divers groupes variés ; au-dessous, le cours d’Herbouville, planté d’arbres, et le quai Saint-Clair, bordent le Rhône ; du côté du midi, on a sous les yeux cette belle partie de la ville qui s’étend jusqu’à l’allée Perrache ; en remontant, du côté du village de Charpennes, le tableau s’agrandit, et cet immense demi-cercle de collines, depuis Miribel jusqu’au-delà d’Irigny, forme ce panorama si riche dans ses détails, si magnifique dans son ensemble, qui frappe d’étonnement au premier coup d’œil, et ne peut lasser l’admiration.
Le terrain des Brotteaux est presque au niveau du Rhône, qui le recouvre même quelquefois, lors des grandes crues : l’humidité donne beaucoup de fraîcheur à la verdure et aux ombrages. Les dimanches, et surtout les jours de fête extraordinaire, une population de trente à quarante mille personnes, répandue dans les promenades, sur les bords du fleuve, dans les jardins, offre le tableau des Champs-Elysées et des boulevards de Paris.
Allée Perrache. Le quartier Perrache a été conquis sur le Rhône, qui a été forcé de se chercher un autre lit et de rester dans les limites qui lui ont été assignées. Le long de ce nouveau lit, règne une double allée de beaux peupliers, qui se prolonge jusqu’au pont de la Mulatière. Cette promenade est belle et très fréquentée : à son extrémité, on jouit d’une vue admirable sur le confluent de deux grandes rivières, dont le cours inégal et la couleur différente forment un contraste plein d’intérêt ; au couchant, les regards s’étendent sur le cours du Rhône, les campagnes du Dauphiné et les Alpes ; à l’est, sur les jardins de Perrache, la Saône et le coteau de Sainte-Foy.

 

La grotte des Estroys de Lyon - Gravure de  1825 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
La grotte des Estroys (ou Etroits) près de Lyon vers 1825
Gravure de Guyot, extraite du 'Nouveau voyage pittoresque en France' chez Ostevald -1827
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Les Etroits. Les environs de Lyon offrent une multitude de sites pittoresques et de promenades variées qu’on ne se lasse jamais de parcourir ; celle nommée les étroits (aux environs de l'actuelle commune de La Mulatière) a fait de tout temps l’admiration des amateurs de la belle nature. Jean-Jacques Rousseau rappelle dans ses Confessions une nuit délicieuse qu’il passa sous une arcade des terrasses de ce beau lieu, ne possédant pour tout bien que son ardente imagination, quelques pièces de monnaie, et l’espérance d’un meilleur avenir.
Le chemin des étroits, ainsi nommé a cause de son peu de largeur, s’étend sur la rive droite de la Saône, entre cette rivière et le coteau de Sainte-Foy, depuis le faubourg de la Quarantaine jusqu’au pont de la Mulatière. La nature s’est plu à prodiguer toutes ses beautés le long de cette chaussée admirable ; nulle part on ne peut voir des sites plus riants et de plus frais ombrages : un grand nombre de fontaines arrosent la partie du coteau qui a sa pente vers la rivière, dont les eaux tranquilles réfléchissent les charmants paysages environnants. Dans les flancs de la colline sont creusées plusieurs grottes curieuses tapissées de mousse et de verdure : l’une d’elles, plus grande que les autres, et dont le sommet est couronné d’arbrisseaux à travers lesquels coule une source abondante, offre une retraite mystérieuse ; cette grotte est tapissée de brillantes stalactites, qui étincellent de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel lorsque le soleil levant en éclaire l’entrée. D’autres fontaines jaillissent de grottes plus petites et non moins curieuses. Enfin, le joli chemin des étroits offre dans toute son étendue des sites d’une étonnante variété et véritablement enchanteurs.

Grottes des Estroys. — Au pied du coteau qui borde la rive droite de la Saône, à un quart de lieue au-dessous de Lyon, étaient des cavernes creusées dans le grès, soit par la main des hommes, soit par l’action des eaux du Rhône lorsqu’elles débor­daient, à l’époque où ce fleuve rapide se jetait, vers ce point, dans la Saône, avant que l’art eût reculé jusqu’à la Mulatière le con­fluent des deux rivières. Ces grottes, dont l’accès ne présentait aucun danger, offraient une retraite agréable contre la chaleur du jour. De l’intérieur on pouvait apercevoir la Saône, dont les eaux paraissent immobiles comme celles d’un lac, les jardins verdoyants des Perraches, et plus loin une partie des édifices de Lyon; la vue s’étendait encore au-delà sur un horizon aussi re­culé que pittoresque. La voûte était tapissée de concrétions cu­rieuses produites par la filtration continuelle de l’eau. Nous igno­rons si les constructions et les embellissements récents qui ont tant changé l’aspect des environs de Lyon ont respecté ces grottes remarquables.
(in La France pittoresque d'Abel Hugo, 1835)

 

Lyon - Gravure de 1930 reproduite puis restaurée par © Norbert Pousseur
Le panorama de Fourvières par C. Angerer, vers 1930 (?) Cette photo peut être transférée, sur demande, en haute définition



 

 

 

 

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